Portrait : Ghaleb Ben Ali


Par Mohamed Bouamoud

Si seulement il avait
fait ses primaire et secondaire dans son village natal, il serait devenu
probablement poète ou, à tout le moins, professeur d’arabe. Aujourd’hui
encore, il rêve de revenir, ne serait-ce que quelque temps, à Douz respirer
de près ses palmiers, s’allonger quelques moments auprès de ses oasis, se
laisser perdre une petite journée dans son Sahara à perte de vue… Dur de
quitter Douz !… Douz est tel un aimant terrible qui, aussi loin que tu
puisses t’en éloigner, finit toujours par te happer… Et lui, l’enfant de
Douz, souffre de ne pas y être tout le temps, ou du moins de temps à autre.

Ghaleb Ben Ali, de ce brun propre aux gens du Sud, qui ne porte pas vraiment
ses 36 ans tant il paraît encore plus jeune, dynamique au point de refuser
les deux-pièces cravate qu’il troque volontairement contre un jean et un
pull tout simple, ordinateur portable sous le bras, circule d’un bureau à
l’autre, non point pour superviser la bonne marche de ses services, mais
branché qu’il est en permanence avec l’Europe, souvent deux portables aux
oreilles. Il ne circule pas, il court. Il grimpe les escaliers et les dévale
en moins d’une minute. Il bouge. Il trépigne. Il balance ses directives à
gauche et à droite comme qui sèmerait du grain dans un champ. Rien, dans ses
yeux, ne trahit le bonheur ou la fierté d’être à la tête d’un groupe
multinational ; tout ce qu’il sait – héritage allemand – c’est travailler.
Bien tôt le matin. Assez tard le soir. Et pas de séance unique. Si !… Sa
séance est justement unique : de 7 h 00 à près de 20 h 00.

L’école primaire, tout comme le lycée, il les fréquente un peu partout en
Tunisie. Il obtient son bac Maths au Lycée Chebbi, à Gabès. Puis, un saut
dans l’inconnu : il fréquente le Collège des langues à Hanovre qu’il quitte
en 1989 avec un diplôme en langue allemande. Il s’inscrit alors à
l’Université Erlanger, toujours en Allemagne, et en sort, en 1995, avec le
titre d’ingénieur en informatique. Dans le même temps, il se fait admettre
comme stagiaire auprès du groupe Siemens, et, durant une année, il est
développeur de composants Web chez Eidon.

De retour à Tunis en 1996, il monte avec un collègue sa première Société de
création de sites Web dont il assure la gestion et qu’il baptise Média Nova.
Là, il fait tout et tout seul au point de ne plus savoir où donner de la
tête. Il intègre en 2001 MEA Equinox, à Tunis, qui en fait son chef de
projet. Il y passe quatre années.

Et en 2004, tombe sur les journaux un avis de recrutement lancé par Edatis
Paris désireux de créer un bureau à Tunis. Les critères exigés par la
multinationale semblent taillés à la mesure de Ghaleb Ben Ali qui envoie un
CV impressionnant. Après une infinité d’entretiens concluants à Paris,
l’enfant de Douz est directement bombardé DGA d’Edatis Tunis.

Et Douz dans tout cela ? « Croyez-moi, je souffre de ne pas m’y rendre
souvent. Et puis, tiens ! Je pense y passer un mois cet été. Non, disons
deux semaines. Ou peut-être une semaine, c’est suffisant. Bon, on va dire un
week-end… ».

Rien à faire : Edatis l’a bouffé !