Lagardère paie cher pour céder ses magazines à Reworld Media et Rossel

87edc2535a35884fc4acb7e47f742aed351db341.jpg
ère (Photo : Thomas Coex)

[02/04/2014 12:40:09] Paris (AFP) Lagardère Active va payer cher pour céder une dizaine de magazines presque tous déficitaires à plusieurs repreneurs, dont le jeune groupe Reworld Media, spécialiste du contenu adapté aux marques, et le groupe de presse belge Rossel, allié à des partenaires belges.

Lagardère avait mis en vente en octobre ces dix titres pesant ensemble environ 55 millions de chiffre d’affaires, qui seront cédés pour une valeur négative : c’est Lagardère qui versera aux repreneurs environ 15 millions d’euros, selon des sources proches du dossier. Objectif : les aider à financer un plan de départ des journalistes et à combler les pertes sur plusieurs années.

Les repreneurs vont se répartir les titres : le magazine de cinéma Première sera repris par Rossel, ses alliés belges reprendront Psychologies Magazine, et les huit autres titres (Be, Pariscope au format papier, Maison & Travaux, Le Journal de la Maison, Campagne Décoration, Mon Jardin Ma Maison, Auto Moto et Union) reviendront à Reworld Media. Lagardère pourra ainsi se recentrer sur ses titres phares comme Elle, le JDD, Paris Match, Télé7Jours et Public.

Tous les salariés des rédactions et des fonctions dédiées aux titres cédés iront chez les acquéreurs, qui se sont engagés à les reprendre, soit 240 personnes dont 121 journalistes. Les parties comptent boucler la transaction avant le 31 août.

C’est un soulagement pour Lagardère Active, qui déjà en 2013 avait passé dans ses comptes une lourde provision de 219 millions d’euros pour traduire la perte de valeur de son pôle magazine dont les recettes publicitaires ont chuté de 10% l’an dernier et les ventes “papier” de 5,4%.

Ses magazines ont perdu toute valeur en 6 ans : en 2008, il avait racheté les 51% qui lui manquaient dans Psychologies pour 31 millions, valorisant le magazine à 60 millions. Lagardère poursuit son grand ménage dans les médias, après la vente en 2011 de ses magazines à l?international à Hearst pour 651 millions et en 2013 de ses 20% dans Canal+ pour 1 milliard d’euros.

– Un choix plus risqué –

Sur les dix titres cédés, qui représentent environ 10% de son activité presse, seul Psychologies est rentable, avec un résultat de quelque 3 millions par an pour un chiffre d’affaires d’environ 20 millions. Le reste perd plusieurs millions d’euros par an.

La présence d’un industriel comme Rossel, premier groupe de presse francophone belge, propriétaire en France de La Voix du Nord et d’un pôle de quotidiens en Champagne-Ardenne, a convaincu Lagardère de choisir le tandem Reworld-Rossel, plutôt que l’offre équivalente de Didier Quillot, ancien patron de Lagardère Active, allié à plusieurs gros entrepreneurs du web.

Ses alliés belges — Edition Ventures (éditeur d?une vingtaine de magazines en Belgique dont Psychologies et Elle), Deficom Group (premier groupe de communication et d?événementiel belge) et l’homme d’affaires Stefan Descheemaeker– reprendront Psychologies, bien connu d’Edition Ventures qui l’édite en Belgique.

Le choix plus risqué est l’attribution des huit autres titres à Reworld Media, créé par Pascal Chevalier début 2013. Il a acquis en 2013 une douzaine de magazines, dont Marie France, racheté pour un euro symbolique au groupe Marie Claire, ainsi que les titres français de l’allemand Axel Springer, dont Gourmand et Télé Magazine.

Reworld emploie 170 personnes dont 14 journalistes permanents, pour 40 millions de chiffre d’affaires. Il affiche un modèle multimedia basé sur le “content commerce” : un contenu axé sur les marques, destiné à séduire les annonceurs et générer des actes d’achat, avec parfois un coup de main de la rédaction pour aider les campagnes des marques. Les journalistes écrivent pour tous les supports et tous les titres, par thématiques.

Reworld, qui sera propulsé parmi les grands acteurs de la presse magazine en France avec une vingtaine de titres en tout, compte bien rendre rentables les magazines déficitaires de Lagardère.

Pascal Chevalier, 46 ans, ex-patron de NetBooster (marketing digital) qu’il a introduit en Bourse, s’est réjoui de ce rachat qui va presque doubler la taille de son groupe. “Nous allons valoriser les marques, garder le papier, qui rassure le lecteur, créer davantage de contenu et nous développer sur tous les supports”, a-t-il commenté à l’AFP.