Les investisseurs optimistes sur une restructuration du capital d’EADS

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EADS (Photo : Eric Piermont)

[03/12/2012 15:26:15] PARIS (AFP) Les investisseurs attendaient avec optimisme lundi l’annonce d’un accord sur la restructuration du capital du groupe européen EADS qui réduirait le poids des Etats sans injecter trop d’actions sur le marché.

Le titre du groupe d’aéronautique et de défense, maison mère d’Airbus, s’appréciait de près de 2,5% lundi en milieu d’après-midi à la Bourse de Paris.

EADS avait fait savoir avant le début des échanges qu’il participait aux discussions avec les Etats sur la redistribution du capital “dans l’optique de préserver et de renforcer, si besoin, les intérêts de toutes les parties prenantes, à savoir les actionnaires, les clients et les employés”.

Les analystes ont interprété le message comme une confirmation de l’intention prêtée au groupe par plusieurs medias de procéder à des rachats de titres. Cela éviterait une chute du cours quand ses principaux actionnaires industriels les vendront. Avec une formidable trésorerie de 8 milliards d’euros, EADS en a les moyens.

Le groupe a réuni dimanche son conseil d’administration et une annonce sur le futur actionnariat du groupe était attendue lundi. “Nous y travaillons, un accord est proche”, a déclaré le président français François Hollande, mais “il n’est pas encore complètement signé”.

Les deux actionnaires de référence, le constructeur automobile allemand Daimler et le groupe de médias français Lagardère, veulent en effet sortir du capital pour se recentrer sur leur coeur de métier.

Daimler veut céder la moitié de ses parts (7,5% du capital), d’ici la fin de l’année, Lagardère toutes ses parts (7,5% également) au second semestre 2013.

Leur sortie sonnera la fin du pacte d’actionnaires qui les lie depuis 2000 aux trois Etats qui ont créé EADS, la France, l’Allemagne et l’Espagne.

Les Etats doivent donc trouver une nouvelle structure mais la donne a changé: ils ne pourront plus contrôler même indirectement que moins de 30% du capital, et non plus 51% comme à présent.

La loi néerlandaise, qui régit EADS domiciliée aux Pays-Bas, oblige en effet les actionnaires, individuels ou agissant en concert, à lancer une OPA sur l’ensemble de la société dès qu’ils atteignent le seuil de 30%.

Mais le rôle des Etats lui aussi doit changer.

Au départ, l’Allemagne s’était opposée à toute participation directe des Etats au capital, obligeant Paris et Madrid à créer des structures juridiques ad hoc, des feuilles de vigne. La France avait confié ses parts à Lagardère qui votait en son nom.

Berlin se reposait sur Daimler pour défendre les intérêts de l’Allemagne.

Aujourd’hui, après avoir cherché en vain un investisseur pour remplacer Daimler, l’Allemagne s’est résignée à laisser sa banque publique KfW monter au capital.

Dans le scénario le plus fréquemment évoqué, la participation de la KfW passerait de 1% à 12%. Elle rachèterait 6,5% au fonds d’investissement allemand Dedalus, formé de banques régionales publiques et d’investisseurs privés, et les 4,5% restants à Daimler.

Une autre hypothèse évoquée il y a deux semaines par le journal économique allemand Handelsblatt, où la KfW n’aurait rien racheté à Daimler, l’obligeant ainsi à mettre sa part sur le marché, avait affolé les investisseurs.

Le Handelsblatt rapportait que Berlin voulait acheter 3% du capital à la France, qui en détient 15%, amenant ainsi les participations des deux Etats à l’équilibre.

Mais Paris s’y est apparemment refusé. FO, principal syndicat chez Airbus, s’y est publiquement opposé le 29 novembre.

Au bout du compte, l’équilibre franco-allemand serait préservé en parquant 3% du capital que détient la France dans une structure juridique séparée, sans droits de vote.

Paris et Berlin auraient donc chacun 12% des droits de vote. La France conserverait 15% du capital, Berlin n’en aurait que 12%.

Même si l’Espagne conserve 5,5% des actions, la barre des 30% n’aura pas été franchie.