Le Conservatoire Citroën à Aulnay : un patrimoine source d’inspiration

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énérale en date du 23 octobre 2014 du Conservatoire Citroën à Aulnay-sous-Bois (Photo : Eric Piermont)

[12/11/2014 07:37:31] Aulnay-sous-Bois (AFP) L’entrepôt est anonyme, près d’une autoroute en banlieue. Mais il recèle un trésor: des exemplaires de tous les modèles produits depuis 95 ans par Citroën, patrimoine de plus en plus assumé par la marque et source d’inspiration pour ses designers.

Des ancêtres sorties au lendemain de la Première Guerre mondiale aux véhicules visant le marché chinois du XXIe siècle, le conservatoire de la firme aux chevrons permet de revenir sur l’héritage d’une entreprise dont des modèles comme la Traction Avant ou la 2CV ont marqué l’histoire mondiale de l’automobile.

“On a une collection qui est assez complète”, explique à l’AFP Marc-André Biehler, responsable du patrimoine de la marque, en parcourant les travées de cet entrepôt de plusieurs milliers de mètres carrés à Aulnay-sous-Bois, au nord de Paris, où les véhicules sont garés en rangs serrés.

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ôt abritant le Conservatoire Citroën à Aulnay (Photo : Eric Piermont)

Le conservatoire n’est pas un musée à proprement parler: “il n’y a pas de scénographie, mais du stockage, de la conservation” d’environ 600 voitures et utilitaires, explique M. Biehler. Une collection qui reste vivante, puisque la plupart de ses pièces sont en état de rouler.

L’idée pour Citroën est, selon M. Biehler, d'”utiliser ses racines, son expérience, pour montrer qu’il y a une vraie continuité dans l’innovation”, que ce soit à ses employés, son réseau commercial ou au grand public.

Le conservatoire n’est ouvert que sur rendez-vous à 4.000 personnes par an au maximum, rançon d’un personnel réduit. Mais il prête 150 véhicules chaque année, par exemple à des salons de voitures anciennes.

L’établissement préserve aussi les archives de la marque, dont les registres de l’usine historique de Javel dans le XVe arrondissement à Paris. Les numéros de série des Traction y sont couchés à la plume.

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ën à Aulnay-sous-Bois (Photo : Eric Piermont)

Le fondateur André Citroën lui-même avait pris conscience de l’importance de préserver les jalons de son entreprise, puisqu’il avait fait racheter la toute première Citroën, une “Type A” de 1919, dix ans après sa sortie, explique M. Biehler.

Non loin de l’aïeule religieusement entretenue, sont garées de grands classiques: les “caisses carrées” des années 1920, de puissantes Traction à six cylindres et évidemment des DS, dont le conservatoire participera aux manifestations du 60e anniversaire l’année prochaine.

– Pas de “rétro-design” –

D’autres sont rares voire uniques, comme des ébauches de 2CV d’avant-guerre, un prototype “C-60”, curieux hybride d’Ami 6 et de DS, ou encore l’immense limousine livrée à l’Elysée en 1968.

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èles anciens alignés le 23 octobre 2014 au Conservatoire Citroën à Aulnay-sous-Bois (Photo : Eric Piermont)

Le conservatoire n’occulte pas certaines pages d’une marque dont l’histoire “n’est pas un long fleuve tranquille”, selon l’expression de M. Biehler. Comme l’Axel, un modèle produit en Roumanie communiste ou de voitures dérivées des Peugeot, comme la Saxo, qui ont permis de doubler les volumes de vente dans les années 90 mais paraissaient loin des rêves des ingénieurs Citroën de l’après-guerre.

C’est surtout à cet âge d’or que Citroën se réfère pour faire fructifier son patrimoine, au moment où le groupe PSA donne son autonomie à DS, marque aspirant au haut de gamme.

Designer chez Citroën, Frédéric Duvernier, auteur du style extérieur de la C3 Picasso et de la récente C4 Cactus, compare le conservatoire à un “magasin de bonbons géant” où ses collègues et lui viennent chercher une partie de leur inspiration.

“Il y a eu une époque où Citroën n’osait pas assumer son héritage. A présent, c’est différent et on puise complètement dans nos racines pour imaginer les voitures d’aujourd’hui et de demain”, explique-t-il à l’AFP. Les étonnantes poches d’air en caoutchouc des flancs de la Cactus s’inscrivent ainsi dans la continuité des nervures de carrosserie des Méhari ou fourgons HY, tandis que sur les côtés de la C4 actuelle courent des doubles lignes rappelant celles de la CX de 1974.

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èles anciens alignés le 23 octobre 2014 au Conservatoire Citroën à Aulnay-sous-Bois (Photo : Eric Piermont)

Mais il ne s’agit pas de tomber dans le “rétro-design”, fonds de commerce de Mini ou de Fiat, dit M. Duvernier. “On a plutôt envie d’inventer de nouvelles icônes que de réinterpréter à l’infini les anciennes”, ajoute le designer qui, comme M. Biehler, confesse un faible pour la SM, coupé de grand tourisme aux lignes futuristes produit à 12.000 exemplaires au début des années 1970, et dont le conservatoire possède un exemplaire orange vif.