La Tunisie sans défense face à l’écroulement de son tourisme

hammamet-tourisme-2013.jpgAilleurs dans le monde, un site touristique est une aubaine. Un site? Que dire d’une destination entière qui fait rentrer des devises quand l’argent se fait rare? Ailleurs, une destination touristique, quelle soit une ville, un site, ou une région est un bijou dont on prend soin. En Tunisie et depuis le 14 janvier 2011, ce ne sont pas seulement les sites qu’on détruit ou laisse détruire, c’est tout un secteur qu’on sacrifie.

Face aux différents assauts, le tourisme tunisien a de moins en moins la force de résister. Les coups, qu’ils viennent du terrorisme qui s’installe, des mentalités qui ne changent pas ou des complots qui minent le pays, se font de plus en plus ravageurs. Ils mettent la dernière touche au massacre d’un secteur qui peine depuis plus d’une décennie alors que la «révolution» aurait dû être l’occasion en or pour le relever.

Si le tourisme tunisien s’est largement ébréché suite à l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Tunis en septembre dernier, il va de soit les événements liés au «Mont Chaambi» vont l’achever. Non pas seulement par l’atrocité de ce qui est perpétré mais aussi et surtout par l’amateurisme dont fait preuve le gouvernement tunisien dans la gestion d’une crise sécuritaire et politique de plus en plus délicate.

Les récents affrontements des forces de l’ordre avec la mouvance jihadiste-salafiste dans les différentes villes du pays durant le week-end dernier sont loin d’apaiser les tensions et rassurer les observateurs autant que les investisseurs et touristes en mal de destination de rêve. Il faut dire qu’en matière de «timing», on ne pouvait faire mieux pour plomber la saison qui pointe difficilement du nez!

A chacun son rythme, c’est vrai, mais quand il s’agit de la sécurité d’une nation et de l’avenir de ses citoyens, ce ne sont plus les aléas de la vie et des petits jeux politiques et tactiques qui mènent le tempo. C’est la responsabilité des institutions et de ceux qui veillent sur eux de prendre conscience de la gravité et du caractère exceptionnel de l’histoire qui s’écrit qui importe. C’est de cela qu’ils sont responsables devant l’avenir et devant l’Histoire.

Mais revenons-en aux opérations de ratissage de la zone montagneuse minée et à la communication qui les a accompagnées. Les autorités sont dans l’embarras face à l’évidence de l’échec qu’elles récoltent. D’un côté, on observe un très lourd bilan dans les rangs de l’armée nationale contre presque pas de captures du côté des terroristes. Si le gouvernement n’a pu répondre de la sécurité de ses citoyens, il se tire lui-même une balle dans le pied avec une communication maladroite et désastreuse pour la saison touristique à venir.

Les rapports avec l’Algérie voisine sont plus tendus que jamais. Par cette mauvaise gestion du dossier, la Tunisie a miné ses deux principaux marchés: l’Europe et surtout la France qui suit de très prés l’actualité tunisienne et l’Algérie. Les deux marchés sont pourvoyeurs de plus de 2 millions de touristes par an.

Il est clair que les temps sont durs pour la Tunisie et le sont tout autant pour son tourisme! On peut être tenté de cesser avec «cet esprit négatif» dont accusent sans cesse les gouvernants de la Troïka les médias et l’opposition. Il n’en reste pas moins vrai que le pays est loin d’être plongé dans le chaos ou la guerre civile.

A part s’en réjouir, cela n’est pas suffisant pour rassurer des vacanciers étrangers ou tunisiens qui ne peuvent qu’être alarmés par les images de guerre qui circulent sur la Tunisie.

Les medias internationaux ne sont pas plus «tendres» que les nationaux avec le pays. Nous citerons le dernier reportage en date sur les partisans «d’Ansar El Chariaa» livré par la chaîne télévisée Arte. Le reportage a beau mettre en exergue que la Tunisie n’est absolument pas décrétée “une terre de djihad par les salafistes“, le pays semble y couver une explosion imminente. Dans une récente livraison, le très sérieux Financial Times décrivait de manières très sévère ou juste -c’est selon- la situation en Tunisie.

Tous les regards sont certes posés sur la Syrie et la Libye voisine qui sombre dans le chaos. Il ne fait pas bon traîner dans cette région du monde quand on est touriste à la recherche de la «Dolcé vita». Fort heureusement pour elles, de nombreuses destinations l’ont compris. Elles affichent complet et haussent leurs prix.

En attendant, la Tunisie n’a toujours pas entrepris ses réformes dans le secteur touristique. Autant dire que même si la machine venait à reprendre par miracle, elle ne saurait être prête. C’est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied. Dans l’autre pied!