Forum “Investir en Tunisie : start-up democracy

«Nous sommes arrivés sur un contrat, la feuille de route, nous repartons sur un projet d’avenir celui que nous vous présentons aujourd’hui», a déclaré lundi 8 septembre, Mehdi Jomaâ, chef du gouvernement. Le projet d’avenir, c’est celui proposé à travers note stratégique socioéconomique sur laquelle plancheront aujourd’hui même les participants au Forum international “investir en Tunisie: start-up democracy”.

invest-startupdemocracy-01.jpgParmi les invités de marque, les Premiers ministres algérien, marocain et français, ainsi que le représentant des Nations unies et ceux des grands bailleurs de fonds européens.

Dans son discours, Abdelamalik Sellal, le Premier ministre algérien, a de nouveau et pour la énième fois réaffirmé le soutien inconditionnel de l’Algérie à la Tunisie, osant cette phrase «Ce qui touche à la sécurité de la Tunisie touche à celle de l’Algérie et vice et versa».

L’Algérie n’a pas épargné d’efforts pour aider et épauler la Tunisie dans les moments difficiles depuis le changement du régime, et ce sur les plans sécuritaire, économique et politique, et continuera à le faire, a affirmé M. Sellal.

Il a rappelé, en passant, qu’il ne faut pas oublier la Libye, «un voisin qui traverse des moments difficiles et qui doit être aidé par tous les pays voisins pour qu’il y ait consensus et rétablissement de la paix et de la sérénité».

«Je déteste l’expression “le capital est lâche“, a renchéri Abdelilah Benkirane, Premier ministre du Royaume du Maroc, ainsi que l’autre “Gagnant/Gagnant“. «Nous ne sommes pas dans cette logique aujourd’hui, et la Tunisie a besoin d’un capital courageux et d’un deal meilleur que celui du Win/Win. La Tunisie a été le déclencheur de changements en profondeur dans toute la région et, à ce titre, le succès de sa transition est un enjeu important pour les pays aussi bien du Sud que ceux du Nord. Pays qui doivent être plus présents sur la scène économique».

«Les réformes sont nécessaires pour sauver le processus démocratique»

M. Belkirane a insisté sur l’importance de l’encouragement du processus démocratique en réponse aux aspirations des jeunes générations et à leurs revendications. Ce qui ne peut être fait sans un climat de liberté et un épanouissement économique auxquels doivent participer tous les amis et partenaires de la Tunisie, ses voisins immédiats ainsi que ceux de la rive nord de la Méditerranée et l’Europe.

Manuel Valls, Premier ministre français, a fustigé dans son intervention les ennemis de la liberté, rappelant les assassinats perpétrés à l’encontre de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Il a réaffirmé le soutien de la France pour la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme et a salué la combattivité des Tunisiens qui ont pu affronter le choc d’une révolution avec le moins de dégâts possible.

Ce qui nous amène quand même à rappeler que la présence française en Tunisie, malgré les visites de François Hollande, a été assez timide par rapport à celle des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne qui s’imposent de plus en plus comme des acteurs incontournables dans les mutations géopolitiques que traverse toute la région du Nord de l’Afrique et la Tunisie en premier.

La France est restée la grande absente. Quoiqu’elle a transformé une partie de ses prêts en donations. Sur le plan politique, le romantisme l’a emporté sur le pragmatisme. L’islam politique serait perçu par la diplomatie française comme pouvant être un islam modéré, ce que ne pense pas la majorité des Tunisiens. Il faut reconnaître que la France a toujours soutenu les minorités opprimées (sic) auxquelles elle a même offert des asiles politiques quoique dans le cas présent ce ne sont pas des Palestiniens dépossédés de leurs terres mais des terroristes qui opèrent sous couverture d’islam modéré…

La France reste quand même, comme l’a rappelé Manuel Valls, le premier partenaire de la Tunisie: «Nous saluons les efforts du gouvernement Jomaâ dans le rétablissement de la situation économique de la Tunisie à travers des réformes qui s’avèrent nécessaires pour sauver le processus démocratique et surtout de la relance économique bien que vous ayez réalisé dans des circonstances aussi difficiles, un taux de croissance que vous envieraient certains pays européens. L’économie a été exclue des préoccupations des acteurs publics depuis la révolution. Aujourd’hui, vous avez besoin de tous ces acteurs pour la remettre d’aplomb».

Mehdi Jomaâ avait précédemment rappelé dans son discours les tensions qui étaient tellement importantes que l’économique était perdue sous la pression du politique. «Comme je l’ai souvent dit, nous avons oublié l’économique durant ces trois dernières années, mais l’économique ne nous a pas oubliés».

Pour la relance de l’économie, les réformes étaient impératives quitte à fâcher certaines parties ou certains opérateurs économiques. Le chef du gouvernement n’a pas cessé de le répéter. «Des réformes ont été engagées aussi pour faciliter les procédures et rassurer les investisseurs. La première de ces réformes est celle de la transparence, de la gouvernance et l’Etat de droit… Notre détermination à mener ces réformes est tout aussi résolue que notre engagement à protéger les couches sociales les plus démunies à travers une optimisation des systèmes de ciblage dans l’objectif d’une meilleure équité sociale».

La Tunisie : une terre d’avenir

«Cette Tunisie que je vous décris est une société moderne imprégnée des valeurs républicaines, sereine dans son identité et résolument engagée dans la construction de son avenir. Une Tunisie qui se fraye les chemins de son avenir. Avec de grands atouts fondés sur sa position géostratégique au cœur de la méditerranée, son histoire plusieurs fois millénaire, ses valeurs, son patrimoine, sa jeunesse compétente, moderniste, sa société équilibrée et harmonieuse, la Tunisie, qui vous accueille aujourd’hui, est à la fois sereine et ambitieuse alliant le courage réformiste et l’expérience de la démocratie naissante».

Pas de surenchère sur les principes républicains de la Tunisie ni sur ses orientations progressistes et modernistes. Mehdi Jomaâ ne pouvait être plus clair. Une démarche qui n’a de valeur que «si le Tunisien et la Tunisienne en sont les ultimes bénéficiaires. Réinstaller l’individu dans sa nouvelle citoyenneté, sa dignité, sa fierté, par le travail, l’accès à l’éducation et aux soins, à la culture et aux loisirs; son accomplissement et son épanouissement, dans le respect de ses droits et ses libertés: ce sont là des impératifs majeurs… Notre objectif est de créer un vrai Etat citoyen dont l’essentiel de la fonction est d’être au service du citoyen».

Le chef du gouvernement tunisien a réaffirmé sa volonté de renforcer les institutions, de redonner à l’Etat et son superbe et son autorité. «Notre objectif est d’ancrer les fondements de l’irréversible pour prémunir le pays contre tout retour de la dictature, tout naufrage dans les inégalités, toute régression dans les droits et les libertés».

Mehdi Jomaâ n’a pas omis de rendre hommage à la société civile «qui s’est révélée un acteur essentiel. Elle appuie, aujourd’hui, l’œuvre de consolidation de l’Etat et s’impose en rempart de l’irréversible et en vigie des droits et des libertés. Les Tunisiens dans leur ensemble l’étaient aussi: dans un élan solidaire et déterminé, ils ont été unanimes à rejeter l’extrémisme, la violence et le terrorisme, choisissant la Tunisie de la paix, de la démocratie, de la tolérance et de l’ouverture, une terre d’opportunités et de croissance résolument tournée vers l’avenir dans la confiance et la sérénité».

Rappelons à ce propos que si ce n’était la société civile et le réveil du peuple tunisien qui a campé pendant plus de 4 mois au Bardo pour préserver les acquis de la femme, préserver l’Etat civil et républicain et contrecarrer toutes les tentatives des islamistes majoritaires à la Constituante, soutenus par leurs humbles serviteurs (Ettakatol, CPR et autres indépendants très «dépendants» du reste, il n’y aurait eu ni quartet ni constitution convenable digne de l’histoire et de la civilisation de la Tunisie.