L’Europe en passe de renforcer la protection de ses épargnants face à la crise

 
 
[07/10/2008 12:11:43] LUXEMBOURG (AFP)

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ésident de l’Eurogroupe et Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker (g) s’entretient avec son ministre des finances Jeannot Krecke, le 7 octobre 2008 à Luxembourg (Photo : Dominique Faget)

L’Europe s’apprête à renforcer mardi la protection de ses épargnants, en augmentant fortement la minimum dont ils peuvent bénéficier en cas de faillite de leur banque, dans une première réponse concrète à la crise financière qui ne cesse de se propager.

Les ministres des Finances de l’Union européenne, réunis à Luxembourg, pourraient annoncer un relèvement de cette garantie de remboursement de 20.000 à jusqu’à 100.000 euros.

“C’est une question qui est discutée”, a déclaré à la presse le ministre irlandais des Finances Brian Lenihan, en arrivant à la réunion.

Son collègue néerlandais Wouter Bos a aussi indiqué qu’une telle initiative n’était pas exclue. “Peut-être, nous verrons”, a-t-il dit.

Des sources diplomatiques européennes avaient indiqué dès lundi soir à Luxembourg que le projet visant à multiplier par cinq du seuil minimal de garantie de l’épargne bancaire des particuliers était sur la table.

En portant le seuil minimum à 100.000 euros, l’objectif serait avant tout de rassurer les petits épargnants de plus en plus inquiets face à l’ampleur de la crise financière mondiale. L’Europe resterait toutefois en-dessous du seuil prévu désormais aux Etats-Unis dans le cadre du plan de sauvetage récemment adopté. Il a été relevé à 250.000 dollars (184.000 euros).

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ésident de l’Eurogroup (d) et Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, le 6 octobre 2008 à Luxembourg (Photo : Dominique Faget)

L’idée est aussi d’harmoniser les politiques disparates suivies en la matière et d’éviter des fuites de capitaux vers les banques des pays les plus généreux, alors que plusieurs pays européens ont annoncé ces derniers jours des mesures pour relever leurs garanties.

Les Européens discutent aussi d’une réduction des délais de remboursement des petits épargnants en cas de faillite de leurs banques, selon le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia. Ces délais peuvent atteindre plusieurs mois aujourd’hui selon les pays.

Les pays européens entendent par ces initiatives apporter une première réponse commune à la crise financière, après avoir jusqu’ici privilégié le chacun pour soi.

“Nous allons examiner toutes les propositions qui permettent d’insuffler de la confiance dans les marchés” financiers, a souligné le ministre irlandais des Finances.

Dublin s’efforce de jouer collectif après avoir été très critiqué pour sa décision unilatérale la semaine dernière de garantir les actifs des banques irlandaises. Une initiative considérée par ses partenaires comme une protection déloyale au profit des établissements financiers irlandais.

“La solution d’un pays est le problème d’un autre. Nous devons vraiment pousser pour une solution commune”, a estimé mardi le ministre suédois des Finances Anders Borg, dans une critique à l’égard de l’Irlande et de l’Allemagne. “Nous devons rétablir la confiance en Europe”, a-t-il ajouté.

Après un lundi noir, les places boursières européennes étaient de nouveau en forte baisse mardi matin, tirées vers le bas par les banques, dont la santé ne cesse d’inquiéter.

Au Royaume-Uni, la BBC a affirmé mardi que trois des quatre plus grosses banques britanniques, Royal Bank of Scotland, Barclays et Lloyds TSB auraient demandé lundi soir au ministre des Finances Alistair Darling de hâter sa décision sur un éventuel plan de soutien.

Les sauvetages de banques se sont succédé ces derniers jours en Europe, pour la banque allemande Hypo Real Estate, le bancassureur belgo-néerlandais Fortis ou la banque franco-belge Dexia.

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ère allemande Angela Merkel (g) et le Premier ministre italien Silvio Berlusconi, à Berlin, le 6 octobre 2008 (Photo : Michael Gottschalk)

L’idée de mettre en place un fonds de secours pan-européen pour les banques comme aux Etats-Unis continue en revanche à diviser les Européens.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui y est opposée, et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, qui y est favorable, ont confirmé lundi soir à Berlin leurs divergences sur ce sujet.

 07/10/2008 12:11:43 – Â© 2008 AFP