Ben Bernanke fête deux années mouvementées à la tête de la Fed

 
 
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Ben Bernanke le 17 janvier 2008 à Washington (Photo : Tim Sloan)

[01/02/2008 08:28:00] WASHINGTON (AFP) Ben Bernanke fête cette semaine deux années mouvementées à la tête de la banque centrale américaine (Fed), entre menace de récession et difficultés à communiquer avec les marchés.

M. Bernanke, 54 ans, avait pris la tête de la banque centrale le 1er février 2006, après plusieurs années comme gouverneur de la puissante institution.

Deux ans plus tard, il connaît toujours un interminable baptême du feu face à une crise économique et financière dont nul ne connaît l’ampleur.

“C’est sa première crise, et il apprend. Bernanke fait du bon travail, mais il semble avoir été un peu lent à prendre conscience de la gravité de la crise du subprime”, estime John Lonski de Moody’s Investors Service.

Les chroniqueurs de la chaîne financière CNBC ne ratent d’ailleurs pas une occasion de répéter combien la crise financière aurait pu été plus douce si le président de la Fed avait drastiquement baissé ses taux dès l’été.

Les interventions constantes de son prédécesseur Alan Greenspan, qui continue à donner régulièrement son avis sur les progrès de la menace récessionniste, n’aident pas non plus.

Il faut dire que M. Bernanke avance en terrain miné. Qu’il baisse ses taux, et il risque d’alimenter une inflation galopante d’ici quelques mois. Qu’il les laisse inchangés, et c’est toute l’économie qui pourrait plonger en récession.

Le président de la Fed, qui est l’un des plus éminents spécialistes de la grande crise de 1929, veut à tout prix échapper au scénario où une crise financière entraîne tout l’économie dans sa chute.

C’est pourquoi M. Bernanke, qui traîne le surnom d'”Helicopter Ben” pour avoir parlé en 2002 de “parachuter de l’argent” pour éviter la déflation, a pris la décision de baisser en urgence son taux directeur de 0,75 point mardi.

La baisse a permis de freiner la chute boursière, mais les économistes se sont demandé si la Fed n’avait pas en fait réagi précipitamment à un mouvement initié par une fraude à la Société Générale.

D’autres ont déploré qu’en volant ainsi au secours des marchés, elle ait renforcé le sentiment d’impunité des investisseurs.

Mais ce n’est pas sur sa politique que le style Bernanke coince. “En terme de décisions, il a fait un bon travail. Là où les choses pourraient s’améliorer, c’est sur sa communication”, estime Michelle Meyer de Lehman Brothers.

Passons sur les gaffes, comme ce pataquès de 2006 lorsque M. Bernanke s’était dit incompris des marchés — une confidence faite à une journaliste qui avait fait plonger la Bourse dès le lendemain. C’est le genre de bizutage qui guette tout nouveau président de la Fed, et Greenspan lui-même avait fait une erreur similaire au début de son règne de 18 ans.

Le plus difficile pour les investisseurs, c’est plutôt de “voir clairement quel est le message de la Fed et quels sont les risques à ses yeux”, estime Mme Meyer.

Là où Greenspan dirigeait la Fed d’une main de fer, au risque d’étouffer toute voix discordante, Bernanke a tenté de mettre en place un système plus démocratique permettant à chacun de s’exprimer, et où lui même donne plus fréquemment son avis.

“Mais est-ce que cela vaut vraiment le coup d’avoir un patron de la Fed qui parle aussi souvent? Ses commentaires peuvent être interprétés de façons tellement variées que cela risque parfois de réduire la flexibilité de la politique monétaire”, affirme John Lonski de Moody’s Investors Service.

Cette démocratisation a provoqué plus d’une fois une véritable cacophonie, notamment en novembre dernier lorsque chaque gouverneur y était allé de son avis — contradictoire– sur l’opportunité d’une baisse des taux.

Cela “a gêné les acteurs des marchés à la recherche d’indications claires et sans ambiguïté sur la manière dont la banque centrale voyait les choses”, avait dû reconnaître le vice-président de la Fed Donald Kohn.

 01/02/2008 08:28:00 – © 2008 AFP