L’Allemagne n’est plus à l’abri d’une perte de son “triple A”

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à la bourse de Francfort le 23 juillet 2012 (Photo : Fredrik Von Erichsen)

[24/07/2012 04:43:37] WASHINGTON (AFP) L’agence de notation financière Moody’s n’exclut plus de retirer à l’Allemagne, première économie en Europe, le fameux “triple A” reflétant sa solidité financière, en raison de “l’incertitude croissante” qui entoure la crise de la dette en zone euro.

Dans un communiqué publié lundi, Moody’s a annoncé qu’elle abaissait de “stable” à “négative” la perspective de l’Allemagne mais également des Pays-Bas et du Luxembourg, deux autres pays de la zone euro qui jouissent eux aussi de la note Aaa, la meilleure possible, censée leur permettre d’emprunter à moindre coût sur les marchés financiers.

Le ministère allemand des Finances a aussitôt réagi dans un communiqué en clamant que Berlin continuerait d’être une “ancre de stabilité” dans la zone euro.

“L’Allemagne va tout faire avec ses partenaires pour surmonter le plus rapidement possible la crise de la dette européenne”, a ajouté le ministère.

Dans son communiqué, Moody’s a également indiqué lundi qu’elle réexaminerait “à la fin du troisième trimestre” le triple A accordé à la France et l’Autriche, deux autres pays de la zone euro qu’elle avait déjà placés sous perspective négative en février.

Concrètement, le placement sous perspective négative signifie que l’agence n’exclut pas un abaissement de la note souveraine en cas de dégradation de la situation.

Même si elle n’en fait pas son “scénario de travail”, l’agence justifie tout d’abord sa décision par “la probabilité de plus en plus forte d’une sortie de la Grèce de l’euro” et de l'”impact plus large” qu’un tel événement aurait sur des pays déjà exsangues (Espagne, Italie) et sur l’ensemble de la zone euro.

Quel que soit le sort de la Grèce, Moody’s s’inquiète surtout de la “probabilité de plus en plus forte” que l’UE soit contrainte d’aider à nouveau d’autres Etats de la zone euro et que ce “fardeau” pèse avant tout sur les pays les plus solides de la zone.

“Etant donné leur plus grande capacité à absorber le coût lié à cette aide, ce fardeau devrait principalement peser sur les Etats les mieux notés (financièrement, ndlr) de la zone euro”, écrit l’agence.

Au total, six pays de cette région bénéficient encore d’un “triple A” accordé par Moody’s mais seule la Finlande jouit encore d’une “perspective stable”, que l’agence a confirmée lundi en soulignant la faible exposition de son économie et de son système bancaire aux vicissitudes européennes.

Mi-juillet, Moody’s avait dégradé de deux crans, de A3 à Baa2, la note de solvabilité de l’Italie, évoquant déjà un risque de “contagion” de la crise de la zone euro et suscitant de nombreuses protestations à Rome mais aussi au sein de l’Union européenne.

La dégradation des notes souveraines n’est pas toujours suivie d’effets sur les marchés.

Ainsi, en août 2011, l’agence Standard and Poor’s, l’une des trois à dominer le marché mondial de la notation, avait retiré son triple A aux Etats-Unis qui empruntent pourtant aujourd’hui à des taux historiquement bas sur les marchés financiers.