Tunisie – Ministre de la Planification : Les préalables à un retour de l’investissement

Au cours de notre récent entretien avec Abdelhamid Triki, ministre de la
Planification et de la Coopération internationale, la question de
l’investissement a été soulevée, notamment en ce qui concerne les nouvelles
orientations du pays en matière de gouvernance, de transparence et de réformes
économiques, à même de rassurer les investisseurs nationaux et internationaux.

M. Triki a rappelé à ce sujet que la mauvaise gouvernance au niveau de
l’investissement privé a coûté à la Tunisie 2 points de croissance durant les 15
dernières années. Ce qui se serait traduit par la perte de 40.000 postes
d’emplois
par an. Le deuxième obstacle au développement de l’investissement
touche aux ressources qui auraient dû servir pour le développement des
équilibres sociaux et à l’amélioration des conditions de vie mais qui ont été
détournées, souligne M. Triki.

En dépit de toutes ces défaillances, le ministre de la Planification a souligné
qu’«il faut être fier, car malgré toutes ces défaillances, grâce à l’éducation
et au niveau des qualifications des Tunisiens, même les étrangers qui étaient au
courant de la non transparence du climat d’affaires restaient parce qu’ils
avaient confiance dans le niveau de compétence des Tunisiens et la capacité de
la main-d’œuvre à apprendre rapidement et à s’adapter».

Soutenir l’investissement

Le ministre a ensuite affirmé que «les réformes politiques ont été d’ores et
déjà amorcées. Pour ce qui est des réformes économiques, il va y avoir des
réformes structurelles qui seront appuyées par nombre d’institutions
internationales, ce qui nous donnera encore plus de crédibilité. Tout d’abord au
niveau de la gouvernance, de l’information, de la gestion des marchés publics,
des formalités et des procédures administratives ».

Au niveau du secteur financier, des réformes non pas structurelles, mais
immédiates pour rassurer les Tunisiens et les étrangers sur la solidité de la
situation seront annoncées.

La sécurité sera, par ailleurs, la priorité de la Tunisie, qui serait capable de
réaliser 5 à 6% de croissance, et dans les deux ou trois années 7 à 8%. Pour le
ministre de la Planification, «le gouvernement provisoire ne pourra pas résoudre
tous les problèmes et tout de suite. La priorité des priorités aujourd’hui est
le retour de la sécurité et la rationalisation des doléances. Parer au plus
urgent sans hypothéquer l’avenir du pays».

Pour M. Triki, «la transition est rapide et inattendue, il faut la gérer. Plus
vite nous nous remettrons au travail, plus vite nous rétablirons la sécurité et
plus rapidement les investisseurs étrangers viendront en Tunisie».

Les choix de la Tunisie en matière d’ouverture et de libéralisme économique

Pour le ministre de la Planification, il y a des facteurs objectifs qui n’ont
rien à voir avec les personnes ou les orientations politiques. L’économie
tunisienne est de petite taille, si elle se limite uniquement au marché
intérieur sans s’ouvrir sur son environnement immédiat, maghrébin, européen et
international, elle ne pourra satisfaire ni les besoins de la population ni les
demandes additionnelles en matière d’emploi, surtout si elle recourait au
protectionnisme.

Pour augmenter les revenus par tête d’habitant, pour améliorer les conditions et
la qualité de vie des Tunisiens, financer les infrastructures, la Tunisie a
besoin de ressources et de financements extérieurs, le pays ne pourra jamais se
refermer sur lui-même.

Le secteur public à lui seul, et pour des contraintes budgétaires, ne peut
investir dans les infrastructures de base, dans le commerce, les services et
l’industrie. Le ministre estime que l’Etat doit préparer le terrain pour le
secteur privé pour qu’il assure la réalisation de projets économiques, afin que
le partenariat public/privé soit plus rationnel et plus concret.