L’Inde annule un appel d’offres de 600 millions USD gagné par Eurocopter

 
 
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Chaîne de montage des hélicoptères “Gazelle” à Marignane, dans le sud de la France, le 11 octobre 2007 (Photo : Boris Horvat)

[06/12/2007 14:55:09] NEW DELHI (AFP) L’Inde a annulé un appel d’offres de 600 millions de dollars gagné par le fabricant européen d’hélicoptères Eurocopter, filiale d’EADS, pour équiper l’armée de 197 appareils, un mauvais coup pour l’industrie européenne de défense alléchée par le juteux marché indien.

Ce revers intervient avant la visite à New Delhi fin janvier 2008 du président français Nicolas Sarkozy, qui devrait parler de coopération dans le nucléaire civil et d’éventuels contrats d’armements.

Mais à la suite de “plaintes” et d’allégations de “corruption” dans la presse sur cet appel d’offres remporté en février par Eurocopter, “le gouvernement a décidé de l’annuler”, a indiqué jeudi à l’AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Sitanshu Kar.

“Un nouvel appel d’offres sera bientôt lancé”, a-t-il promis, peut-être au début de l’année budgétaire qui commence le 1er avril 2008.

Vainqueur de la compétition, Eurocopter n’avait plus qu’à signer formellement son contrat.

Le numéro un mondial du secteur avait été préféré à l’américain Bell, mais le processus d’attribution avait été suspendu en juin après l’ouverture d’une enquête sur un lien entre un général indien et un membre d’Eurocopter en Inde.

Bell s’est “plaint, affirmant que sa candidature avait été écartée pour des raisons injustifiées”, a expliqué un responsable du ministère de la Défense. Ce fonctionnaire avait annoncé dimanche à l’AFP que l’armée pourrait renoncer au contrat et reprendre le processus à zéro.

“Il y a certains éléments de vérité dans ces plaintes, notamment celle concernant un officier qui faisait partie du comité d’évaluation (du ministère de la Défense) alors que son frère dirige l’unique distributeur d’Eurocopter en Inde”, avait-il ajouté.

New Delhi a interdit le recours à des intermédiaires dans le secteur de la défense à la suite de scandales de corruption présumée dans l’attribution de contrats d’armements dans les années 1980.

Eurocopter s’était pourtant dit “serein” mercredi soir.

“EADS et Eurocopter (…) respectent scrupuleusement les règles françaises et européennes relatives à ces questions” de contrats de défense, avait déclaré le groupe dans un communiqué envoyé à l’AFP à New Delhi.

S’il avait pu boucler son contrat, Eurocopter aurait fourni 197 appareils de type Fennec, des hélicoptères légers qui sont la version militaire de l’Ecureuil.

D’après un industriel français de la défense à New Delhi, “c’est une bien mauvaise nouvelle” pour EADS, qui mise sur le potentiel colossal du marché indien de l’aéronautique militaire et civile –en particulier pour sa filiale Airbus– et qui veut investir 2,5 milliards de dollars dans la recherche et la fabrication en Inde.

Surtout, le marché de l’armement du géant asiatique, premier acheteur mondial parmi les puissances émergentes, est évalué à 30 milliards de dollars de contrats d’ici à 2012.

Et les forces armées indiennes sont lancées dans un vaste programme de modernisation.

L’Inde a ouvert en août un appel d’offres de 10,2 milliards de dollars pour renouveler sa flotte d’avions de chasse, une compétition entre les géants mondiaux de l’aéronautique de défense.

Cet énorme contrat, attendu depuis des années, porte sur l’acquisition par l’armée de l’air de 126 avions de combat pour remplacer ses MiG-21 russes vieillissants.

La bataille se joue entre le russe MiG, les américains Boeing et Lockheed Martin, le français Dassault Aviation –qui n’a jamais vendu son Rafale à l’étranger– l’Eurofighter Typhoon européen d’EADS, BAE Systems et Finmeccanica et le suédois Saab.

 06/12/2007 14:55:09 – © 2007 AFP