Taxe à 75% : le foot pro vote la grève fin novembre

49899fc8b3d432c5944f3a894e6d28d765144194.jpg
à Paris (Photo : Damien Meyer)

[24/10/2013 16:59:31] Paris (AFP) C’est historique: les clubs de football professionnels français de Ligue 1 et Ligue 2 ont décidé à l’unanimité de se mettre en grève le week-end du 29 novembre (jusqu’au 2 décembre) pour protester contre le projet de taxe à 75% sur les plus hautes rénumérations.

“Nous sommes devant un mouvement historique, à l’unanimité, avec une vraie détermination pour sauver le foot, avec un week-end sans match à la fin du mois de novembre”, a lancé Jean-Pierre Louvel, président de l’Union des clubs professionnels (UCPF), à l’issue d’un assemblée générale extraordinaire de son instance, jeudi à Paris, qui fera donc date.

La dernière grève historique du foot français remonte à 1972.

Avec ce mouvement, les clubs de L1 et L2 veulent “confirmer leur opposition résolue au projet de taxe à 75%”, a poursuivi le patron des clubs de foot pro.

“Soyons conscients du drame que vit le foot, nous sommes le seul pays qui taxe des entreprises qui perdent de l’argent, a souligné M. Louvel. Je souhaite notre action fasse évoluer les politiques sur cette mesure”.

La perte cumulée des deux divisions (L1 et L2) est de 108 millions d?euros en 2011/12 en cette période de crise, selon les chiffres du monde pro.

Les clubs demandent à nouveau “aux pouvoirs publics l’abandon du projet de la taxe à 75%”. Un rendez-vous entre les patrons du foot français et le président de la république François Hollande est prévu la semaine prochaine, sans doute jeudi.

“Quand on est au bord de la falaise…”

865e0c40b47ed58fcadeb984adbee5dbff151d5f.jpg
édéric Thiriez, président de la Ligue de football professionel, en conférence de presse le 24 octobre 2013 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard)

“S’il n’y a pas de consensus –par consensus j’entends des paroles qui se traduisent en actes– trouvé avec le Président de la République, nous continuerons l’action quelque soit la forme”, a prévenu M. Louvel, qui est aussi président du Havre (L2).

Le dialogue avec les pouvoirs publics s’annonce ardu. Matignon a ainsi affirmé jeudi qu’un club de football était traité, au regard de la taxe à 75%, “comme une entreprise comme une autre”.

“S’il n?y a pas de consensus, de toute façon, quand on est au bord de la falaise, tout est possible”, a encore menacé le boss des clubs pros.

Pour faire comprendre leur message, avec cette “journée blanche” sans foot, les clubs pros vont “organiser des opérations avec tous les fans de football”, a ajouté, M. Louvel. C’est à dire une journée portes ouvertes dans stades, où responsables et dirigeants recevront les supporters pour leur expliquer les raisons de ce mouvement.

Comment sera reçu ce mouvement ?

Reste à savoir comment l’opinion publique recevra cette annonce de grève, alors qu’un récent sondage montrait que 82% des Français avaient une mauvaise image des Bleus trois ans après la fameuse grève de Knysna.

Le Parti communiste français (PCF) a déjà dénoncé jeudi un “lobbying scandaleux”.

Le match vedette du week-end de grève est un Paris SG-Lyon le dimanche 1er décembre qui devait être diffusé par Canal+. La réaction des diffuseurs télé sera aussi attendue: peuvent-ils porter plainte contre les clubs pour demander réparation ?

Les députés ont voté vendredi dernier la nouvelle mouture de la taxe à 75% pour les très hautes rémunérations. La taxe fait partie du projet de budget 2014 devant ensuite être examiné au Sénat avant de revenir vers l’Assemblée nationale, qui aura le dernier mot.

Cette “contribution exceptionnelle de solidarité” est assise sur la fraction de la rémunération supérieure à un million d’euros versée par les entreprises. Elle s’appliquera uniquement pendant deux ans, sur les rémunérations de 2013 et 2014.

Les présidents de clubs pros en France enragent contre ce nouveau dispositif, qui représenterait une charge totale de 44 millions d?euros pour la L1. Une estimation basée sur les hauts revenus d’environ 120 joueurs des 14 clubs concernés, selon un argumentaire du foot pro que s’est procuré l’AFP.

Les différentes composantes du football professionnel –Ligue de Football Professionnel (LFP), syndicats des clubs (UCPF), des joueurs (UNFP), des entraîneurs (UNECATEF) et des administratifs (UAF)– avaient déjà décidé mercredi soir d’un boycott jusqu’à nouvel ordre de la commission sur la compétitivité du foot (dite du “foot durable”) mise en place par le ministère des Sports le 25 septembre.