La Banque d’Angleterre écarte une hausse de taux imminente malgré une confiance accrue en la reprise

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à Londres (Photo : Adrian Dennis)

[12/02/2014 13:56:15] Londres (AFP) La Banque d’Angleterre (BoE) a révisé à la hausse sa prévision de croissance et estimé que le chômage atteindrait son objectif de 7% dans les mois à venir, grâce à la vigoureuse reprise, mais martelé qu’aucune hausse de taux n’était encore à l’horizon.

La Banque centrale britannique n’a pas amendé ses orientations de politique monétaire annoncées en août, laissant à son gouverneur Mark Carney le soin de marteler mercredi lors d’une conférence de presse que le seuil de 7% n’enclencherait qu’une réflexion sur une éventuelle hausse de son taux directeur. Une hausse qui serait dans tous les cas “progressive et limitée”.

“Le message que la Banque d’Angleterre transmet haut et fort est qu’elle reste sans la moindre hâte de relever ses taux d’intérêt malgré l’amélioration marquée de l’économie (britannique) et le repli du chômage plus rapide qu’escompté”, a observé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Comme l’a souligné la BoE dans son rapport trimestriel sur l’inflation, la reprise de l’économie britannique a en effet “pris de la vitesse”. Ainsi la croissance du Produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 3,4% en 2014, alors qu’elle la voyait à 2,8% dans son précédent rapport publié en novembre.

Les dernières prévisions officielles annoncées par le gouvernement début décembre faisaient état d’une croissance à 2,4% cette année.

La banque centrale a également relevé sa prévision de croissance pour 2015 de 2,3% à 2,7%, et pour 2016 de 2,5% à 2,8%.

La BoE a de plus annoncé qu’elle prévoyait de voir le taux de chômage tomber au niveau cible de 7% d’ici au printemps, alors qu’elle prévoyait en novembre un retour à ce niveau qu’au troisième trimestre 2015. Son estimation initiale, datant d’août, faisait état d’un chômage à 7% peu avant mi-2016.

Selon les derniers chiffres disponibles, le taux de chômage au Royaume-Uni a encore fortement diminué à 7,1% fin novembre, grâce à la vigoureuse reprise économique alors qu’il s’inscrivait encore à 7,4% fin octobre.

Capacités de production inutilisées

En août, la BoE avait lié l’avenir de son taux directeur, actuellement au niveau historiquement bas de 0,5%, à la baisse du taux de chômage, annonçant qu’un repli à 7% déclencherait une réflexion sur un éventuel resserrement monétaire.

Mais la baisse plus rapide que prévu du chômage a forcé l’institution à marteler qu’une hausse de taux ne serait pas automatique une fois l’objectif atteint et à élargir quelque peu les conditions d’un resserrement monétaire en mettant en avant le fait que l’économie britannique souffre encore de capacités de production inutilisées trop importantes.

“La BoE s’est servie de ce rapport sur l’inflation pour dévoiler l’évolution de ses orientations monétaires”, en faisant dépendre la trajectoire de son taux directeur sur un éventail plus large d’éléments macroéconomiques, a noté Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.

En premier lieu, “la BoE estime que l’économie pourrait souffrir pendant encore deux à trois ans de capacités de production inutilisées”, ainsi, l’institution ne devrait pas relever ses taux “tant que l’économie n’est pas revenue à une capacité d’avant (la crise de) 2007”, a expliqué Mme Brooks.

Dans ce contexte de reprise qui prend de la vitesse mais qui reste encore fragile, les économistes peinent à s’accorder sur la date d’un premier resserrement monétaire, certains tablant même sur une première hausse dès la fin 2014, mais le consensus semble s’orienter vers un premier resserrement monétaire au deuxième trimestre 2015.

La Banque d’Angleterre a par ailleurs réitéré qu’elle ne chercherait pas à se désengager de son programme de rachats d’actifs, dit d'”assouplissement quantitatif”, tant que le taux directeur de l’institution n’aura pas été relevé.

Lancé en mars 2009 afin d’aider une économie alors en récession, ce programme a progressivement été relevé jusqu’à 375 milliards de livres (451 milliards d’euros). La dernière tranche de ce programme a été épuisée en novembre 2012.