Violences à Rome, interpellations à New York pour la journée mondiale des “indignés”

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le 15 octobre 2011 (Photo : Alberto Pizzoli)

[16/10/2011 06:38:24] NEW YORK (AFP) D’Europe aux Etats-Unis en passant par le Chili, la première journée mondiale des “indignés” a réuni samedi des dizaines de milliers de personnes et a été marquée par des violences à Rome et des dizaines d’interpellations à New York.

Sous les slogans “Peuples du monde, levez-vous” ou “Descends dans la rue, crée un nouveau monde”, les “indignés” avaient appelé à manifester dans 951 villes de 82 pays, selon le site 15october.net, contre la précarité liée à la crise et le pouvoir de la finance.

Samedi soir devant Times Square à New York, la police américaine a procédé à 71 interpellations à l’issue d’une manifestation anti-Wall Street qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, selon un bilan de la police.

Les manifestants ont été immédiatement embarqués dans plusieurs fourgons de police, a constaté un journaliste de l’AFP.

Plus tôt, la police à cheval avait repoussé des manifestants qui essayaient de pénétrer sur la place. Une personne avait été blessée en tombant à terre lorsque la foule paniquée s’était mise à courir.

“Chaque jour, chaque nuit, occupons Wall Street”, “Nous sommes le peuple”, “Nous voulons du travail”, scandaient les manifestants.

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à Rome en marge de la manifestation des infignés, le 15 octobre 2011 (Photo : Alberto Pizzoli)

A Washington, plusieurs milliers d’autres “indignés” ont fait cause commune pour manifester contre la “rapacité” de la finance, pour “l’emploi et la justice”.

Quelque 300 manifestants se sont rassemblés en devant la Maison Blanche et le département du Trésor contre la “mafia financière”, avant de rejoindre un autre rassemblement, fort de plusieurs milliers de personnes, réunies à l’appel d’une vingtaine d’organisations.

Plus de 10.000 Canadiens ont également manifesté, pancartes ou guitares en main, dont 5.000 à Toronto, dans le quartier financier.

Leurs exigences allaient d’une meilleure répartition des richesses à “la vérité derrière 9/11”, ou à la “défense des droits des animaux”.

En Europe, des violences spectaculaires ont éclaté à Rome, faisant 70 blessés, dont trois graves, en marge du défilé qui a réuni des dizaines de milliers de personnes, sous des pancartes proclamant “Une seule solution, la Révolution!” ou “Nous ne sommes pas des biens dans les mains des banquiers”.

Des éléments incontrôlés ont envahi un hôtel de luxe, fracassé les vitrines de banques et mis le feu à une annexe du ministère de la Défense. Plusieurs voitures ont été incendiées.

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à Times Square à New York le 15 octobre 2011 (Photo : Emmanuel Dunand)

En fin de journée, la place historique de la basilique Saint-Jean de Latran était transformée en champ de bataille. La police a chargé des centaines de jeunes qui lançaient fumigènes, cocktails Molotov et bouteilles contre les forces de l’ordre, tandis que les manifestants pacifiques quittaient la place les bras en l’air pour ne pas être confondus avec les casseurs.

A Athènes, épicentre de la crise financière européenne, plusieurs milliers de manifestants se sont massés en soirée devant le parlement, dans une ambiance bon enfant.

Au Portugal, autre pays durement touché par la crise, 50.000 personnes de tous âges ont défilé à Lisbonne, aux cris de “FMI dehors”, rangées derrière une banderole proclamant “Stop troïka”, en référence aux créanciers du Portugal (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).

A Madrid, berceau du mouvement né le 15 mai, des dizaines de milliers de personnes ont convergé jusqu’à la Puerta del Sol, place emblématique que les “indignés” avaient occupée pendant un mois au printemps.

“Le problème, c’est la crise, révolte-toi”, proclamait une grande banderole en tête de la marche. Dans la soirée, une marée humaine a envahi la place, où les manifestants se sont figés dans un “cri muet”, symbole de l’oppression.

A Londres, où des heurts mineurs avec la police se sont produits à la mi-journée. 800 “indignés” se sont rassemblés dans la City et ont reçu le renfort inopiné du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, en liberté conditionnelle près de Londres en attendant une éventuelle extradition vers la Suède où il est poursuivi pour viol.

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à Madrid le 15 octobre 2011 (Photo : Dominique Faget)

“Nous soutenons ce qui se passe ici parce que le système bancaire à Londres est le bénéficiaire d’argent issu de la corruption”, a-t-il lancé sur les marches de la cathédrale Saint-Paul, où étaient massés les manifestants.

Les “indignés” ont bénéficié aussi de la compréhension du gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi, qui doit prendre la tête le mois prochain de la Banque centrale européenne.

“Les jeunes ont raison d’être indignés”, a déclaré M. Draghi à des journalistes en marge de la réunion du G20 à Paris. “Ils sont en colère contre le monde de la finance. Je les comprends”, a déclaré cet économiste de 64 ans, tout en déplorant les incidents de Rome.

Aux Pays-Bas, un millier de manifestants se sont rassemblés à La Haye, autant sur la place de la Bourse à Amsterdam, et un millier aussi sur la Paradeplatz à Zurich, place emblématique de la finance suisse, tandis que Paris a rassemblé plusieurs centaines d'”indignés”.

Dans les Balkans, les rassemblements ont réuni environ 3.000 personnes à Zagreb et des centaines dans d’autres villes, dont Sarajevo et Belgrade.

Des rassemblements ont aussi eu lieu en Amérique latine. Plus de 5.000 “indignés” chiliens ont ainsi défilé à Santiago.

Les protestataires avaient ciblé les hauts lieux de la finance mondiale, telle la BCE à Francfort, devant laquelle 5.000 à 6.000 personnes se sont rassemblées.

“D’Amérique jusqu’en Asie, d’Afrique à l’Europe, les peuples se lèvent pour revendiquer leurs droits et réclamer une vraie démocratie”, affirme le manifeste du 15 octobre.

“Les puissances travaillent pour le bénéfice de quelques-uns, ignorant la volonté de la grande majorité. Cette situation intolérable doit cesser”, proclame encore le texte.