Présidence de la Commission : Guy Verhofstadt croit en ses chances

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éraux européens, à Bruxelles le 1er février 2014 (Photo : Nicolas Maeterlinck)

[24/04/2014 12:36:25] Bruxelles (AFP) Guy Verhofstadt, le champion des libéraux européens, estime être le mieux à même de “rassembler” une majorité pour devenir le prochain président de la Commission européenne, à laquelle il veut redonner un rôle plus “offensif”.

“Je pense que je suis le plus capable de rassembler une majorité”, a soutenu le président de l’Alliance des Démocrates et des libéraux pour l’Europe, au cours d’un entretien à l’AFP, à un mois des élections européennes.

Les libéraux sont actuellement le troisième groupe du Parlement européen, loin derrière les conservateurs du PPE et les socialistes.

“Nous sommes au centre des débats au Parlement européen et nous avons réussi au cours de ces cinq dernières années à faire des majorités à droite ou à gauche, quand cela était nécessaire, et quand cela était possible”, explique l’ancien Premier ministre belge.

Ses concurrents sont l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, pour le PPE, l’Allemand Martin Schulz pour les socialistes, le Grec Alexis Tsipras pour la Gauche radicale et le duo formé par le Français José Bové et l’Allemande Ska Keller pour les Verts.

Pour M. Verhofstadt, “il n’est pas question” que les chefs d’Etat et de gouvernement “nomment un candidat en dehors de ceux qui se sont présentés, sinon ce serait la fin de la démocratie européenne”.

Et “ce n’est pas parce qu’on n’est pas le premier parti qu’on n’a pas de chances”, soutient l’ancien Premier ministre belge, fort de deux mandats de quatre ans à la tête de gouvernements de coalition dans son pays.

Jusqu’à présent, le président de la Commission était choisi à huis clos par les dirigeants européens. Pour la première fois cette année, ils devront tenir compte du résultat des élections européennes.

Guy Verhofstadt plaide pour un président “qui joue offensif, qui croit dans l’intégration européenne, qui prend de nouveau le droit d’initiative accordé à la Commission, ce pouvoir de déposer des projets législatifs (…), qui n’a pas été utilisé suffisamment ces dernières années”.

– “L’Europe comme valeur ajoutée” –

Il a eu sur ce sujet des “discussions très intenses avec José Manuel Barroso”, le président sortant de la Commission. “Je lui ai dit: c’est incroyable, vous avez le droit d’initiative, mais vous ne l’utilisez pas. Vous téléphonez d’abord à Paris et à Berlin, à Berlin et à Paris, et si vous n’avez pas le feu vert, vous ne faites rien du tout”.

S’il est élu, M. Verhofstadt entend modifier l’organisation de la Commission européenne. L’exécutif bruxellois comptera toujours 28 membres, un par Etat, mais il veut introduire une hiérarchisation autour de grands pôles.

Il ne veut plus se définir comme “fédéraliste”, “parce que le mot n’a pas la même connotation en France, aux Pays-Bas ou au Royaume Uni”. Sa conception du fédéralisme, “c’est tout le contraire de la centralisation au niveau de Bruxelles, c’est faire moins de régulation, plus de politiques communes, c’est l’Europe comme valeur ajoutée”, assure-t-il.

M. Verhofstadt plaide, lui aussi, pour une autre Europe. “Le système intergouvernemental a échoué car le Conseil des Etats n’a pas été capable de trouver un accord sur les grandes réformes nécessaires au niveau européen”, affirme-t-il.

“Les conservateurs disent: +Il faut plus d’austérité et une fois que nous aurons touché le fond, si nous ne sommes pas morts, alors nous aurons la croissance+. Leur thèse ne fonctionne pas”. “Les socialistes préconisent de faire des dettes pour avoir de la croissance. Cela ne fonctionne pas non plus”.

“Ce sont des recettes du passé. Il faut une autre approche. Il faut faire un saut en avant vers l?intégration européenne comme moteur de la croissance”, soutient Guy Verhofstadt.

Il préconise de renforcer l’union bancaire, afin que l’argent aille vers l’économie réelle et les PME, veut une “communauté européenne de l’énergie” pour mettre un terme à la dépendance et faire baisser les prix, et réclame un “marché des services pour le digital”.

“Quand vous passez la frontière entre la Belgique et la France, impossible d’utiliser votre téléphone portable pendant 20 kilomètres, c’est un problème”, souligne-t-il.