Brésil : Rousseff entame son 2ème mandat sous pression de l’économie

f585fe84ccac8c93892f2ed3216ac38d043cd11b.jpg
ésidente brésilienne Dilma Rousseff à Brasilia le 22 décembre 2014 (Photo : Evaristo Sa)

[01/01/2015 10:10:58] Brasilia (AFP) La présidente Dilma Rousseff est investie ce jeudi pour un second mandat à la tête du Brésil dans un climat d’ajustement budgétaire avec une croissance en berne, et sous pression d’un scandale de corruption au sein de Petrobras, la compagnie phare du pays.

Cette ancienne guérillera de 67 ans, torturée sous la dictature, prêtera serment vers 15H00 locales (17H00 GMT) au Parlement après voir défilé dans la Rolls Royce présidentielle années 50 sur l’Esplanade des ministères de Brasilia.

Son discours au Palais présidentiel du Planalto est prévu à 16H30 locales (18H30 GMT).

Quelque 32.000 militants du Parti des travailleurs (PT-gauche, au pouvoir) de tout le pays sont arrivés à Brasilia dans 800 autocars pour participer à la cérémonie d’investiture et neutraliser d’éventuelles manifestations contre Mme Rousseff, sous l’oeil attentif de 4.000 agents de sécurité.

Première femme en 2010 à gouverner ce pays de plus de 200 millions d’habitants et la 7è économie du monde, second producteur d’aliments du monde (derrière les Etats-Unis) et possédant de gigantesques réserves de pétrole pré-salifères, Mme Rousseff a été réélue de justesse fin octobre contre le social-démocrate Aecio Neves, soutenu par la droite. Elle a bénéficié des programmes sociaux mis en place par le PT au pouvoir depuis douze ans et qui ont sorti 40 millions de Brésiliens de la misère et que beaucoup redoutaient de perdre.

L’une des priorités de son premier mandat a justement été donné au social mais elle a échoué dans la tâche de relancer l’économie.

– Relance de l’économie et autres défis –

Après avoir clôturé 2014 sur une croissance proche de zéro, 2015 sera la cinquième année de croissance au ralenti avec une prévision de +0,5%.

Mais au-delà de devoir relancer l’économie, Mme Rousseff devra relever d’autres défis, notamment faire le ménage au sein du géant pétrolier public Petrobras, la compagnie phare du pays plongée dans un scandale de corruption qui éclaboussent des hommes politiques du PT et de partis alliés. Mais aucun d’entre eux n’a été poursuivi pour le moment.

Mme Rousseff devra également restaurer la crédibilité du pays auprès des investisseurs étrangers.

“Elle commence avec de sérieuses difficultés, surtout dans le domaine économique. Elle va devoir affronter le scandale de corruption de Petrobras et cela fait partie d’un autre problème qui est de rétablir la confiance du Brésil aussi bien auprès des entrepreneurs brésiliens qu’étrangers et d’éviter que la note de Petrobras soit abaissée par les agences de notation”, déclare l’analyste politique de l’Université de Brasilia, David Fleisher, à l’AFP.

“Une autre difficulté sera sa relation avec le Parlement parce que l’opposition a augmenté et la coalition gouvernementale est très fragmentée et divisée”, poursuit l’expert.

Le scandale de corruption au sein de Petrobras a éclaté peu avant la réélection de Dilma Rousseff. L’opération policière “Lavage rapide” a montré que le réseau de corruption aurait blanchi près de 4 milliards de dollars en dix ans. Petrobras fait face à des plaintes d’investisseurs internationaux et les agences de notation pourraient abaisser sa note, de quoi porter un sérieux coup à ses plans d’investissements.

Le Parquet a lancé des poursuites pour corruption, blanchiment et association de malfaiteurs contre 39 personnes, pour la plupart des entrepreneurs, qui surfacturaient des contrats à Petrobras pour verser des pots-de-vin à certains de ses directeurs.

“Nous allons organiser la maison et avoir un 2015 de recommencement de la croissance”, martèle Mme Rousseff depuis sa réelection.

Mercredi, elle a désigné les 14 derniers ministres (sur 39) qui composeront le gouvernement.

La nouvelle équipe économique dirigée par Joaquim Levy, un orthodoxe apprécié des marchés, a déjà annoncé des ajustements pour augmenter l’épargne publique, tels qu’une réduction de l’assurance chômage et la suspension des subventions gouvernementales pour éviter la hausse des tarifs de l’électricité.

“J’attends une continuité du passé que j’ai aimé. J’espère que ce gouvernement sera pareil ou encore mieux”, lance à l’AFP Jane Guimaraes, une femme au foyer de 41 ans, sympathisante de Mme Rousseff qui est venue de l’intérieur du pays pour la cérémonie d’investiture.