Lehman ruiné, Merrill avalé : la crise de Wall Street ébranle la planète

 
 
[15/09/2008 21:55:13] NEW YORK (AFP)

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ège de Lehman Brothers à New York, le 14 septembre 2008 (Photo : Michael Nagle)

La quasi-faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, l’un des piliers de Wall Street, a ébranlé lundi la planète financière qui se demandait jusqu’où pourrait aller la débandade provoquée par la crise du crédit immobilier américain.

Le dépôt de bilan de Lehman, une institution vieille d’un siècle et demi, s’est accompagnée de l’annonce du rachat de sa concurrente Merrill Lynch par Bank of America pour 50 milliards de dollars, tandis que la Réserve fédérale volait à la rescousse du secteur bancaire.

Le placement de Lehman Brothers sous la protection de la loi sur les faillites (Chapitre 11), officialisé lundi, a fait plonger les places financières qui ne cédaient toutefois pas à la panique: les places asiatiques et européennes ont lâché généralement entre 3% et 5%, tandis que Wall Street limitait les dégâts avec un repli de 2,6% en début d’après-midi (heure locale).

Les principales places boursières européennes ont fortement reculé lundi après l’annonce du placement sous le régime des faillites de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers.

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ésentation de la banque Lehman Brothers (Photo : null)

La Bourse de Francfort s’affichait à la cloche de clôture en recul de 2,74%, celle de Londres de 3,92% et Paris de 3,78%.

Vers 17h45 GMT, Wall Street limitait toutefois ses pertes, l’indice vedette DJIA perdant 2,5%.

La Bourse de New York avait ouvert en forte baisse lundi: le Dow Jones perdait 2,34% et le Nasdaq 2,65%.

Après un week-end de négociations infructueuses avec ses principaux créanciers, Lehman Brothers n’a eu d’autre choix que de déposer son bilan.

Cela n’empêchait pas son titre de fondre à Wall Street où il ne cotait plus vers 14H10 locales (18H10 GMT) que 0,19 dollar, en repli de 95%, alors qu’il atteignait encore plus de 60 dollars il y a un an.

Le président George W. Bush a assuré que son administration s’efforçait de réduire l’impact de la crise. “A long terme, je suis confiant dans la souplesse et la résistance des marchés financiers et dans leur faculté à faire face à ces ajustements”, a-t-il dit dans une déclaration devant la presse.

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à New York (Photo : Mario Tama)

Le secrétaire au Trésor Henry Paulson a assuré lundi que le système bancaire était “sain” et que les Américains pouvaient avoir confiance dans la sécurité de leurs comptes bancaires. La Réserve fédérale (Fed) a injecté 70 milliards de dollars dans le système bancaire pour amortir le choc et permettre aux banques de se refinancer. Les banques centrales européenne et britannique ont engagé des opérations similaires.

Les autorités américaines, qui se sont engagées à injecter jusqu’à 200 milliards de dollars la semaine dernière pour maintenir sur pied les organismes hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac, ont refusé cette fois d’apporter de l’argent frais pour sauver Lehman. Sans garantie de l’Etat, les éventuels acheteurs ont tous passé leur tour, comme le coréen KDB et le britannique Barclays.

A 50 jours de l’élection présidentielle américaine, la crise financière a nourri la polémique entre les deux principaux candidats.

Le démocrate Barack Obama a plaidé pour une “réglementation qui protège les investisseurs et les consommateurs”. “Huit ans d’une politique qui a mis en lambeaux la protection des consommateurs, affaibli la surveillance et les réglementations et encouragé les grosses primes pour les dirigeants d’entreprises tout en ignorant la classe moyenne nous ont menés à la crise financière la plus grave depuis la Grande dépression (de 1929)”, a-t-il dit.

Son adversaire républicain John McCain, fidèle à son credo libéral, s’est au contraire félicité “de constater que la Réserve fédérale et le département du Trésor aient assuré qu’ils n’utiliseraient pas l’argent du contribuable pour renflouer Lehman Brothers”. Il s’est dit convaincu que “les éléments fondamentaux de l’économie sont solides”.

Devant le siège de Lehman, un gratte-ciel du coeur de Manhattan, les salariés redoutaient de perdre leur emploi ainsi que leurs économies, largement investies en actions de leur employeur.

“Aujourd’hui, je vais au bureau comme d’habitude. Et après ? Je suis sûr qu’il y a beaucoup de monde dans cette tour qui essaie de répondre à cette question”, observait un jeune employé.

La crise américaine ne semblait pas devoir s’apaiser de sitôt. Selon un cabinet de reclassement, les suppressions d’emplois dans la finance devraient dépasser en 2008 le record établi l’année précédente avec plus de 153.000.

La production industrielle a quant à elle enregistré en août sa plus forte baisse depuis trois ans, avec un repli de 1,1% par rapport au mois précédent.

 15/09/2008 21:55:13 – Â© 2008 AFP