Gazprom ravive la guerre du gaz avec le Bélarus, sommé de payer ses dettes

 
 
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Enseigne de Gazprom à Moscou (Photo : Alexander Nemenov)

[01/08/2007 16:30:35] MOSCOU (AFP) Le géant public russe Gazprom a sommé mercredi le Bélarus de régler ses dettes avant deux jours, faute de quoi il réduira de moitié son flux de gaz vers ce pays, mais a assuré que ses clients ouest-européens à l’autre bout du tuyau ne seraient en aucun cas affectés.

Le groupe, qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de “guerres du gaz” avec les voisins de la Russie, s’est dit “déçu” que le contrat signé après une crise aiguë avec le Bélarus fin 2006 n’ait pas été honoré.

Selon ses termes, Beltransgaz, l’entreprise qui exploite les gazoducs bélarusses, aurait dû régler une ardoise de 456 millions de dollars au 23 juillet, ce qu’elle n’a pas fait. En conséquence, Gazprom pourrait “réduire ses approvisionnements en proportion de la dette non acquittée, soit 45%” à partir de vendredi, a-t-il indiqué.

A Minsk, un conseiller du ministre bélarusse de l’Energie, Andreï Joukov, a confirmé à l’AFP avoir reçu la notification de Gazprom, et souligné que le gouvernement, qui “espère un règlement rapide” du problème gazier, prépare ses propositions à Gazprom, a indiqué M. Joukov.

Une rencontre entre les Premiers ministres des deux pays lundi, avec à la clé un possible prêt de 1,5 milliards de dollars de Moscou à Minsk, avait échoué à déminer la situation.

Le groupe russe se prévaut de son bon droit à réduire le débit, insistant sur le fait que de son côté, il a scrupuleusement respecté ses engagements en fournissant le volume de gaz prévu (qui s’élève à 21,8 milliards de mètres cubes sur l’ensemble de 2007).

Gazprom a en outre payé la somme de 625 millions de dollars pour les 12,5% qu’il a acquis cette année dans Beltransgaz dans le cadre de la renégociation générale du contrat, si bien que le Bélarus ne saurait être à court de liquide, a souligné Ilya Kochevrine, un porte-parole de Gazprom Export.

“Nous ne voyons aucune raison objective de ne pas payer”, a-t-il dit lors d’une conférence téléphonique.

Aucune motivation “politique” ne saurait être invoquée dans cette affaire, a-t-il ajouté. Selon lui, Gazprom fait au contraire preuve de “cohérence depuis deux ans” dans sa politique envers les ex-républiques soviétiques en harmonisant peu à peu les tarifs à l’exportation pour leur substituer des contrats “purement commerciaux”.

Gazprom a par ailleurs pris soin de rassurer ses clients occidentaux, dont certains comme la Pologne, l’Allemagne, la Lituanie et la Lettonie reçoivent une partie de leur gaz via le Bélarus. Environ 20% des exportations de gaz russe vers l’Europe transite par le Bélarus.

“Je peux vous assurer que nous avons des projets très concrets sur la manière dont nous livrerons le gaz à sa destination finale”, a assuré M. Kochevrine, sans plus de précisions.

A Bruxelles, où les précédentes guerres du gaz entre la Russie et ses voisins avaient suscité de vives inquiétudes, la Commission européenne n’en a pas moins appelé les deux parties à résoudre rapidement et à l’amiable leur désaccord. “Nous prenons ces développements très au sérieux”, a commenté un de ses porte-parole.

La Commission “se tient prête, si nécessaire, à convoquer une réunion du groupe de coordination sur le gaz, qui pourrait avoir lieu la semaine prochaine”. Ce groupe de coordination sur le gaz a été créé en 2004 dans un souci de renforcer la sécurité de l’approvisionnement en gaz naturel dans l’UE.

 01/08/2007 16:30:35 – © 2007 AFP