Le gouvernement surprend avec une prévision optimiste de croissance

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à Paris le 31 octobre 2012 (Photo : Martin Bureau)

[31/10/2012 13:27:59] PARIS (AFP) Le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a surpris mercredi en annonçant espérer une croissance “légèrement positive” au 3e trimestre, une vision jugée trop optimiste par les économistes alors que l’Insee prévoit un nouveau trimestre de stagnation économique.

“Je suis confiant sur la croissance française, raisonnablement”, a expliqué M. Moscovici, interrogé par BFM TV et RMC.

“Je pense que nous pourrions avoir au troisième trimestre, je l’espère, une croissance très légèrement positive”, a-t-il poursuivi, insistant: “il y a un environnement qui montre que, +oui+, ce pays a des ressources”.

Ces déclarations ont d’autant surpris que les mois de septembre et octobre ont été plutôt moroses pour l’économie française, poussant l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) à réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour les deux derniers trimestres et l’année en cours.

Pour 2012, l’Insee attend désormais une hausse du produit intérieur brut de 0,2% (contre +0,4% en juin), soit un peu en deçà des +0,3% escomptés par le gouvernement pour ramener le déficit public de la France à 4,5% du PIB fin décembre.

Pour les troisième et quatrième trimestre, l’institut qui doit publier le 15 novembre sa première estimation officielle pour la période de juillet à septembre, table sur une croissance zéro contre +0,1% et +0,2% auparavant.

Pour l’Insee, la récession est techniquement évitée. Toutefois, si elle se confirmait, cette prévision porterait à cinq le nombre de trimestres consécutifs de croissance zéro, une situation totalement inédite depuis l’Après-guerre.

Dans la foulée de ces nouvelles prévisions, la présidente du Medef Laurence Parisot s’était alarmée mi-octobre “d’un décrochage extrêmement violent” de l’économie de hexagone.

“Ce mois de septembre a été dans les entreprises françaises comme un mois d’août, c’est-à-dire que le téléphone n’a pas sonné, que le carnet de commandes ne s’est pas rempli”, avait-elle expliqué.

détente des taux sur les marchés européens”

De fait, les indicateurs publiés jusqu’ici ne sont pas au beau fixe. Le nombre de chômeurs a connu en septembre sa plus forte progression depuis avril 2009, (3,057 millions de personnes) quant au moral des ménages, il continuait d’être en berne en octobre.

Le moral des industriels français était quant à lui au plus bas depuis l’été 2009.

Malgré tout, M. Moscovici s’est dit “confiant”, voyant des signes positifs dans “la détente des taux sur les marchés européens” due à la réorientation de l’industrie européenne, dans “la croissance américaine ou britannique qui reprend”, ou encore “la production manufacturière (…) qui a repris au mois de juillet”.

Pour Marc Touati, du cabinet ACDEFI, cet optimisme ne paraît pas justifié. “La méthode Coué continue”, assure-t-il estimant que depuis cinq trimestres, les indicateurs avancés de la croissance annoncent une baisse du PIB qui ne se confirme pas.

“On a le sentiment que toute la véracité des chiffres ne transparaît pas dans les chiffres du PIB”, insiste l’expert selon lequel “la récession est là” de facto même cela n’est pas dit formellement.

Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), tempère, relevant également “des signaux qui ne sont pas négatifs” comme le recul des prix à la consommation en septembre (à -0,3% contre +0,7% en août).

Reste que l’OFCE s’attend à un recul du PIB à -0,1%.

“Il n’y a aucun moteur de croissance qui est allumé à l’heure actuelle mais au delà de tout ça, même s’il y avait +0,1%, ce ne serait pas suffisant”, poursuit-il.

Pour M. Heyer, le taux minimal de croissance trimestriel de la France devrait être de 0,4%, niveau clé, selon lui, pour enrayer la baisse du chômage et de relancer réellement l’économie.