MyFerryLink placée en sauvegarde judiciaire sur fond de discorde

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Un navire de MyFerryLink quittant le port de Calais, le 4 novembre 2012 (Photo : Philippe Huguen)

[10/04/2015 18:16:21] Calais (AFP) La Scop SeaFrance et son émanation commerciale, la compagnie de ferries MyFerryLink ont été placées vendredi en sauvegarde judiciaire par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), tandis que le président Didier Cappelle a annoncé vouloir débarquer le directeur adjoint.

Cette procédure de sauvegarde – sollicitée par la direction au moment où la Scop traverse une période d’incertitude avec la vente annoncée par Eurotunnel des navires qu’elle loue pour exploitation des liaisons transmanche entre Calais et Douvres – a pour vocation de permettre à une entreprise en difficulté de se réorganiser.

Elle empêche de fait, selon un porte-parole de la direction de la Scop, toute décision de renvoi d’un membre du directoire.

Mais le président du conseil de surveillance de la compagnie maritime forte de 577 salariés, Didier Cappelle, a annoncé vendredi lors d’une conférence de presse la réunion lundi du dit conseil afin d’évincer le directeur général adjoint, Raphaël Doutrebente.

Après avoir initialement projeté de renvoyer aussi le directeur général Jean-Michel Giguet, M. Cappelle a indiqué vouloir tenir compte d’une clause, dite d’intuitu personae, liant le nom de M. Giguet au contrat conclu entre la Scop et MyFerryLink, son émanation commerciale et filiale d’Eurotunnel.

“Ca va être difficile de séparer juridiquement le binôme, puisque le directoire de MyFerryLink est composé d’un président et d’un directeur général adjoint”, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la direction.

Didier Cappelle a justifié vendredi sa volonté de renvoyer M. Doutrebente et, à l’origine, M. Giguet. Selon lui, ils “se sont attribué des rémunérations exorbitantes et ont passé des contrats de conseil sans passer par le conseil de surveillance”, et se sont rendus coupables de “trahison” en négociant secrètement avec un investisseur la reprise de la société.

“M. Cappelle a accès à toute la procédure de reprise, les rémunérations ne sont pas exorbitantes, on est autour de 10.000 euros par mois et les contrats de conseils ont été conclus en toute transparence”, a assuré le porte-parole de la direction.

“Ca fait près de deux ans qu’on est soumis en permanence à du harcèlement et des insultes du conseil de surveillance et de certains membres du comité d’entreprise”, avait indiqué auparavant Raphaël Doutrebente à l’AFP.

La Scop attend par ailleurs la décision d’une cour d’appel britannique concernant la liaison maritime avec Douvres en Angleterre, interdite par l’autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) qui jugeait la position du Français comme un quasi monopole distordant la concurrence au détriment des autres transporteurs maritimes, le Danois DFDS et le Britannique P&O.

La décision devrait intervenir fin avril voire début mai, selon des estimations de M. Doutrebente.