Tunisie – décisions annoncées par le Président : La confiance n’y est plus!

«La seule chance pour que le pays obtienne de nouveau la confiance des
opérateurs économiques et celle du peuple, c’est que deux structures importantes
changent de main, la Banque centrale -une institution garante de la transparence
et de la rationalité des décisions économiques et financières. Les liens
positifs entre le développement du secteur financier, la productivité et la
croissance ne sont pas à démontrer. Egalement l’Administration, gérée à ce jour
par des personnes qui n’avaient pas la consistance, le courage et l’audace
nécessaires pour gérer leurs départements en toute indépendance et de manière
responsable. Ces gens là dont la loyauté envers leurs postes étaient plus
importante qu’envers leur pays doivent laisser la place à d’autres plus soucieux
des intérêts supérieurs de la Nation».

On ne peut pas refaire la même soupe avec les mêmes ingrédients, cela s’entend.
La confiance n’y est plus, personne n’y croit plus et plus tôt on le
reconnaîtra, mieux ce sera.

D’après ce même économiste, les mesures prises concernant la réduction des prix
des biens de consommation de base revêtent plutôt un caractère démagogique
visant à calmer la colère de la rue. «Les véritables problèmes des Tunisiens se
situent bien au-delà des prix du sucre, du lait ou du pain», dit-il.

Il est facile de saisir que les revendications des Tunisiens aujourd’hui sont
passées à un stade supérieur. Ce qu’ils veulent, ce qu’ils exigent même c’est de
juger et de questionner tous ceux qui, pendant des années, ont été complices de
corruption, de détournement de fonds, d’acquisition de bien publics et privés en
toute illégalité, tous ceux qui se sont soumis à une autorité autre que celle
des intérêts du pays et du peuple.

Les revendications des Tunisiens vont vers la légitimation des élus, lesquels,
dans leur grande majorité, n’ont pas assuré leur rôle de dignes représentants et
de défenseurs des intérêts du peuple et du pays et qui ont plutôt choisi de se
taire et d’être les complices de la spoliation des biens du peuples et du pays
et parfois d’en profiter…

La Tunisie n’accordera plus sa confiance aux personnes mais aux institutions,
lesquelles on s’est acharné à vider de toute consistance, qui doivent primer
désormais. Les seules garantes de la démocratie, de la liberté, de la bonne
gouvernance, du pluralisme et de la transparence sont des institutions bien
fondées et qui ont le poids et la suprématie légale et légitime pour faire face
à tous les abus et prévenir tous les dépassements de tout et de tous. Elles
doivent être gardiennes du respect de la Constitution et de la loi.

Personne ne peut nier l’importance des institutions dans le développement et la
croissance économiques. D’après les experts, «le PIB par habitant est
étroitement lié à des différences dans la qualité des institutions, mesurée par
un ou plusieurs indices de gouvernance, intégrant par exemple la participation
des citoyens, la stabilité politique ou le poids de la réglementation».

Le rôle des médias est également, aujourd’hui, plus important que jamais, à
savoir celui d’informer, de dénoncer, de ne plus se taire. D’après Soufiane
Farhat, journaliste, écrivain et candidat au nouveau bureau de l’Association des
Journalistes tunisiens, «les médias ont été plutôt une partie de la crise que
vit aujourd’hui la Tunisie qu’un ingrédient fondamental de la solution. La
non-couverture initiale d’un fait grave (l’immolation par le feu du jeune
Mohamed Bouazizi), puis l’ignorance délibérée des manifestations pacifiques qui
s’ensuivirent, puis la dénaturation des faits et la diabolisation des
protestataires n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu. Le rôle des médias,
c’est tout simplement d’informer. Les faits sont sacrés, le commentaire est
libre».