François Baroin, un fidèle de Chirac devenu sarko-compatible

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çois Baroin à l’Elysée le 9 mai 2007. (Photo : Patrick Kovarik)

[22/03/2010 20:38:25] PARIS (AFP) François Baroin, 44 ans, nommé lundi ministre du Budget en remplacement d’Eric Woerth, est un chiraquien soucieux de consensus mais qui s’est distingué depuis l’élection de Nicolas Sarkozy comme une voix dissonante au sein de la majorité.

“Je suis chiraquien, j’ai construit ma vie politique autour de Jacques Chirac”, rappelait en mai 2009, celui dont l’entrée au gouvernement incarne l’ouverture aux chiraquiens, alors qu’il s’est opposé frontalement au président Sarkozy sur des sujets comme la nomination à la tête de France Télévisions, l’Otan ou le travail du dimanche.

Plusieurs fois membre de gouvernement sous son mentor, il a été ministre de l’Outremer (2005-2007), puis de l’Intérieur quelques mois en 2007.

Son entrée au gouvernement Fillon dément la promesse que Nicolas Sarkozy lui avait faite en 2007 et que lui-même se plaisait à rappeler en y souscrivant: “cinq semaines à l’Intérieur, cinq ans à l’extérieur”

Fils de Michel Baroin, ancien Grand Maître du Grand Orient de France et président de la GMF et de la FNAC (décédé en 1987 dans un accident d’avion), il est né le 21 juin 1965 dans le XIIème arrondissement de Paris.

Eduqué au lycée catholique Stanislas (Paris VIè), il défend sans relâche la laïcité -“ni positive, ni négative”- mais comme “valeur absolue”.

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érémonie marquant la défaite des nazis le 8 mai 2007 à Paris. (Photo : Patrick Kovarik)

Il fut en pointe dans le débat sur l’interdiction du voile intégral prônée par son collègue et ami Jean-François Copé, et a animé à ses côtés un groupe de travail sur le sujet.

“Baroin, c’est l’homme du consensus, plus que des idéologies. Et il a finalement basculé à droite sous l’égide de son parrain Jacques Chirac”, confie sous couvert de l’anonymat un ancien confrère d’Europe 1 où il a débuté comme journaliste en 1988 avant de faire ses premiers pas en politique.

“On est frappé par son sérieux et sa pratique immodérée de la langue de bois en public, et la manière dont il se lâche en privé. C’est d’ailleurs un grand spécialiste de la contrepéterie”, confie le même.

Derrière un air d’éternel étudiant qui lui valurent un temps le sobriquet de Harry Potter, François Baroin est un politique discret, accompli, au verbe affûté.

Conseiller municipal à 24 ans à Nogent-sur-Seine (Aube), il devient député à 28 ans, après avoir décroché la troisième circonscription de l’Aube en 1993. Il se frotte brièvement à l’exécutif à 30 ans, comme porte-parole du gouvernement Juppé (juin 1995), sitôt après l’arrivée de Jacques Chirac à l’Elysée. Il est débarqué cinq mois plus tard.

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ésident Jacques Chirac (G), au côté du ministre de l’Outre-mer François Baroin , prononce un discours, le 13 juillet 2006 au ministère de l’Outre-mer à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Retrouvant son fauteuil de député de l’Aube en 1997, il intègre peu à peu les plus hautes instances dirigeantes de l’UMP, après avoir rejoint le barreau de Paris en 2001.

Secrétaire général délégué du mouvement en 2004, il accède sans faire de bruit au poste de conseiller politique du président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, la même année.

Plus récemment, avant le remaniement du gouvernement Fillon IV en mai 2009, il fut l’un des premiers à prôner l'”ouverture” à droite plus qu’à gauche.

Désormais, c’est lui qui l’incarne au gouvernement, au lendemain de la lourde défaite aux régionales subie par la droite désertée par tout une frange des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2007.

A la veille du second tour régional, le député de l’Aube avait fixé à l’exécutif une feuille de route très sociale, en ces temps de crise: “retraites, emploi, et logement”.

Cet amateur de tennis et de pêche à la truite, dans “un petit ruisseau en Creuse” expliquait en mai 2006 : “ma nature c’est de mettre de l’huile dans les rouages”, “pas sur le feu”.