Tunisie – Politique : Les vérités très dérangeantes de l’après-révolution

revolution-17012015.jpgLe pays a été presque paralysé par la grève des sociétés de transport -grève sauvage, non programmée- et qui a laissé les citoyens en rade et les autorités perplexes devant l’attitude à suivre dans un pays qui venait de fêter son 4ème anniversaire de révolution et dont le président de la République venait de décorer le leader du plus grand syndicat!

Quelques jours avant, un mouvement de débrayage a été bien suivi dans les lycées et les universités! Des réformes pourtant nécessaires du baccalauréat ne plaisent pas non seulement aux lycéens mais égalent au syndicat de l’enseignement secondaire.

Tous les jours qui passent, des nouveaux comportements sont signalés partout dans le pays qui trahissent une dislocation totale des liens de la communauté nationale et une absence de plus en plus flagrante de tout sens de citoyenneté!

Les nouveaux gouvernants avec toute l’autorité qu’ils tirent du suffrage universel ne pourront pas agir efficacement si la situation continue de la sorte. Nous avons vu la cérémonie du 4ème anniversaire de la révolution perturbée par des citoyens qui, même si on partage quelque part leur colère, on ne peut en aucun cas approuver leur attitude qui n’a respecté ni le président de la République, ni les invités, ni l’occasion solennelle!

Un cumul de frustrations, un amas gigantesque d’aberrations en tout genre et d’injustices flagrantes, nous fait tous souffrir. Cependant, aucun problème ne pourra être résolu de cette manière! Le pays doit faire face à ses démons avec tout le courage nécessaire pour pouvoir les exorciser! Le pays ce sont d’abord les citoyens qui doivent changer de mentalité mais c’est également plusieurs institutions politiques, sociales et culturelles qui doivent amorcer la mutation de mentalité sans laquelle on ne peut parler de révolution. 

Les partis politiques et les syndicats sont en tête de liste. Les politiciens traînent une image détériorée chez les citoyens héritée de l’époque de la dictature mais qui s’est amplifiée par la très mauvaise expérience de l’ANC. Il faudra travailler en priorité la communication des partis, majorité et opposition confondues, pour pouvoir atteindre un registre de communication avec les citoyens plus proche, moins grandiloquent et plus efficace!

Les syndicats, et particulièrement l’UGTT, sont appelés à un travail d’introspection gigantesque pour pouvoir changer de mentalité, asseoir une culture de discussion et de compromis, et surtout abandonner les comportements nihilistes et égocentriques qui sont devenus la règle ces derniers temps.

Les syndicalistes et particulièrement les cadres de l’UGTT sont bien placés, par le rôle politique qu’ils ont joué depuis la Révolution, pour connaître la vérité sur les capacités de l’Etat et pour apprécier l’opportunité de telle ou telle autre action! La règle de la surenchère que certains syndicats manipulent contre l’avis même de la hiérarchie doit être abandonnée!

Les organisations de la société civile ont peut-être l’excuse de l’inexpérience! Mais ce qui leur est demandé est d’être inventives et de ne pas singer les attitudes revendicatives primaires de la foule. Les associations des martyrs et des blessés de la révolution sont l’exemple même de ces attitudes. Voilà une noble cause que personne ne peut discuter qui peut faire contre-emploi. Par manipulation ou par ignorance ou encore par maladresse, on peut arriver à véhiculer une image négative d’une revendication tout ce qu’il y a de plus noble!

Les entreprises qui continuent à vouloir arnaquer le fisc, leurs employés et la sécurité sociale comme dans le beau temps du clan Ben Ali doivent être stigmatisées! Les flics et les douaniers véreux -il y en a plusieurs- doivent être poursuivis et punis sans que leur syndicat ne se mette à défendre l’indéfendable!  Toute la filière informelle et de contrebande, en partant du vendeur à la sauvette de la Rue Boumendil jusqu’aux barons et très gros bonnets, doit être démantelée comme priorité nationale aussi importante que la priorité sécuritaire, et qu’on ne vienne pas nous déranger avec les soi-disant “impératifs sociaux“ et “droit au travail des chômeurs“. Ce qu’ils font c’est de l’ordre du crime contre l’économie du pays!

D’autres chantiers et impératifs existent et la liste est malheureusement longue! Mais c’est à ce prix-là qu’on peut parler de révolution!