Bourse : Tokyo dépasse le pic de la “bulle internet” de l’année 2000

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ètent sur un écran de cotations boursières à Tokyo, le 24 juin 2015 (Photo : YOSHIKAZU TSUNO)

[24/06/2015 06:43:21] Tokyo (AFP) La Bourse de Tokyo s’est élevée mercredi à son plus haut niveau depuis près de 20 ans, dépassant le pic de la “bulle internet” du début des années 2000.

A la fin de la séance, l’indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a gagné 0,3% à 20.868 points, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis décembre 1996.

Le Nikkei a bondi de 57% en 2013 puis a progressé de plus de 7% en 2014 et de près de 20% depuis le 1er janvier 2015.

“Cette fois, ce n’est pas une bulle, c’est l’économie réelle qui se redresse”, a assuré mercredi le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari.

“L’environnement externe est redevenu relativement calme et les investissements viennent sur le marché japonais”, a expliqué de son côté l’économiste de Daiwa Securities Yukio Ikehata à l’agence Bloomberg.

Selon cet expert, “les investisseurs étrangers sont très intéressés” par les valeurs cotées au Japon dans un contexte d’amélioration des performances des entreprises.

Qui plus est, la tendance devrait se poursuivre “si leurs résultats financiers continuent d’être bons”, car il n’y a pour l’heure “pas de sentiment de surchauffe”, a observé M. Ikehata.

Depuis plusieurs mois et jusqu’à mardi, le Nikkei évoluait autour des 20.000 points, son plus haut cours depuis avril 2000.

A l’époque, les spéculateurs étrangers pariaient à tour de bras sur des “jeunes pousses” de l’univers du web et d’autres valeurs technologiques censées profiter à plein de l’arrivée d’une kyrielle de nouveaux services, pour ordinateurs et téléphones mobiles.

Cette “bulle internet”, qui avait succédé à la crise financière asiatique de 1997-1999, s’est dégonflée à la fin de l’année 2000.

Le marché s’est ensuite lentement repris jusqu’en 2007, grâce à l’amélioration de la conjoncture économique, la baisse du yen et le regain du moral des patrons.

Mais l’optimisme a été brisé par les effets de la crise des “subprimes” aux Etats-Unis (2007/2008), laquelle a dégénéré ensuite en débâcle financière internationale qui a duré deux ans et laissé des traces jusqu’en 2012.

– Turbulences externes –

Entretemps, le Japon a vécu la pire catastrophe de l’après-guerre, le 11 mars 2011: un tremblement de terre de magnitude 9 suivi d’un gigantesque tsunami et d’un accident nucléaire sans précédent à Fukushima (nord-est).

Ce désastre a tué plus de 18.500 personnes et désorganisé une partie du secteur industriel japonais pendant des mois, accentuant une flambée du yen qui a fortement pénalisé les entreprises exportatrices nippones.

L’espoir est revenu avec les promesses de changement radical de politique économique du chef de la droite Shinzo Abe, un nationaliste, sûr de lui malgré un premier échec à la tête du pays en 2006-2007.

Avant même qu’il ne soit réélu fin 2012, le yen a recommencé à baisser et, par un effet quasi mécanique, les valeurs à la Bourse à remonter.

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équipe de télévision en train travaille devant un tableau de cotations boursières à Tokyo, le 24 juin 2015 (Photo : YOSHIKAZU TSUNO)

La dynamique à l’oeuvre, alimentée par la stratégie de relance dite des “abenomics”, s’est amplifiée avec le changement de gouverneur de la banque centrale du Japon (BoJ) en mars 2013.

La réforme de la politique monétaire vers un assouplissement non seulement quantitatif mais aussi qualitatif a accentué le recul de la devise japonaise et la baisse des taux.

Parallèlement, en fixant un objectif d’inflation de 2%, la BoJ et le gouvernement ont signalé la volonté de générer une croissance interne auto-alimentée, moins exposée aux turbulences externes, et d’en finir avec la déflation qui mine l’économie depuis 15 ans.

Les donneurs d’ordres à la Bourse de Tokyo ont depuis suivi le mouvement positif, renforcé par la succession de records de Wall Street et le recul du yen, qui a perdu 45% vis-à-vis du dollar et 30% face à l’euro depuis le retour de M. Abe en 2012.