Grèce : le vainqueur des législatives devra remettre l’économie sur les rails

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élections législatives, le 02 octobre 2009 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[04/10/2009 10:26:40] ATHENES (AFP) Conservateur ou socialiste, le vainqueur des élections législatives du 4 octobre en Grèce devra retrousser ses manches pour assainir les comptes mis à mal par la crise financière et lancer les réformes de fond réclamées depuis des années par tous les organismes internationaux.

Sous surveillance européenne, le vainqueur n’aura pas d’état de grâce, avertissent les analystes économiques et financiers: il lui faudra dans les plus brefs délais présenter à Bruxelles, à la fin du mois, son plan d’assainissement de l’économie pour rétablir les équilibres financiers.

L’Union européenne a lancé en avril dernier une procédure pour déficit excessif contre la Grèce, la deuxième en cinq ans.

Le déficit public évalué au début de l’année à 3,7% puis à 5,7% est maintenant estimé à 6%, selon le ministre de l’Economie, Yannis Papathanassiou, beaucoup plus, selon les experts européens.

La Grèce doit aussi résorber son énorme dette publique qui devrait atteindre plus de 100% à la fin de l’année, l’une des plus fortes de la zone euro, et qui pèse sur toute l’activité économique. Plus de 10 milliards d’euros, 5% des ressources publiques, sont allouées au service de la dette, soit autant que le budget de la santé et le double du budget de l’éducation.

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éou agitent des banderoles aux couleurs du candidat aux élections législatives, le 1er octobre 2009 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, a rappelé à l’ordre les dirigeants grecs à la mi-juin pour qu’ils contrôlent “une fois pour toute” les dépenses publiques. “Je ne cesserai de répéter que la Grèce est obligée d’adopter des mesures sévères et rigoureuses pour arrêter le déraillement systématique de ses budgets”, avait-il souligné.

Le pays a été le premier bénéficiaire des fonds européens en 2008 parmi les 27, avec 6,3 milliards d’euros de subventions nettes (2,68% du PIB), a rappelé la semaine dernière la Commission.

Pendant des années, Athènes a profité d’une croissance à tout crin de l’ordre de 4%, grâce notamment à l’argent européen, mais, touchée par la crise, elle est maintenant au bord de la récession et ne peut retarder les réformes structurelles indispensables à son développement.

Ses deux principales ressources, le tourisme et la marine marchande sont en panne et devraient accuser des pertes pour 2009 de plusieurs milliards d’euros. Le chômage a grimpé à 8,6% en juin dernier contre 7,3% un an auparavant.

La Grèce doit appliquer “sans tarder” des réformes importantes afin d’assainir ses finances, a insisté cet été le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

Pour retrouver une croissance élevée, “il faut renforcer la compétitivité et entamer sans retard des réformes structurelles de grande envergure”, a-t-il souligné, préconisant “le renforcement de la transparence et de l’efficacité de l’administration”, “l’ouverture des marchés des marchandises et des services”, ainsi que “des réformes sur le marché d’emploi”.

Les deux principaux candidats, le Premier ministre conservateur Costas Caramanlis, au pouvoir depuis cinq ans, et le chef de l’opposition socialiste Georges Papandréou, ont présenté des voies diamétralement opposées pour sortir le pays de la crise.

M. Caramanlis qui a convoqué les élections anticipées en raison des conséquences de la crise a promis deux années de rigueur et d’austérité et une lutte accrue contre la fraude fiscale pour remettre le pays sur les rails.

M. Papandréou, en revanche, a proposé une relance de l’économie en promettant une hausse des salaires et retraites supérieure à l’inflation en 2010. Il a annoncé “un plan de cent jours” pour tonifier les marchés, renforcer l’emploi et assainir les comptes publics. Il a indiqué qu’il négocierait un nouveau pacte de stabilité et de croissance de trois ans avec la Commission.