Démarrage en douceur du disque haute définition Blu-ray, successeur du DVD

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évrier 2008 à San Francisco de disques haute définition Blu-ray (G) et de disques haute définition DVD. (Photo : Justin Sullivan)

[24/12/2008 08:29:26] PARIS (AFP) Devenu en début d’année le standard mondial en matière de disque haute définition, le Blu-ray, successeur du DVD, n’a pas réussi à s’imposer au pied du sapin de Noël, la crise et des prix élevés freinant son adoption.

Le 18 février 2008, le format de DVD de nouvelle génération Blu-ray de Sony, qui promet une meilleure qualité d’image, remporte la lutte qui l’oppose depuis plusieurs mois à la technologie HD-DVD de Toshiba.

Mais près d’un an plus tard, le raz-de-marée prédit par certains n’a pas eu lieu.

“C’est un marché encore petit”, estime Michaël Mathieu, analyste de l’institut d’études GfK, et la conversion à ce format sera “plus longue que ce qu’on a connu en 1995-97 avec le passage de la cassette vidéo VHS au DVD”.

Les ventes de lecteurs de salon Blu-ray, si l’on exclut les consoles de jeu vidéo PlayStation 3, n’ont pas encore décollé : elles sont attendues à quatre millions en 2008, selon les chiffres de Strategy Analytics, soit loin derrière les lecteurs standard (111 millions). En France, la réalité sera certainement en dessous des 130.000 unités prévues en juin par GfK.

Même constat du côté des disques Blu-ray qui ne représentent que 2% environ des titres commercialisés.

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ésente un disque haute définition Blu-ray le 31 août 2007 à Berlin. (Photo : Michael Kappeler)

“La cible n’est pas la même” que lors de l’apparition du DVD, explique M. Mathieu : “On touchait alors l’ensemble des foyers qui avaient une télévision, aujourd’hui il faut avoir un écran haute définition pour y avoir accès, ce qui divise déjà le public au minimum par trois”.

Et si la haute définition procure plus d’émotions, selon une étude scientifique récente, l’écart de technologie saute moins aux yeux qu’entre le VHS et le DVD.

Autre frein à son développement : la crise actuelle. “Nous pensons que le climat économique va ralentir la transition vers le Blu-ray”, souligne Helen Davis, en charge du département vidéo au sein du cabinet britannique Screen Diges.

“Les gens vont reporter leur achat sauf si leur lecteur de DVD tombe en panne, et même dans ce cas ils pourraient choisir de dépenser plutôt 50 euros dans un lecteur basique”, ajoute-t-elle.

Les lecteurs Blu-ray, aussi capables de lire les “vieux” DVD, sont encore chers: en Europe, il faut compter près de 300 euros en moyenne pour s’en offrir un, contre moins de 200 dollars (143 euros) aux Etats-Unis.

S’il est difficile, selon les analystes, de se baser sur 2008, quasiment année zéro du Blu-ray, pour se livrer à des prédictions, 2009 sera en revanche déterminant.

“Le marché devrait largement plus que doubler”, estime, confiant, Arnaud Brunet, secrétaire général de l’association Blu-ray Partners France: “nous constatons déjà une accélération, notamment aux Etats-Unis”, où “Iron Man” et “The dark knight, le chevalier noir”, dernier opus des aventures de Batman, ont connu des ventes record.

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éfinition Blu-ray à Berlin le 29 aout 2008. (Photo : John Macdougall)

Quant aux nouveaux moyens de distribution des films, comme la vidéo à la demande, ils ne constituent pas, selon lui, une menace immédiate. “Les consommateurs sont encore très attachés au support physique”, assure-t-il.

D’après Screen Digest, les Français ne consacreront d’ici 2012 que 2% de leur budget à l’achat de films par internet.

Pour autant, selon Toshiba, perdant de la guerre des normes et donc contraint à un virage stratégique radical, la “dématérialisation” est une évolution inéluctable.

“J’ai le sentiment” que le Blu-ray “n’est qu’une étape”, pronostique François Séguineau, directeur général de la filiale française, convaincu que les coffrets et lecteurs DVD feront bientôt partie du passé.