Après la direction des marchés, Riadh Dekhili a pris les commandes du bureau de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) à Francfort en septembre 2016. Rencontré sur le Salon CMT, il fait le tour de la situation à un moment où la réputation de la Tunisie est entachée par les répercussions des attentats de Berlin. Entretien conduit par Amel DJAIT

Webmanagercenter : Comment va la Tunisie sur le marché allemand?

Riadh Dekhili: Depuis septembre, j’ai fait le tour de tous les Tours opérateurs sur le marché. Les échos sont légèrement positifs, surtout par rapport à 2016 où nous avons à peine atteint 129.000 entrées. Il est difficile de tomber plus bas. Ce chiffre est d’habitude réalisé par un seul Tour Opérateur (TO).

Il est certain que la destination va mal, mais le marché n’a-t-il pas changé aussi?

Tous les indicateurs économiques laissent croire que malgré le climat d’insécurité général, les Allemands maintiendront en 2017 leur envie de voyager. C’est le choix des destinations qui va plutôt se décider. Les réalisations de l’été 2016 le prouvent déjà: on constate une augmentation des nuitées des Allemands sur le marché domestique (+3%), augmentation des départs par croisières (+10%), les départs par avion vers l’étranger (toutes destinations confondues) étaient à fin 2016 de +3%.

Quant à la Tunisie, je suis soulagé de voir TUI reprogrammer la destination en full charter avec 2 vols, ce qui est peu, mais cela fait effet de locomotive et c’est assez indicatif. TUI avait arrêté de programmer des full charter vers la Tunisie depuis 2012.

Quelle est la tendance actuelle du marché?

Positive aussi bien pour l’hiver que pour l’été 2017. Vous savez, les mois les plus importants pour le marché allemand sont les mois de booking de janvier et février. Fort heureusement, l’actualité est ailleurs avec notamment l’investiture de Trump, quoique les médias traitent encore des attentats de Berlin. Immanquablement, ils évoquent le Tunisien qui en est responsable.

De quoi davantage ternir l’image de la destination !

Toutes les informations publiées au quotidien depuis l’attentat de Berlin ne sont pas de nature à favoriser l’image de la destination Tunisie en Allemagne. Tout ceci nous démontre que nous sommes bien loin de l’image paisible de la Tunisie touristique où il fait bon passer ses vacances. Le défi est d’arriver à minimiser les dégâts malgré ce climat négatif qui entoure la Tunisie et les destinations appartenant à la même sphère culturelle.

En comparaison hebdomadaire par rapport à l’année précédente, le booking consolidé pour l’été 2017 affiche une légère augmentation par rapport à celui de l’année écoulée.

Cela a-t-il impacté sur les visites du Stand Tunisie au Salon CMT ?

Je vous avoue mon inquiétude. Ce Salon est un BtoC qui se déroule pendant 10 jours et draine plus de 220.000 visiteurs. Je me demandais quelle allait être la réaction du public. Je suis soulagé, à ce jour, aucun visiteur n’a évoqué l’attentat. Les questions sont ordinaires, légitimes et se posent à toutes les autres destinations. Les visiteurs évoquent la sécurité comme ils l’évoqueraient partout où ils choisiraient d’aller en vacances. Le terrorisme frappe partout. Cela est en train de provoquer de nouveaux comportements.

Quel bilan faites-vous de ce CMT ?

Positif avec une vraie présence de professionnels tunisiens du tourisme vert alternatif, des régions… Cette participation est portée par un programme que nous avons initié depuis quelques mois avec la coopération allemande la GIZ et la société civile.

Nous sommes ravis d’arriver sur ce Salon avec de nouveaux produits, programmes, discours, arguments… Cela a provoqué de la curiosité, de l’intérêt. Cela a apporté du neuf! Dans la région, les consommateurs sont férus de plein air, d’activités de tourisme vert, de cyclotourisme…

De notre côté, nous avons aussi organisé un show Star wars. Dans la région, il y a beaucoup de fans et cela a provoqué beaucoup d’intérêt. Pas moins d’une trentaine de médias se sont intéressés à notre événement, deux télévisons régionales en ont parlé aussi.

Cette opération a-t-elle rassuré sur la destination? Avec ce Salon, l’objectif est-il d’être visible ou de vendre?

Absolument. L’important est de dire que la destination est là, présente et se maintient. Nous sommes d’ailleurs présents sur la Salon du Golf et du Welleness qui se tient simultanément dans un autre hall. Et là, quatre opérateurs tunisiens représentant trois parcours de golf et un hôtel sont présents.

Quels espoirs peut-on se permettre pour la Tunisie en 2017?

Avec ce qui se passe en Turquie et en Egypte, la Tunisie, si tout reste maîtrisé au niveau sécuritaire, peut récupérer des parts de marché.

Qui est le touriste allemand de 2017 par rapport à celui d’il y a 20 ou 30 ans?

C’est le même! La destination accessible et famille. En 2016, beaucoup de nos clients sont allés en Espagne ou en Grèce, et les destinations en termes d’extras sont tellement chers que les familles ne sont plus prêtes d’y revenir. Après, il faut reconnaître que les touristes allemands sont plus regardants au niveau de la qualité. Ce qu’ils veulent, c’est une destination balnéaire enrichie.