Tunisie – Journées de l’entreprise : Se remettre au travail !

Par : Tallel

Les Journées de l’Entreprise se tiennent au lendemain de l’élection du président, du 1er et 2ème vice-présidents de l’Assemblée des représentants du peuple. Oui, simple coïncidence, mais c’est important pour la visibilité politique voire sociale.

Concernant les Journées de l’entreprise proprement dites, Ahmed Bouzguenda a rappelé plusieurs faits saillants. D’abord, « le chômage, notamment des diplômés, fut parmi les principales causes du mécontentement d’une large frange du peuple tunisien et l’un des facteurs déclencheurs de sa révolution ». Et à l’adresse des chefs d’entreprise il lance : « nous nous demandons tous de répondre d’une manière aussi claire et précise qu’avons-nous fait et que pouvons-nous apporter comme réponse à notre population et surtout aux jeunes ».

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Par le choix même du thème de cette 19ème édition des Journées de l’entreprise, l’IACE a voulu montrer que l’accès des jeunes à l’emploi étant une question fondamentale pour l’économie et la cohésion sociale en Tunisie, alors cela devient une responsabilité collective. Entendre par-là que c’est un défi à la fois des pouvoirs publics mais aussi des entreprises.

Pour ce faire, M. Bouzguenda martèle : «la Tunisie de la deuxième République, on la veut entreprenante et mobilisatrice de son secteur privé national, et attractive pour les capitaux étrangers, et elle doit l’être pour et par son capital humain ».

Le président de l’IACE estime également que l’entreprise constitue un levier incontournable de la croissance économique, donc un puissant vecteur de progrès social et d’intégration des intérêts des parties prenantes.

Mais les faits sont têtus. En effet, la Tunisie compterait quelque 750.000 chômeurs, mais en même temps, pas moins de 150.000 emplois demeurent non pourvus dans plusieurs métiers, regrette M. Bouzguenda. Ceci signifie en d’autres termes que le potentiel de croissance de la Tunisie est incapable d’observer toutes les demandes d’emploi actuelles et futures.

D’où la proposition du président de l’IACE de changer, en Tunisie, le schéma de développement. Mais lequel et surtout comment le mettre sur place ?

C’est une vaste réflexion, car on ne peut pas créer ou inventer du jour au lendemain un capital humain qui est le socle de l’avenir de toute entreprise.

Par ailleurs, tout le monde est d’accord pour souligner que la Tunisie a besoin de sécurité et de stabilité politique pour continuer à se redresser économiquement. Cela demande donc de la pédagogie mais surtout d’une communication claire à même d’engager les réformes futures.

Du point de vu des entreprises, il est nécessaire certes d’avoir des managers en leur sein, mais surtout d’instaurer un dialogue social entre la direction et les employés.

Mehdi Jomaa, dans son discours inaugural, a donné une lecture sombre mais « correcte » de la situation économique du pays. Il annonce trois années qui seront difficiles pour les Tunisiens –entreprises, administration et citoyens. Des sacrifices sont nécessaires, a-t-il martelé.

Oui la situation sera difficile, mais il garde bon espoir, à une condition simple, à savoir «travail et discipline». Le chef du gouvernement estime que c’est la seule issue pour la démocratie naissante tunisienne.

Dit autrement, cette démocratie naissante, dans une douleur économique notoire, ne pourra réussir qu’avec beaucoup de sacrifices de la part de l’ensemble de la population.

Cela veut dire que le prochain gouvernement aura du pain sur la planche… pour remettre tout le monde au travail. Mais si la volonté de changer, d’aller de l’avant, d’investir et de s’investir existe, les retombées seront positives.

Rappelons que plusieurs personnalités politiques et économiques, tunisiennes et étrangères, ont assisté à l’ouverture de cette 29ème édition des Journées de l’entreprise qui se tiennent les 5 et 6 décembre au Port El Kantaoui à Sousse.