Au Japon, l’économie oscille entre morosité et signes de reprise

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indices boursiers dans une rue de Tokyo, le 30 janvier 2015 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[30/01/2015 07:16:38] Tokyo (AFP) D’un côté une inflation qui s’essouffle dangereusement et une consommation qui n’en finit plus de chuter, de l’autre une production industrielle en rebond et un chômage au plus bas: l’économie japonaise présente un visage ambivalent mais qui tendrait plutôt vers une orientation positive.

Parmi les statistiques du mois de décembre dévoilées vendredi, celles des prix à la consommation sont les moins encourageantes. En excluant l’impact d’un relèvement de TVA en avril dernier, ils s’inscrivent en hausse de 0,5%, ce qui marque un ralentissement de l’inflation pour le cinquième mois de suite.

Sur l’ensemble de l’année 2014, la progression ressort à 0,6%, certes supérieure à celle de 2013 (+0,4%), mais encore très loin de l’objectif de 2% que s’est fixé la Banque du Japon (BoJ).

Son gouverneur, Haruhiko Kuroda, avait dit la semaine dernière s’attendre à un tel phénomène en raison du “déclin significatif des cours du pétrole”.

Dont acte: la banque centrale avait révisé sa prévision pour la période d’avril 2015 à mars 2016, tablant désormais sur une hausse de 1% (contre +1,7% envisagés auparavant), tout en jugeant toujours possible d’atteindre sa cible dans un délai raisonnable.

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Des camions au terminal de conteneurs du port de Tokyo, le 27 janvier 2015 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les économistes sont néanmoins plus que sceptiques. “Les prix risquent de retomber en terrain négatif au printemps et la BoJ va probablement rater son but”, ont averti les analystes de SMBC Nikko Securities dans une note.

Ils parient sur une nouvelle extension de son programme de rachats d’actifs courant 2015, pourquoi pas dès le mois d’avril, pour éviter à tout prix une rechute en déflation, fléau que l’archipel combat depuis une quinzaine d’années.

D’autant que la BoJ ne peut pas compter, pour faire repartir l’activité et les prix, sur le moteur de la consommation des ménages, désespérément au ralenti depuis l’entrée en vigueur d’une taxe à 8% qui a heurté l’économie de plein fouet.

La consommation a encore chuté le mois dernier (-3,4% sur un an), et ce pour le neuvième mois d’affilée. Ces données sont cependant un peu faussées car décembre 2013 avait été marqué par une ruée des Nippons dans les commerces pour profiter des bonnes affaires à l’aube de ce changement fiscal.

– Le taux de chômage, un bon présage ? –

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étons dans une rue commerçante de Tokyo, le 26 décembre 2014 (Photo : Toshifumi Kitamura)

Du côté des entreprises en revanche, une éclaircie paraît s’amorcer si l’on en croit les chiffres de la production industrielle (+1%, après un recul de 0,5% en novembre) confortés par une hausse trimestrielle.

“Ce rebond suggère que l’économie a enfin commencé à se redresser” après sa rechute en récession au troisième trimestre, a souligné Marcel Thieliant, analyste chez Capital Economics. Un avis partagé par Natixis qui voit les signes d'”une stabilisation”.

Si la conjoncture dans l’archipel reste morose, une embellie a été observée ces derniers mois du côté des exportations. Celles-ci ont signé en décembre leur quatrième mois de hausse (+12,9%), à la faveur de l’affaiblissement du yen qui renforce la compétitivité à l’étranger des firmes exportatrices nippones.

Voilà de quoi redonner le moral aux entrepreneurs. Selon un sondage mené par le ministère, ils prévoient une envolée de la production en janvier (+6,3%), avant un recul de 1,8% en février.

Un autre élément révèle, selon M. Thieliant, que “l’archipel est en voie de guérison”: c’est l’incroyablement bas taux de chômage.

Il est descendu de 0,4 point à 3,6% en moyenne sur l’ensemble de 2014, meilleur millésime depuis 1997. L’année a fini en beauté avec un ratio de 3,4% en décembre, le plus bas depuis 17 ans et 4 mois.

Ces bonnes statistiques sont à nuancer cependant par l’augmentation du nombre d’emplois à temps partiel ou irréguliers, en particulier chez les plus de 65 ans, et le déclin de la main-d’oeuvre, précise l’analyste de Capital Economics.

Il n’en reste pas moins que l’environnement du travail a rarement été aussi favorable que depuis le lancement des “abenomics”, stratégie de relance du Premier ministre Shinzo Abe. On observait en décembre 115 offres d’emploi pour 100 demandes, un rapport inédit depuis 22 ans, et la moyenne pour 2014 était de 109 pour 100.

Après ces données éparses, rendez-vous le 16 février, date de publication des chiffres de la croissance du quatrième trimestre, pour avoir une idée plus précise de la santé de la troisième puissance économique mondiale.