Grand “ouf” de la City après le rejet de l’indépendance écossaise

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à Edinbourg le 19 septembre 2014 (Photo : Leon Neal)

[19/09/2014 08:31:57] Londres (AFP) Un profond soupir de soulagement parcourait la City de Londres vendredi matin après le rejet par référendum d’une indépendance écossaise qui aurait plongé le Royaume-Uni dans une phase d’incertitude.

La Bourse de Londres a ouvert en hausse de 0,75%, la livre a atteint son plus haut niveau en deux ans face à l’euro et les taux des obligations britanniques augmentaient, témoignant d’un retour des investisseurs vers les titres plus risqués.

“C’est le soulagement qui domine sur les marchés britanniques”, a résumé Chris Beauchamp, analyste à la maison de courtage IG, pour qui “l’inquiétude liée à une possible indépendance écossaise s’est dissipée”.

Les Écossais ont rejeté l’indépendance qui leur était proposée par 55,3% des voix à l’issue d’un référendum marqué par une participation massive.

La City de Londres (investisseurs, grandes entreprises, médias des milieux d’affaires) avait pris position contre la sécession de la région septentrionale du Royaume-Uni.

Elle craignait d’une part les incertitudes soulevées par cette indépendance pour l?Écosse elle-même, sur la monnaie utilisée par le nouvel État, le partage des revenus pétroliers, la répartition de la dette publique et l’environnement légal et financier des entreprises.

La capitale financière redoutait aussi, et peut-être surtout, les conséquences pour ce qui serait resté du Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord), amputé d’une région pesant économiquement l’équivalent de l’Irlande ou de l’Algérie.

“C’est un jour capital pour le Royaume-Uni et ce résultat sera salué par un soupir de soulagement dans la communauté d’affaires”, s’est réjoui John Cridland, directeur général de la principale fédération patronale britannique, la CBI.

A la Bourse de Londres, les titres des banques les plus implantées en Écosse bondissaient en début de séance: Royal Bank of Scotland (RBS) grimpait de 4,14% et Lloyds de 2,61%.

Ces établissements avaient menacé de rapatrier en Angleterre leur siège social, situé en Écosse, en cas d’indépendance du territoire.

“Ce plan d’urgence n’est plus nécessaire. Le résultat nous permet de reprendre nos affaires comme d’habitude pour tous nos clients à travers le Royaume-Uni”, a souligné RBS dans un communiqué publié sitôt l’issue connue.

– Remontée des taux d’intérêt –

Un autre grand de la finance écossaise, Standard Life, s’est dit pour sa part “prêt à contribuer” à son niveau aux débats qui vont accompagner l’octroi de nouveaux pouvoirs à Édimbourg par Londres, comme promis par le pouvoir britannique en cas de rejet de l’indépendance.

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La City de Londres (Photo : Andrew Cowie)

Ce groupe avait prévenu avant le vote qu’il transfèrerait si nécessaire en Angleterre une partie des fonds géré pour ses clients britanniques, alimentant la crainte d’une fuite des capitaux vers le sud en cas d’indépendance de la grande région du nord.

Ces spéculations avaient pesé ces dernières semaines sur la livre sterling, qui est nettement remontée vendredi dès les échanges asiatiques, lorsque la tendance pour le “non” a commencé à s’affirmer.

Vers 01H40 GMT, la livre avait atteint son plus haut niveau depuis fin juillet 2012 face à la monnaie unique européenne, à 1,2804 euro, avant de redescendre quelque peu.

A 07H30 GMT, elle cotait encore toutefois 1,2756 euro. Elle s’affichait aussi en hausse face au billet vert, à 1,6455 dollar, et face à la devise japonaise, à 179,58 yens, contre laquelle elle a brièvement atteint un niveau record en six ans.

“La victoire du +non+ laisse la voie libre à une prochaine remontée des taux de la Banque d’Angleterre, ce qui est un facteur de soutien à long terme de la livre sterling”, a signalé Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.

La hausse des taux directeurs rend une devise plus rémunératrice et donc plus intéressante pour les investisseurs.

L’apaisement des craintes entraînait aussi une hausse du taux d’emprunt du Royaume-Uni sur le marché obligataire.

“Le +non+ de l?Écosse à l’indépendance devrait entretenir la prise de risque et ainsi maintenir sous pression la dette britannique”, a souligné Orlando Green, économiste au Crédit Agricole CIB.

Vers 07H00 GMT, le taux à 10 ans progressait à 2,603%, contre 2,575% jeudi à la clôture sur le marché secondaire où s’échange la dette déjà émise.