Le Transport est le maillon faible des chaînes logistiques exportatrices en Tunisie

 

Le Transport est le maillon faible des chaînes logistiques
exportatrices en Tunisie

          

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la suite de la conférence sur le Transport et les Exportations, tenue le 19
juillet 2007, nous avons interviewé M. Mondher Khanfir, Conseiller au Commerce Extérieur et Expert en
Logistique, afin de nous donner son avis sur les défis et les perspectives du
Transport en Tunisie.

Lors de la journée sur le Transport et Exportations, bon nombre
d’opérateurs se sont plaints des faiblesses de l’offre tunisienne en matière
de Transport International aussi bien en capacité qu’en qualité de services.
Quelle est votre analyse de la situation.

Je voudrais d’abord préciser que le secteur transport ne devrait pas être
isolé des secteurs de production ou de distribution. L’activité Transport est
d’ailleurs largement intégrée dans les secteurs productifs en Tunisie, les
entreprises tunisiennes étant réticentes à externaliser
les prestations transport, justement pour des raisons de compétitivité. Elle
n’ont pas de choix lorsqu’il s’agit de Transport International, et là elles
passent par des opérateurs qui ne leur offrent pas toujours les services
qu’elles souhaitent. Ce qui est paradoxal aujourd’hui, c’est que malgré des coûts
de prestations très élevés par rapport à d’autres pays, les opérateurs
Transport se plaignent d’une faible rentabilité. Ceci ne peut s’expliquer à
mon avis que par le déficit de productivité.

Comment dans ce cas peut-on améliorer la productivité du Transport et
améliorer la satisfaction des opérateurs du Commerce Extérieur ?

Lors de la conférence les problèmes ont dans l’ensemble été bien exposés par
les différentes parties. Il faut maintenant chercher des solutions «transversales»,
c’est-à-dire qui dépassent le champ «stricto sensu» du Transport. Je pense en
particulier à l’intégration de services logistiques afin d’aider les
entreprises à se concentrer sur le cœur de métier, et augmenter la valeur
ajoutée des prestataires de services. L’effort est forcément collégial, car
nous avons besoin d’une infrastructure et d’une administration qui suit le
rythme de croissance. N’oublions pas qu’une augmentation de 1% en chiffre
d’affaires à l’export, peut se traduire par une augmentation de 5% du nombre
de transactions et des flux physiques. La productivité est donc à rechercher
partout, aussi bien chez les opérateurs, les prestataires que
l’administration.

Avec l’accélération de la libéralisation, est-ce que nos transporteurs
feront le poids face à des concurrents beaucoup plus gros et plus organisés ?
Êtes-vous optimistes quant aux perspectives à venir ?

Certes le pavillon tunisien a pris du plomb dans l’aile en matière de
transport international. La domination de l’offre étrangère en Tunisie
s’explique d’une part par la demande générée par les entreprises off shore
mais aussi par la culture d’intermédiation qui caractérise bon nombre de nos
Hommes d’affaires. Si nous arrivons à renforcer notre industrie on shore –je
dis bien on shore- alors, il y a des chances pour que le Transport redevienne
rentable, et donc attirer les investisseurs locaux. La compétitivité de nos
entreprises, dans les prochaines années, reposera en grande partie sur la
manière dont on renforcera la compétitivité logistique.

Que faut-il faire pour renforcer la compétitivité logistique ?

La compétitivité logistique peut être mesuré en terme de capacité d’un pays,
d’une filière ou d’une entreprise à entrer en compétition avec des atouts
liés au temps de réponse, qualité de service et coûts de transaction.
D’énormes gisements de progrès sont encore à explorer en Tunisie, moyennant
une transformation du système logistique.

A mon avis, il est temps pour la
Tunisie de se doter d’une association professionnelle qui
analyse et propose des solutions pour renforcer la compétitivité logistique,
rassemblant les opérateurs du commerce extérieur, les prestataires de
services et l’administration, voire les entités de recherche et développement
spécialisées.