SITL, ex-usine FagorBrandt, attribuée à un repreneur basé aux Iles Vierges

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Le logo de FagorBrandt (Photo : Fred Dufour)

[18/06/2014 20:43:27] Lyon (AFP) Le tribunal de commerce de Lyon a validé mercredi un plan de cession pour SITL, ex-usine FagorBrandt reconvertie dans les véhicules électriques, en la confiant à un repreneur basé aux Iles Vierges qui s’est engagé à reprendre près de 400 salariés, mais dont seulement 10% travailleront dans l’immédiat.

A la dernière audience du tribunal, le 6 juin, cinq autres candidats ayant jeté l’éponge, une seule offre restait en lice pour sauver l’entreprise de Gerland, en redressement judiciaire depuis janvier: celle du groupe américain Cenntro Motor, qui l’a donc emporté sans surprise. Il avait le soutien de Bercy.

Spécialisé lui aussi dans les utilitaires électriques et désireux de s’implanter en Europe, Cenntro revendique une vingtaine de filiales réparties entre les Etats-Unis, la Chine et les Iles Vierges britanniques, 600 millions de dollars de chiffre d’affaires et 145 millions de fonds propres, selon le jugement du tribunal de commerce rendu mercredi.

Pourtant, “il a été beaucoup débattu de sa qualité intrinsèque et de sa capacité, non seulement à reprendre l’entreprise, mais à respecter ses engagements”, reconnaît le tribunal.

Ainsi que l’a souligné “à raison” le ministère public, selon la même source, le repreneur a en effet “un profil peu commun”. L’entité qui reprend SITL n’est pas la maison mère de Cenntro, basée dans le Nevada d’après son site internet, mais une filiale basée à Tortola, aux Iles Vierges. Son capital social est de… dix dollars.

Autre singularité, “l’absence de production de documents certifiés et probants sur son envergure économique et financière réelle”, relève le tribunal.

– ‘L’humain prime sur le produit’ –

Reste l’engagement du repreneur à tout mettre en oeuvre pour bien faire, “incontestable”; son projet économique “cohérent” et “ambitieux”: il compte investir 30 millions d’euros en deux temps, dont 7,5 millions déjà pourvus en fonds de roulement, et développer la fabrication de batteries.

Surtout: “l’humain prime sur le produit”, a assuré Peter Wang, dirigeant du groupe, à la barre du tribunal.

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ée, le 17 juin 2014 (Photo : Alain Jocard)

En attendant, sur les 395 salariés repris sur le papier, soit la totalité – un volet social “inespéré”, de l’avis de l’administrateur judiciaire -, seuls 40 travailleront dans l’immédiat. Outre 94 en pré-retraite ou congé longue maladie, dont les droits ont fait l’objet d’âpres négociations, 116 seront en effet au chômage technique pendant trois mois et 145 auront 12 à 18 mois de formation, payée par les deniers publics.

Leur concours ne s’arrête pas là: l’offre de Cenntro était conditionnée au rachat du terrain de l’usine, propriété de FagorBrandt, par le Grand Lyon qui le mettra à sa disposition gratuitement pendant deux ans, hors taxe foncière, ensuite à un loyer préférentiel. La région Rhône-Alpes finance en partie l’opération. Les deux collectivités ont salué mercredi la décision du tribunal, synonyme à leurs yeux d’espoir et d’avenir pour l’industrie locale.

Dans un communiqué, le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, “accueille avec satisfaction” la décision du tribunal de commerce. Il assure qu’il “sera vigilant au respect des engagements du repreneur, en matière industrielle, comme en matière sociale”.

La Société d’Innovation et de Technologie (SITL) avait été créée en avril 2011 par l’industriel Pierre Millet qui avait racheté le site à FagorBrandt. Tout en restant sous-traitant pour le montage de lave-linge (95% de son chiffre d’affaires), la société s’était tournée vers la production de véhicules utilitaires 100% électriques. La faillite de FagorBrandt avait précipité la mise en redressement judiciaire de SITL en janvier, avec un passif de 27 millions.

Cenntro Motor reprend la production de véhicules électriques et de filtres industriels, abandonnant les lave-linge. Le prix de cession est de 500.000 euros. Toutes les parties à la procédure avaient donné un avis favorable à son offre, sauf deux abstentions, dont celle des salariés. Soulagés toutefois mercredi, après des mois d’incertitude.