Après l’accord européen, la Grèce entame un rush législatif

photo_1329936366973-2-1.jpg
èns, le 22 février 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[22/02/2012 18:48:55] ATHENES (AFP) La Grèce a entrepris de faire voter en un temps record une série de réformes législatives permettant la mise en oeuvre du plan de sauvetage tout juste adopté et de sa cohorte de mesures de rigueur, contre lesquelles les syndicats n’ont mobilisé mercredi que de maigres cortèges.

Au lendemain de l’accord conclu au forceps par la zone euro, la première riposte des syndicats grecs était attendue avec intérêt.

“Tous ensemble nous pouvons balayer les nouvelles coupes sur les retraites”, promettaient la Confédération générale des travailleurs, GSEE (privé), et la Fédération des fonctionnaires, Adedy (public), renforcées par un appel du syndicat pro-communiste Pame.

Ils ont été environ 5.700 à Athènes, 2.000 à Salonique à se ranger derrière les banderoles protestataires proclamant “A bas le mémorandum de la famine et de la soumission aux étrangers!”, en référence au nouveau programme de rigueur inclus dans le plan de renflouement et de désendettement débloqué en faveur de la Grèce.

La dernière mobilisation massive, assortie d’affrontements violents, remonte au dimanche 12 février lorsque plus de 100.000 personnes, dont 80.000 à Athènes, avaient manifesté contre le vote au parlement d’un accord de principe sur ce tour de vis réclamé par les créanciers de la Grèce en échange du nouvelle aide.

Ce plan de sauvetage d’une ampleur inédite a finalement reçu dans la nuit de lundi à mardi le feu vert des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Il prévoit d’une part un volet d’aide publique –des prêts, pour l’essentiel– à hauteur de 130 milliards d’euros jusque fin 2014, après un premier programme de soutien à la Grèce décidé en mai 2010 qui avait atteint déjà 110 milliards d’euros, en partie versés.

L’autre volet porte sur un effacement de la dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés, banques et fonds d’investissement. Ce PSI, tiré de l’acronyme anglais private sector involvement, va permettre d’alléger la dette souveraine grecque de 107 milliards d’euros au prix d’une décote sur la valeur nominale des titres de 53,5% et de pertes réelles pour les banques détentrices des titres supérieures à 70% de leur mise initiale.

photo_1329936424049-2-1.jpg
élos Vénizélos, le 21 février 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

L’ensemble de l’aide vise à éviter un défaut de paiement de la Grèce le 20 mars, date à laquelle le pays doit rembourser 14,5 milliards d’euros.

Accueilli avec beaucoup de réserves par les marchés et analystes qui doutent de voir la Grèce sortir la tête de l’eau, cet accord a même entraîné mercredi l’abaissement par l’agence de notation Fitch de la note de la dette à long terme de la Grèce qui perd deux crans à “C”, contre “CCC” auparavant.

Et le gouvernement grec a revu mercredi à la hausse (à 6,7%) sa prévision de déficit 2012 pour cause de récession plus importante que prévu en 2011. La Grèce vit sa cinquième année consécutive de récession.

Imperturbable, le Premier ministre Lucas Papademos a répété mercredi que “les décisions qui ont été prises et celles qui seront prises vont contribuer à la relance de l’économie grecque”.

L’accord trouvé avec ses partenaires européens impose maintenant à Athènes un calendrier très serré pour traduire dans sa législation les décisions validées à Bruxelles.

“Beaucoup de choses doivent encore être accomplies dans les trois prochaines semaines”, avait rappelé mardi soir le Premier ministre.

Jeudi soir, les députés doivent voter le projet de loi sur le PSI qui formulera les termes précis de l’opération d’échange d’obligations entre l’Etat grec et ses établissements créanciers. Ce texte a été examiné mercredi par la commission économique du parlement.

Les créanciers privés volontaires pour l’échange de titres se feront connaître d’ici le 9 mars et l’opération elle-même aura lieu le 12 mars.

Le temps presse en prévision de l’échéance du 20 mars, a insisté mercredi le ministre des Finances Evangelos Venizelos, car comme il faut une semaine pour décaisser l’argent, c’est dès “le 14 mars que la Grèce fera face à des problèmes de liquidités”, si sa dette n’est pas réduite d’ici là.

Deux autres projets de loi importants sont à l’ordre jour du parlement: l’un réforme le système de santé publique en abaissant les dépenses de santé d’un milliard d’euros en 2012. L’autre porte sur l’ensemble des mesures budgétaires qu’avaient exigées les créanciers du pays avant le déblocage de la deuxième aide financière pour le pays.

Déjà déposée au parlement, cette loi qui sera votée dans quelques jours prévoit notamment des coupes de 12% dans les retraites principales supérieures à 1.300 euros par mois ainsi que des diminutions des retraites complémentaires, venant s’ajouter à une longue liste de sacrifices financiers consentis par les Grecs depuis le début de la crise de la dette en 2010.