Prix du lait : nouvelles négociations entre producteurs et industriels cette semaine

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ège de l’entreprise à Paris le 12 août 2010. (Photo : Patrick Kovarik)

[15/08/2010 08:06:01] PARIS (AFP) L’avancée obtenue jeudi par les éleveurs sur la hausse des prix du lait reste à confirmer lors des négociations la semaine prochaine entre producteurs et fabricants de laitage qui ne veulent pas céder sur l’écart de compétitivité entre la France et l’Allemagne.

Interrompues depuis près d’un mois, les négociations entre éleveurs et cinq laiteries devraient reprendre pour aboutir d’ici la fin de la semaine prochaine.

Une première victoire pour les producteurs qui ont décidé de lever l’appel au boycott de certains produits des entreprises qui étaient dans leur collimateur: les coopératives Laïta et Sodiaal (qui fabrique notamment les yaourts Yoplait) et les industriels comme Lactalis (Camembert Président), Bel (Vache qui rit) et Bongrain (Caprice des Dieux).

A part le groupe Bel qui a accédé à toutes les demandes des éleveurs, les autres sont restés fermes sur leur position: pas de hausse des prix sans engagement sur une réduction de l’écart des prix entre le lait français et allemand, moins cher.

Chaque partie a toutefois fait un pas. Les entreprises ont accepté que soit reporté de quelques mois le “réajustement” du prix français sur l’allemand, tandis que les producteurs ont consenti à la création de ce critère.

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ège de Bel à Paris le 12 août 2010 (Photo : Patrick Kovarik)

“La piste de travail sur laquelle nous nous sommes engagés à travailler et à aboutir consiste à la mise en place d’un indicateur de compétitivité avec l’Allemagne au 1er janvier 2011”, a déclaré à l’AFP Dominique Chargé, président de la fédération nationale des coopératives laitières (FNCL).

En attendant pour le dernier semestre 2010, l’accord du 3 juin fera référence, a ajouté M. Chargé, également président de la coopérative Laïta, l’une des cinq laiteries qui ont reçu la visite des éleveurs.

L’application de cet accord doit permettre une hausse du lait qui atteindra en moyenne 301 euros pour 2010, ce que réclamaient les producteurs. Beaucoup plus que les 313,6 payés par Lactalis, par exemple.

Un prix refusé par les éleveurs qui entendaient profiter de la reprise sur les marchés mondiaux, surtout après avoir subi une année 2009 “catastrophique” avec une baisse de plus de 50% de leurs revenus.

M. Chargé pose toutefois ses conditions: outre un accord sur un critère pour gérer la compétitivité franco-allemande, la hausse pour 2010 ne sera accordée que si l’interprofession trouve un terrain d’entente sur la contractualisation et la gestion des volumes de production.

Selon lui, ces paramètres sont indispensables pour donner de la lisibilité à la filière laitière.

L’accord du 3 juin 2009, obtenu à l’issue d’une énième crise du lait, ne comportait pas ce critère de compétitivité. Mais au fil des mois le prix du lait français décrochant par rapport au lait allemand, les industriels, confrontés à de sérieux problèmes de compétitivité, avaient réussi à l’imposer. Celui-ci devait entrer en vigueur au 1er juillet pour les prix du 3ème trimestre.

L’interprofession n’a cependant jamais réussi à se mettre d’accord sur son mode de calcul, un échec à l’origine de cette nouvelle crise du lait.

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à la sortie du conseil des ministres à l’Elysée le 7 juillet 2010 (Photo : Eric Feferberg)

“Les producteurs ont accepté que cet indicateur soit discuté pour 2011. C’est ça qui a fait avancer les discussions”, a reconnu de son côté Dominique Barrau, secrétaire général de la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) qui se dit “confiant”.

Sous la pression du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, appelant jeudi matin à un accord “dans les heures qui viennent”, les laiteries ont donné du lest. Il avait demandé de procéder “par étapes”: “réglons dans les heures qui viennent la question du prix du lait pour 2010 puis ensuite regardons la question de la compétitivité avec l’Allemagne”, a-t-il dit.