Défi pour la lutte anti-drogue, internet sert aussi à innover dans la prévention

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à Lyon, en octobre 2012 (Photo : Philippe Desmazes)

[16/11/2012 10:55:50] STRASBOURG (Conseil de l’Europe) (AFP) L’internet est un vaste supermarché en ligne pour la drogue, mais il offre aussi de nouveaux outils de prévention efficaces grâce à des sites d’accompagnement individualisé, selon des experts réunis au Conseil de l’Europe à Strasbourg.

L’anonymat sur certaines plate-formes permet à des sites d’e-commerce de mettre facilement en relation des trafiquants de drogue avec des milliers de clients, ont-ils expliqué cette semaine lors d’un colloque du groupe Pompidou, chargé de la lutte anti-drogue au sein de l’organisation paneuropéenne.

Par le biais du site internet Silk Road par exemple, “les affaires se font avec un échange d’e-mails cryptés” et l’achat se règle avec une monnaie virtuelle, a expliqué Antti Järventaus, un expert finlandais du groupe Pompidou.

Le LSD, la marijuana ou l’héroïne, a-t-il détaillé, sont “enveloppées, mises sous vide et envoyées à une poste restante, ou une poste classique parfois. Les clients n’ont pas besoin de rencontrer le dealer, ni de se déplacer dans des quartiers difficiles”.

Selon l’expert, ce seul site internet génère un chiffre d’affaires d’une vingtaine de millions de dollars par an pour la vente de drogue.

Mais si l’internet est “un défi majeur” dans la lutte contre le trafic de drogue, “c’est également un instrument très important de prévention”, a souligné Danielle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) et du groupe Pompidou.

Des outils “très souples”

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Une femme allume un joint de marijuana (Photo : Martin Bernetti)

“Know Cannabis” en Grande-Bretagne, “Jellinek” au Pays-Bas ou “Snow Control” pour la cocaïne en Suisse: des programmes thérapeutiques en ligne ont été créés pour accompagner les usagers qui souhaitent réduire ou stopper leur consommation.

Ces outils permettent aux internautes de communiquer avec un conseiller qui évalue leur état de dépendance, les aide à fixer un objectif raisonnable, puis suit l’évolution de leur thérapie via un journal de consommation, tenu pendant quatre à six semaines en moyenne.

“Vous discutez régulièrement avec un conseiller, en ligne, vous tenez un journal où vous notez votre consommation, vos états de manque, vous discutez avec d’autres utilisateurs sur des forums”, détaille Teodora Groshkova, de l’Observatoire européen des toxicomanies (OEDT).

Ces programmes, “très souples”, attirent des personnes “qui ne souhaitent pas entrer dans le type de traitement traditionnel”, et ce avec “des coûts de maintenance très faibles”, a argumenté la chercheuse.

Sur “Know Cannabis”, le nouvel inscrit enregistre le nombre de “joints” fumés dans la semaine écoulée, dresse une liste sur laquelle il répertorie les “avantages et inconvénients de la fumette”, et se fixe des objectifs personnels.

Une fois le programme démarré, l’usager s’engage à indiquer la quantité et la fréquence de sa consommation. Des graphiques, générés automatiquement, lui permettent ensuite de constater les progrès réalisés.

En 2007, le site britannique avait attiré 52.000 visiteurs, contre 33.000 l’année précédente. En revanche, sur le millier de personnes qui se sont enregistrées, 10% seulement sont allées jusqu’au bout du programme.

Mais pour Mme Groshkova, “les premières études montrent des résultats positifs”.

“Quit the Shit”, lancé en décembre 2004 en Allemagne, aiderait les quelque 500 inscrits annuels à réduire leur consommation de moitié.

“Le fait de proposer un traitement par l’internet est relativement nouveau, a-t-elle conclu. Il nous faut accroître nos recherches mais il s’agit d’un domaine prometteur”.