Wided Bouchammaoui, présidente de l’UTICA « Nous n’avons pas cessé d’appeler à un état d’urgence économique pour un haut comité national de relance »

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«Nous sommes très contents que la personne qui préside aujourd’hui aux destinées de la centrale patronale soit une femme. Cela prouve que la Tunisie foisonne de compétences féminines capables de tenir en main et de gérer des institutions aussi importantes que l’UTICA». Il s’agit là de propos rapportés de la part d’un diplomate dont les liens étroits avec le «Big Brother», en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique, ne fait pas de doute. Il est d’autant plus exact que pour beaucoup de chancelleries étrangères, les droits et les acquis des femmes en Tunisie sont une ligne rouge à ne pas franchir.

Mais pour Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, l’enjeu est loin de relever du féminisme primaire ou des droits des femmes. Pour elle, il s’agit de remettre sur pied avec tous les moyens dont elle dispose une centrale patronale malmenée par une pseudo-révolution et fragilisée par des dissensions lesquelles relèvent plus des ambitions aveugles des uns et des autres que des intérêts fondamentaux du patronat.

Ci-après le point dans un entretien concis sur les opérateurs industriels en Tunisie.

WMC : Les industriels crient au feu, ils ont peur de ne plus pouvoir préserver leurs entreprises et les sauver du dépérissement. Comment comptez-vous les défendre en tant que syndicat ?

Wided Bouchamaoui : Les cris d’alarme des industriels, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ne sont pas nouveaux. A l’UTICA, nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention du gouvernement et de toutes les sensibilités politiques et sociales du pays sur la nécessité de la déclaration de l’état d’urgence économique par la création d’un haut comité national pour la relance économique.

Une réelle mobilisation nationale s’impose en vue de tranquilliser les opérateurs économiques. Cette mobilisation pour la relance économique est aussi importante que la mobilisation pour la lutte contre la violence, le terrorisme ou encore la lutte pour l’unité nationale, celle pour une justice indépendante ou pour la mise en place d’un ordre public républicain.

A l’UTICA, nous ne baisserons pas les bras, nous nous battrons pour sauver nos entreprises, pour relancer notre économie et réaliser le développement économique de notre chère patrie: la Tunisie.

Avez-vous une idée sur les intentions d’investissement dans le secteur industriel ou encore celles de désinvestissement?

Si nous nous fions aux statistiques officielles sur les intentions d’investissement dans le secteur industriel pour les quatre premiers mois 2013, nous enregistrons une nette amélioration de 21,2% par rapport à la même période de 2012. La hausse des importations des biens d’équipement (+4,1%) au cours de la même période réconforte cette tendance. Aussi, les intentions d’investissement dans le secteur agricole et celui des services sont à la hausse et plusieurs projets sont dans l’attente des régularisations administratives et autres.

D’un autre côté, il ne faut pas perdre de vue qu’il va y avoir un nouveau code des investissements qui paraîtra d’ici la fin de l’année en cours et qui aura certainement des répercussions que nous espérons sur l’investissement et par conséquent l’exportation et l’emploi.

Quel rôle compte jouer la centrale patronale pour sécuriser les entreprises domestiques, étrangères et les rassurer par rapport à la Tunisie?

L’UTICA a joué un rôle très important dans la dynamique de développement du pays et a représenté une force de propositions, à côté de son rôle syndical patronal, pour l’amélioration continue du climat des affaires en Tunisie, pour l’attraction des IDE des quatre coins du monde, pour l’investissement, le développement des exportations et de l’emploi, pour la stabilité sociale…

Aujourd’hui, dans un contexte de transition et de hautes tractations, l’UTICA ne ménagera aucun effort pour poursuivre son rôle d’acteur principal sur la scène économique et sociale.

Dans notre vision 2020, nous avons présenté des plans d’actions à court, moyen et long termes qui contribueront, j’en suis persuadée, à la mobilisation de tous les acteurs pour plus de croissance et plus d’emplois..