Lafuma : la famille fondatrice se désengage au profit du suisse Calida

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à Anneyron (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[15/01/2013 12:01:13] PARIS (AFP) La famille fondatrice de Lafuma va se désengager du fabricant d’articles de plein air au profit du groupe suisse de lingerie Calida, sans que cette recomposition du capital ne débouche sur une offre publique d’achat en bonne et due forme pour les autres actionnaires.

Le groupe de textile et équipements sportifs (marques Lafuma, Millet, Eider, Oxbow) a annoncé mardi la cession à Calida des 15,2% du capital détenus par le PDG Philippe Joffard et sa famille.

La société suisse spécialisée dans la lingerie et les sous-vêtements (marques Calida et Aubade), va en outre procéder à une augmentation de 50% du nombre d’actions de Lafuma, ce qui lui permettra de monter jusqu’à 29% du capital, selon un communiqué. Les modalités de cette opération “seront déterminées et communiquées prochainement”, ajoute Lafuma.

Calida ainsi que d’autres actionnaire garantira la souscription, mais entend ainsi rester en dessous du seuil de déclenchement obligatoire d’une offre publique d’achat sur l’ensemble du capital, fixé à 30%.

Lafuma n’a pas précisé à quel prix s’est effectuée la cession du bloc d’actions de M. Joffard et de sa famille.

Dans le même temps, Philippe Joffard, l’un des petits-fils des fondateurs de l’entreprise qui l’avait reprise en 1984, cède la direction opérationnelle du groupe au patron de Calida, Felix Sulzberger.

M. Sulzberger était déjà membre du conseil d’administration de Lafuma depuis 2004. “Sa connaissance du groupe et son expérience passée dans le secteur des équipements sportifs lui permettront d’assurer la continuité du management”, assure Lafuma.

M. Joffard restera quant à lui président du conseil d’administration jusqu’à la prochaine assemblée générale.

Lafuma explique que l’augmentation de capital prévue permettra notamment au groupe de dégager des ressources pour “poursuivre la réduction substantielle de son endettement” et “mettre en oeuvre l’exécution du plan stratégique long terme”.

Lors de son dernier exercice (clos fin septembre), Lafuma a enregistré une perte nette de 15,2 millions d’euros, liée notamment aux difficultés de son pôle Surf (marque Oxbow), qu’il avait dû déprécier.

Le groupe français a présenté à la mi-décembre un plan de redressement pour Oxbow, comportant une réduction des effectifs ainsi que des produits et un marketing renouvelés, avec l’objectif d’une relance sur deux ans.

Lafuma avait aussi mis l’accent sur la poursuite de son développement en Chine où il veut tripler ses points de vente d’ici trois ans.

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Anneyron, le 13 mars 2009 (Photo : Fred Dufour)

Le groupe français avait été convoité l’an dernier par le conglomérat sud-coréen E-Land, mais les négociations avaient échoué.

Cette prise de participation offre à Calida un “accès intéressant à un nouveau secteur d’activité présentant des perspectives de croissance attractives”, s’est félicité le groupe suisse dans un communiqué.

Calida, coté à la Bourse de Zürich, a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 206 millions de francs suisses (160 millions d’euros) et est donc plus petit que sa cible française, dont les ventes ont atteint l’an dernier 225 millions d’euros.

L’annonce a été sanctionnée à la Bourse de Paris où l’action Lafuma reculait de 4,67% à 19,82 euros à 12H30, alors que le CAC 40 était stable (+0,07%).

Les analystes de Gilbert Dupont relevaient que l’augmentation de capital “devrait être très dilutive”. “En l’absence des modalités relatives” à cette augmentation, ils maintenaient l’opinion “alléger” sur le titre.

Du côté suisse, les analystes de Helvea restaient aussi sur leur recommandation à “neutre”, “jusqu’à ce qu’il ait davantage de détails sur la transaction”.

Helvea observait que l’opération “faisait sens” pour Calida, mais notait que la prise d’une participation “stratégique” ne permettait “pas une consolidation de la cible” et qu’en outre Felix Sulzberger allait devoir se partager entre les deux groupes.