A Toute Allure – Tunisie : Déferlement de haine!

La police de la République a annoncé qu’il n’ya pas eu d’accrochage devant le
Théâtre municipal dimanche dernier (25 mars 2012) entre les artistes et les
salafistes. L’artiste «républicaine» Jalila Baccar atteste du contraire et
déclare s’être déplacée avec l’avocate Saïda Garrach jusqu’au ministère de
l’Intérieur pour alerter la police républicaine et avoir été elles-mêmes
agressées au retour, au point de se voir obligées de se refugier à l’Hôtel
Africa. Sans Commentaire aucun. Nous avons toujours aimé toutes les versions de
Madame Jalila Baccar et nous continuerons à toujours les aimer.

Dans tous les cas de figure, la liste des agressions de ces salafistes et autres
énergumènes est devenue trop longue et les silences de la police trop lourds, et
à chaque fois on nous sort un nouvel argument. Les Syndicats de police sont
formels, les agents n’ont pas d’ordre et alors ils restent sur la défensive.
Même si on touche au drapeau, même si on appelle à tuer Essebsi au su et au vu
de tous et en enregistrement. D’ailleurs, le prêcheur qui a appelé à tuer
l’ancien Premier ministre et les
bourguibistes se manifeste dans la presse et
cherche des arguments pour se défendre en disant qu’il entendait par «tuer Sebsi»,
le tuer politiquement. C’est maintenant la rhétorique qu’on appelle à la
rescousse.

Le déferlement de cette haine viscérale chez certains est de nature à nous
demander jusqu’où allons-nous dans l’escalade. Beaucoup de nos concitoyens,
beaucoup des amis de la Tunisie à l’extérieur, se sentent déboussolés. A ce
point un demi-siècle de dictature à façonner l’esprit des Tunisiens au point de
leur faire oublier leur ouverture légendaire, leur largesse d’esprit et leur
altruisme?

Mais quand on creuse un peu, on trouve des réponses. Voilà un des leaders du
mouvement salafiste Jihadia qui nous tient un discours édifiant dans un journal
de la place. Il déclare son allégeance à l’idéologie d’Al Qaïda et affirme
combattre pour l’avènement d’un Etat islamique en Tunisie; et il va même jusqu’à
vilipender Ali Laaryedh et le menacer si le ministère de l’Intérieur poursuit
les salafistes.

De son côté, Ridha Belhaj, le leader de Hezb Ettahrir déclare, après l’annonce
du mouvement
Ennahdha sur l’Article premier de la Constitution que la rue fera
le nécessaire pour «atteindre les buts de la révolution» trahi par le mouvement
de Ghannouchi, selon lui. On ne peut être plus clair.

Les sociologues, les psychologues et les politologues trouveront peut-être des
explications à cette tendance extrémiste qui s’est emparée de certains Tunisiens
et qui risque, si rien n’est fait, de les amener tôt ou tard à une confrontation
avec la police ou avec les citoyens. Confrontation qui ne sera sûrement pas
pacifique pour longtemps surtout quand on voit, comme dimanche dernier, le
nombre d’épées, de gourdins et autres bâtons levés par des jeunes qui cherchent
à en découdre. Nous osons espérer que des gens sensés peuvent encore calmer le
jeu dans le camp de ces extrémistes et leur faire entendre raison. Sinon la
République sera obligée de se défendre.

Espérons qu’on saura ne pas aller jusque-là!