A Munich, Valls salue “l’inspiration” allemande mais rejette sa modération salariale

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économique à Munich (Photo : CHRISTOF STACHE)

[21/05/2015 13:59:16] Munich (Allemagne) (AFP) Le Premier ministre français Manuel Valls a appelé jeudi à Munich à ne pas “répliquer” en Europe la modération salariale qu’a connue ces dernières années l’Allemagne, tout en saluant la “source d’inspiration” allemande en matière de compétitivité, notamment industrielle.

“La modération salariale (allemande) a permis une progression spectaculaire des exportations, et des excédents commerciaux considérables. Mais cette conduite ne peut pas être répliquée dans l?ensemble de la zone euro. Nos partenaires commerciaux ne l?accepteraient pas”, a plaidé M. Valls, appelant Berlin à “montrer l’exemple” contre la baisse des droits sociaux.

“Nous devons absolument éviter une course en Europe vers le moins disant ? salaires les plus bas, droits sociaux les moins contraignants. Nous y perdrions tous!”, a lancé M. Valls, alors que l’Allemagne a introduit récemment un salaire minimum.

Lors d’un discours devant 200 patrons et représentants des milieux économiques allemands dans la capitale bavaroise, le chef du gouvernement français s’est une nouvelle fois employé à “contredire ces idées reçues qui voudraient que la France soit un pays bloqué, entravé par les conservatismes et incapable de se réformer”.

“Je pense que les Français sont en réalité favorables aux réformes, souvent plus que leurs dirigeants et leurs élites”, a-t-il affirmé, alors que son gouvernement bataille pour faire passer sa réforme du collège.

Selon le Premier ministre, la politique économique française “est entièrement tournée vers les deux objectifs” de la compétitivité et l’innovation, thèmes du “Sommet économique de Munich” dont il était l’invité d’honneur.

Face à la désindustrialisation française, “nous devions réagir, car être une grande puissance économique, c?est d?abord être une grande nation industrielle. L?Allemagne, en particulier ici, en Bavière, a été une source d’inspiration. Vous avez en effet réussi à maintenir une industrie forte, aux produits reconnus”, a salué le Premier ministre, évoquant la “Deutsche Qualität” (“qualité allemande”).

La Bavière abrite le siège de plusieurs grands noms de l’industrie allemande, comme BMW, Audi et Siemens.

La politique économique française “commence à porter ses fruits”, a fait valoir M. Valls, soulignant la croissance de 0,6% du PIB français au 1er trimestre, “plus élevée que dans la zone euro”. Au premier trimestre, la croissance allemande a elle ralenti, à 0,3%.

M. Valls a également répété la position de Paris, sujet de discussions régulières avec Bruxelles et Berlin, visant à défendre “le sérieux budgétaire, mais sans jamais casser la croissance qui revient”.

Le chef du gouvernement, qui s’était déjà exprimé en septembre, dans des termes similaires, devant le patronat allemand à Berlin, entend multiplier les déplacements en Allemagne “afin de bien connaître la réalité allemande” et de continuer à porter le message d’une France qui se réforme, selon son entourage.