Tunisie : «Il faut gérer les questions sociales dans la transparence» (Khelil Ezzaouia)

khelil-31032012-art.jpgKhelil Ezzaouia n’est pas un adepte de la langue de bois. En dépit de la difficulté des dossiers qu’il doit gérer et des problèmes qu’il doit résoudre, le ministre des Affaires sociales a clamé haut et fort, du haut de la tribune du petit déjeuner–débat auquel la Tunisian British Chamber of Commerce (TBCC) l’a récemment convié pour une discussion autour du thème l’impact de l’environnement social –celui de la Tunisie post 14 janvier 2012- sur la compétitivité des entreprises, que «les questions sociales doivent être gérées dans la transparence». Et, partant, le parler-vrai.

Joignant le geste à la parole, le ministre a appelé à un débat franc et à une prise de décisions courageuses sur deux dossiers particulièrement difficiles: la sous-traitance et le traitement de la pauvreté.

La sous-traitance est aujourd’hui l’une des questions les plus controversées. On se rappelle qu’il y a exactement une année, le gouvernement Caïd Essebsi avait cédé aux pressions de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), et conclu avec cette dernière un accord supprimant la sous-traitance. La suppression de la sous-traitance dans le secteur public a mis fin aux souffrances de 31.000 ouvriers de nettoyage et de gardiennage, en activité dans les administrations et établissements publics. Toutefois, cette décision a mis en difficulté les entreprises fournissant des services de sous-traitance, même si l’interdiction de cette activité ne concerne que le secteur public.

Mais ce n’est pas pour cette raison que l’actuel gouvernement pourrait remettre ce dossier sur la table des négociations annoncées avec l’UGTT, ainsi que le donnent à penser les propos de Khelil Ezzaouia, devant les adhérents de la TBCC. Pour le ministre des Affaires sociales, «la Tunisie ne peut pas constituer une exception» en interdisant la sous-traitance. Selon lui, «l’ancien régime a tout fait pour décrédibiliser ce mode de fonctionnement devenu comme de l’esclavage». Mais tout en clamant qu’une telle situation n’est plus possible aujourd’hui, le membre du gouvernement Jebali affirme que «cela ne veut pas dire que le système est à rejeter, sinon on va aller vers la précarité de l’emploi et le manque d’offres dans ce domaine».

Autre dossier chaud, sur lequel le gouvernement entend agir … à froid, celui de la pauvreté. Plusieurs actions ont déjà été engagées en vue de venir en aide aux franges les plus démunies de la population. Tout en se préparant à mener un travail de fond en vue de mieux cerner que par le passé l’étendue de la pauvreté dans le pays –à cet effet, le gouvernement entend réaliser un répertoire-, les pouvoirs sont en train, notamment, d’aider 235.000 familles -à raison de 100 dinars par mois- dont 26.000 bénéficient également d’un programme mis en œuvre avec le Programme alimentaire mondial (PAM).

Mais tout en faisant ces efforts, le gouvernement est déjà convaincu, comme l’a déclaré M. Ezzaouia, qu’«on doit tourner la page de l’assistanat». Certes, estime le ministre, «on ne doit pas aujourd’hui prononcer ces mots tabous, mais plus tard il faudra revoir tout cela car un pays ne peut pas se développer avec l’assistance».