Grève à Air France : les pilotes poursuivent le mouvement après des hésitations syndicales

[15/11/2008 17:11:36] AEROPORT-DE-ROISSY (AFP)

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à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 13 novembre 2008 (Photo : Lionel Bonaventure)

Les départs en avion ont encore été fortement perturbés samedi, les pilotes ayant voté la poursuite jusqu’à lundi soir de leur grève, rejetant une proposition gouvernementale sur la limite d’ d’activité jugée “insuffisante”.

La grève, entamée vendredi matin, a contraint à nouveau Air France à annuler samedi 30 à 35% de ses vols long-courriers et la moitié des court et moyen-courriers.

Un pourcentage un peu moindre que la veille (40%), mais suffisant pour entrainer à l’aéroport de Roissy de nouvelles files d’attente, limitées, de passagers en souffrance devant les comptoirs de la compagnie aérienne.

Au moins trois vols long-courriers, les vols prioritaires pour la compagnie, ont été annulés “à chaud”, c’est-à-dire à la dernière minute, sans pouvoir prévenir les passagers: les vols Air France pour Pékin, Hong-Kong et Sao-Paolo qui devaient décoller samedi après-midi.

D’autres long-courriers prévus dans l’après-midi ont été annulés préventivement comme les vols pour New-York, Washington, Dakar ou Moscou.

Air France a fait état samedi de 40% de pilotes grévistes, le même taux que la veille, le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL), majoritaire, avançant pour sa part 70% de grévistes, soit 10 points de moins que vendredi.

Le SNPL dénonce un d’origine parlementaire au budget de la sécurité sociale qui porte l’âge limite de cessation d’activité en vol des pilotes de 60 à 65 ans à partir du 1er janvier 2010. Il met selon lui en péril la sécurité des passagers et l’emploi futur des jeunes pilotes.

Vendredi soir, le ministre du Travail Xavier Bertrand et le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Busserau ont tenté d’infléchir le mouvement en proposant un nouvel amendement modifiant sur la forme (mais pas le fond, à savoir l’âge limite de 65 ans) celui rédigé par les parlementaires.

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à Roissy le 14 novembre 2008 (Photo : Mehdi Fedouach)

Certains responsables du SNPL ont jugé qu’il était de nature à convaincre les pilotes de cesser leur grève, l’un d’eux se disant même “sûr” d’une telle décision le lendemain.

Mais le vote par mail, téléphone ou bulletin des 65 pilotes du Conseil national du syndicat leur a apporté samedi un démenti sans appel, douchant aussi les espoirs de passagers qui s’étaient réjouis trop vite.

“Le préavis est maintenu à une majorité écrasante de 65% des pilotes”, qui “ont rejeté massivement la proposition gouvernementale”, a annoncé le président du SNPL Jocelyn Smykowski. “Le SNPL demande la suppression de l’amendement et l’ouverture de négociations” dans la foulée, a-t-il dit.

Le petit syndicat Alter, également dans la grève, a qualifié le geste gouvernemental de “poudre aux yeux”.

M. Bussereau a aussitôt fait savoir qu’il jugeait la poursuite du mouvement des pilotes “incompréhensible et injustifiable”.

La situation paraissait donc bloquée samedi.

D’autant qu’en toile de fond, se trouve un dossier non moins épineux: l’avenir de la caisse de retraite (complémentaire) des personnels navigants, dont une réforme votée fin janvier par le conseil d’administration avantagerait grandement les pilotes qui réclament au gouvernement son application rapide.

Mais elle nourrit la colère des hôtesses et stewards d’Air France, à qui elle serait défavorable et qui menacent de faire une grève du 5 au 9 décembre, avec sept autres syndicats de la compagnie, si elle était appliquée.

Il sera difficile de donner satisfaction aux deux.

Site d’Air France