Tunisie – G8 : Au lieu de l’investissement on aura de la dette

dettes-exteieur-01.jpgLe processus de Deauville allait apporter les moyens de la prospérité au pays, avec des promesses de financement. Au G8 de septembre, le processus semble enrayé. Il faut dire qu’en 2011 on a monnayé un projet pour un nouveau modèle économique, mais en 2013 on s’est présenté avec une crise politique. Les promesses de Deauville, oubliées?

D’un septembre l’autre, la Tunisie a perdu son crédit de berceau du “printemps arabe“. On se souvient de cette Ola d’enthousiasme que le pays a soulevé de par le monde. L’onde de choc s’est propagée de l’Europe -où les “indignados“ ont fait convulser Madrid-,puis s’est doublement retentie à Washington. La standing ovation du Congress US qui a salué le 14 janvier, puis le “tamarrod“ de la jeunesse américaine avec “Occupy Wall Street“.

L’élan de solidarité internationale avait culminé à Deauville en septembre 2011, le G8 rassurait la Tunisie sur son devenir, en découvrant son “plan Jasmin“ d’émancipation économique, qu’il mettrait la main au portemonnaie. L’on n’était pas rentré les coffres pleins mais les promesses semblaient fermes. Et, il faut le rappeler, il ne s’agit pas de n’importe quelle somme mais d’une enveloppe globale de 100 milliards de dollars à mobiliser sur 7 ans. On avait le vent en poupe.

En septembre 2013, soit deux ans plus tard, en ayant perdu ses illusions, avec une crise politique, ce n’est pas tant la crise qui a pesé mais son dénouement. On sait depuis un certain samedi 21 septembre qu’elle ne sera pas résolue via le dispositif institutionnel mais par la rue tunisienne.

Nos prétentions ont été réduites du tout au tout. Au lieu d’un projet, on se présente avec des réformes dictées par l’urgence et … une ardoise.

Au final, nos prétentions ont été ramenées à des appels de “soudures“ budgétaires.

Au lieu de l’investissement de la dette : quelle déconvenue !

A Deauville, septembre 2011, le pays s’affichait au G8 avec panache! Nous capitalisions sur des faits antérieurs qui remontaient en surface. Nous étions le premier risque du continent derrière l’Afrique du Sud. On était le premier pays à émettre de la dette au Japon sur le Samouraï, puis en Europe sur l’Eurobond, et enfin, consécration sur le marché américain “le Yankee“.

Premier pays à avoir signé un partenariat avec l’UE, nous avions également organisé le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI). Les faveurs des agences de notation cumulées avec celle du rapport de Compétitivité de Davos et enfin celle du “ Doing business“, ça ne manque pas d’allure.

Là-dessus, le Plan Jasmin tombait comme une cerise sur le gâteau. Voilà un pays qui sait imaginer sa propre Success Story. La réorganisation des finances publiques, la refondation du marché financier, cela tenait en une formule, “la prospérité pour la consolidation de la démocratie“, ça tenait la route.

Septembre 2013 à Londres. Le “Smog“ le plus total règne sur les plans de financement de l’économie tunisienne. On a de la contrebande, de l’informel, des déficits jumeaux et de la désaffection des investisseurs internationaux. C’est un virage à 180 degrés, un vrai tête-à-queue.

Le pays est dans le besoin et nos réformes sont encore toutes en projet. Cela vaut pour la réforme fiscale que pour celle du code des investissements ainsi que pour le secteur bancaire, enfin tout est encore en plan y compris la reconfiguration de la Caisse générale de compensation.

Alister Burt, secrétaire d’Etat au Foreign Office (ministère des affaires étrangères), chargé de MENA, était parmi nous vendredi 13 septembre pour voir comment arranger les choses. A l’aéroport, sa déclaration ne débordait pas d’optimisme. Il a bien pu mesurer que la crise politique était à son comble et que la réforme de la Caisse de compensation pourrait générer de la contestation sociale.

Enfin, la stabilité et la confiance, ce n’est pas pour tout de suite. Dans la réponse d’Alister Burt, on a cru déceler de la compassion. Il est vrai que, d’une certaine façon, le pays est à plaindre. Et pour l’appoint de dette, on verra. C’est pas la joie!