Tunisie : Magasin Général deviendra-t-il une «machine à dividendes»?

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Cette année les actionnaires de Magasin Général ont eu droit à la surprise du chef: la distribution de dividendes –de 300 millimes par action- le premier de la chaîne de supermarchés depuis sa privatisation et son rachat en 2007 par le tandem constitué du groupe Bayahi et de Poulina Group Holding (PGH), qui ont créé pour cela le consortium Med Invest Company. «Vous allez être content, nous allons distribuer des dividendes pour la première fois», avait annoncé aux actionnaires Tahar Bayahi dès le début de la présentation de gestion au titre de l’année 2014. Et «même si jusqu’ici il n’y a pas eu de distribution de dividendes, il y a eu une grande création de valeur. La valeur de la société a été multipliée par cinq», défend le président-directeur général de la chaîne de supermarchés. Qui regrette que le cours actuel de la société en Bourse ne reflète pas «sa véritable valorisation».

Que Magasin Général distribue aujourd’hui des dividendes ne surprend pas puisque, explique le junior des frères Bayahi, «la rentabilité est en train d’arriver». Malgré une gestion prudente à laquelle le patron de Magasin Général n’entend pas renoncer.

Conscients, comme l’a fait remarquer un actionnaire, que «la balance de Magasin Général est en déséquilibre» en raison de son endettement, les dirigeants de la chaîne ont renoncé à s’installer dans le nouveau siège social construit à la zone urbaine Nord et décidé de le vendre pour «améliorer les ratios de l’entreprise ».

De surcroît, Magasin Général est assis sur un stock de terrains, dans lesquels la chaîne a investi près de 60 millions de dinars, et qui, aujourd’hui, valent beaucoup plus. «Nous avons essayé d’en connaître la valeur actuelle. La plus-value est extrêmement importante», dira Tahar Bayahi, sans révéler le montant du fruit d’une éventuelle cession.

Enfin, si le besoin d’une augmentation du capital devait se faire sentir, les actionnaires majoritaires sont prêts à la souscrire, assure le P-DG. «On ouvrirait aujourd’hui une souscription de 50 ou 100 millions de dinars», sa réalisation ne poserait aucun problème, selon lui.

Magasin Général n’entend pas également renoncer, du moins pour l’instant, à sa stratégie basée sur des marges faibles. «Nous tenons à continuer à être le magasin du peuple», répond Tahar Bayahi. Car cette stratégie –qui «a obligé nos concurrents à venir vers nous», souligne-t-il, c’est-à-dire à se battre sur ce terrain- présente l’immense avantage d’avoir permis à Magasin Général, aujourd’hui leader avec 28% de parts de marché, de gagner des parts pour pas cher. Un avantage dont ses concurrents ne pourront fort probablement pas bénéficier car, estime le P-DG, «les prochaines parts de marché seront chères à acquérir».

Huit ans après le rachat de Magasin Général, Tahar Bayahi demeure optimiste quant à son avenir, malgré les difficultés rencontrées et celles qui pourraient se présenter. Car convaincu que l’entreprise a encore du potentiel –notamment grâce à son projet d’hyper dont les autorités tardent à leur accorder l’agrément- qu’elle pourra relever «si le pays n’est pas trop perturbé».

En 2010, Tahar Bayahi avait promis que Magasin Général commencerait à distribuer des dividendes l’année suivante. Mais les évènements survenus en Tunisie depuis le 14 janvier 2011 –et notamment la mise à sac de nombreux magasins qui a fait perdre plusieurs dizaines de millions de dinars au groupe- ne lui ont pas permis de tenir sa promesse.

Mais si son vœu d’une Tunisie stable devait être exaucé, il pourrait tenir celle, faite également en 2010, de faire de la chaîne de supermarchés qu’il dirige une «machine à dividendes».