Etats-Unis : lueur d’espoir parmi les ruines de Detroit

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être détruit. (Photo : Mira Oberman)

[13/10/2013 08:55:13] Detroit (Etats-Unis) (AFP) Les bâtiments désossés de la gare ferroviaire de Detroit, ancien joyau de la ville, attirent régulièrement des touristes, qui peuvent ainsi mesurer la chute de cet ancien fleuron de l’automobile surnommé Motor City.

Gare la plus haute du monde en 1913, elle compte 18 étages dans lesquels ont travaillé jusqu’à 3.000 personnes.

Abandonnée aux intempéries –et aux vandales qui ont brisé ses fenêtres, peint ses murs en briques jaunes et volé ses câbles en cuivre–, la Michigan Central n’a pas été démolie car la ville manque d’argent pour le faire.

“C’est un peu comme les anciennes pyramides, un lieu qui a été magnifique et qui est maintenant complètement délabré”, affirme Bernhardt Karg, qui travaille dans les nouvelles technologies et a amené des amis venus d’Allemagne visiter la tour en ruine.

On perçoit pourtant quelques signes de vie, derrière les barbelés destinés à empêcher les vandales et les squatters d’entrer.

Une poignée de fenêtres neuves ont été posées dans l’emplacement d’embrasures manquantes. Des camions et des gens vont et viennent. Mais le bâtiment ne sait toujours pas à quelle sauce il va être mangé.

La spectaculaire faillite de cette ville du Michigan (nord) –la plus importante pour une municipalité aux Etats-Unis–, prononcée en juillet et qui a fait entrer Detroit dans un complexe et long processus juridique, cache une volonté de renouveau qui semble prendre forme.

On peut voir des ouvriers en train de refaire méticuleusement le briquetage d’une autre tour qui va être transformée en immeuble d’habitations.

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à Détroit le 2 octobre 2013, sauvé de la destruction en devenant un parking automobile (Photo : Mira Oberman)

Dans le centre-ville, des bars et des restaurants chics jouxtent le stade des Tigers, l’équipe de baseball de Detroit, en face du théâtre Fox, récemment restauré.

Dans un autre quartier situé plus au nord, après les terrains vagues, des commerces haut de gamme comme Whole Foods ont suivi l’afflux de jeunes professionnels en quête d’un mode de vie urbain.

L’université Wayne State et deux grands hôpitaux ont assuré le maintien de l’ordre, pour compenser une police municipale défaillante, qui ne répond aux appels d’urgence qu’au bout de 58 minutes en moyenne.

Cet îlot sécurisé et bien géré a attiré des entrepreneurs comme le Shinola, qui affiche fièrement “Made in Detroit” sur les montres, les vélos et les objets en cuir qu’il vend.

“Désindustrialisation, obsolescence et mauvais porno”

“Pendant la transition (le processus de faillite), nous pensons vraiment que la ville est en train de se regénérer”, estime le directeur général de Shinola, Steve Bock.

Certes, les 120 salariés de Shinola pèsent peu par rapport aux centaines de milliers d’emplois dans l’automobile qui ont fait la richesse de la ville industrielle.

Mais ils participent au renouveau de Detroit, longtemps synonyme de “désindustrialisation, obsolescence et mauvais porno”, explique Robin Boyle, professeur d’urbanisme à Wayne State.

“Le vrai défi, c’est comment vous connectez les progrès, les investissements, les nouveaux habitants du centre avec le reste de la ville”, ajoute M. Boyle.

Car lorsqu’on quitte ces quartiers en renouveau, on traverse d’immenses terrains vagues occupés par 78.000 bâtiments laissés à l’abandon.

Beaucoup sont des petites maisons, dont les structures en bois se sont effondrées faute d’entretien pendant des années, quand la population a chuté de 1,8 million d’habitants en 1950 à 685.000 aujourd’hui.

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La gare ferroviaire de Detroit le 3 octobre 2013 (Photo : Mira Oberman)

Beaucoup d’entre elles portent les stigmates d’incendies.

Et à l’intérieur, on est surpris par les détritus. Les câbles en cuivre et les installations en métal ont été volés. Mais il reste souvent des vêtements, des meubles et d’autres vestiges d’une vie passée. Avec des seringues usagées et des rats.

Frank Pickett, 69 ans, est assis sur le trottoir et regarde les bulldozers qui s’attaquent aux maisons de Frederick Douglass, le premier projet de logements sociaux de la ville.

M. Pickett a grandi avec ce quartier, d’où sont originaires des légendes de la célèbre maison de disque Motown, comme les chanteurs Diana Ross ou Smokey Robinson.

Il est resté après sa fermeture officielle en 2008, squattant des bâtiments dont les fenêtres ont été barricadées pour se protéger du froid.

“Ca fait mal, ça fait mal, ça fait mal”, répète M. Pickett. “Toutes ces années, je ne pensais jamais que la ville les démolirait. Ils ont dit qu’ils allaient les reconstruire. Je ne comprend pas pourquoi ils font ça”.