Moncef Sellami, Du circuit de Saint Augustin aux circuits imprimés multicouches : La saga d’une vision pionnière

Par : Tallel
 
 

sellami240.jpgA 67
ans, Moncef Sellami est fier de voir le drapeau tunisien du propriétaire
majoritaire hissé à l’entrée de deux prestigieuses usines allemandes, à
Gittelde/Harz, près de Hanovre, comme à Dresden. Actionnaire à 50% de la
société Fuba Allemagne, leader européen et quasi-mondial des circuits
imprimés, le groupe qu’il a fondé avec un club d’investisseurs en 1978
autour de Tunisie Câbles (portant depuis le SMSI en 2005, le nom de One
TECH) réalise en fait son vieux rêve et couronne un long parcours.

Nourrie d’une vision
pionnière, adossée aux valeurs du partenariat international et du transfert
effectif de technologie, concentrée en profondeur, sans se laisser tenter ou
distraire, sur un même secteur, la démarche trouve aujourd’hui une belle
consécration. Le Groupe One TECH comprend  pas moins de 9 grandes
entreprises hautement spécialisées, emploie 1800 personnes en Tunisie et
plus de 600 en Allemagne, avec un taux d’encadrement de plus de 35%, réalise
un chiffre d’affaires de plus de 120 millions d’euros, notamment à l’export
et 90 millions d’euros à partir de l’Allemagne. A l’origine, l’ambition d’un
jeune banquier tunisien, Moncef Sellami.

Nous sommes juste au
lendemain de l’Indépendance. Issu d’une famille laborieuse, Moncef Sellami,
dont le père était administrateur à l’UBCI, part en France poursuivre ses
études universitaires. Au départ, il s’essaie à la chirurgie dentaire, puis
se dédie à l’économie, au droit et aux Sciences Politiques. De quoi bien se
préparer à une carrière de banquier. Licences et Diplôme Sciences Po. en
poche, il tente une courte pause instructive au sein de l’ONTT, en plein
boom, où il travaille avec un consultant français sur le développement du
tourisme culturel autour d’un projet prémonitoire : sur les traces de Saint
Augustin». Mais la banque finit par le rattraper.


Chef d’agence chez La
Fontaine

Son apprentissage, il
l’entame, grâce au président de la BNCI à Paris, au Maroc, au sein de la
BMCI. Quelques mois après, il monte au siège de la BNCI à Paris, et assiste
à sa fusion avec le Comptoir National d’Escompte de Paris qui a donné
naissance à la BNP. Le jeune banquier qui réussit est nommé chef d’Agence à
Château Thierry, la ville de Jean de La Fontaine, où il devient un véritable
notable bien respecté. D’autres villes de France l’accueillent, auréolé de
sa réputation de banquier accompli, sans parvenir cependant à le sceller à
l’hexagone.

C’est en Tunisie qu’il
veut bâtir sa carrière, et c’est à l’UBCI puis à la Banque du Sud qu’il va
déployer ses talents et les affûter. Commencent alors 12 ans d’intense
implication à de hautes responsabilités d’identification de projets et
d’exploitation bancaire.

En 1978, l’initiative
privée est fortement encouragée, la promotion de l’industrie
substantiellement soutenue et l’esprit d’entreprise ressuscité. Moncef
Sellami n’avait qu’une idée en tête. Lorsqu’un jour, le rédacteur de la
revue Dialogue l’interroge, en tant que jeune cadre, sur son rêve, il
n’hésite pas à lui répondre : créer une banque. A côté de celles étatiques,
la SNI devenue BDET et autres, une banque d’affaires privée pour promouvoir
des industries de pointe à valeur technologique avait bien sa place. Rien ne
l’attirait : ni le textile, ni le tourisme, et encore moins l’immobilier ou
l’affairisme et le négoce, même international. L’interview publiée lui vaut
nombre d’appels d’amis, certains pour le taxer de rêveur, d’autres pour l’y
encourager. Sa voie était déjà tracée.


Une banque, des
partenaires et de la technologie

En attendant de
constituer la banque, il devait préparer au moins 10 projets industriels
bancables et réunir un tour de table conséquents. Les formalités tardaient,
d’autant plus qu’il voulait avoir parmi ses actionnaires de prestigieuses
banques françaises et italiennes dotées de bureaux d’études réputés en
ingénierie. Sans plus attendre, il finit par mobiliser un groupe
d’actionnaires et se lance dans l’industrie du câble en joint-venture avec
un partenaire européen de renommée, rachetée à présent par Siemens, et créée
Tunisie Câbles, installée à Grombalia. Bien conçue, bien installée et bien
gérée, l’unité industrielle se développe rapidement. Le commencement fût
donc par les câbles d’énergie (l’électricité), puis les télécommunications
pour se poursuivre à présent par l’électronique.

Le succès de Tunisie
Câble, à quel prix d’ailleurs, comme il faudrait le rappeler, et la réussite
des partenariats, ouvrent  la voie à d’autres projets. En parfait essaimage,
même géographique du Sud de la capitale Tunis (Grombalia) à son Nord (le
gouvernorat de Bizerte).

Tour à tour voient le
jour 8 autres sociétés spécialisées et complémentaires, bâties avec des
partenaires de référence. Téléco Câbles, spécialisée en câbles téléphoniques
et de transmission de données est implantée à El Azib, Menzel Jemil, près de
Bizerte.  Auto Câbles se concentre sur les fils et câbles pour applications
automobiles. Fuba introduit les circuits imprimés. Betronic assure
l’assemblage des cartes électroniques. TTE International se spécialise dans
la connectique, l’assemblage de connecteurs et le câblage filaire.
Techniplast assure l’injection de pièces plastiques techniques. TTE
commercialise les terminaux et les postes téléphoniques (Urmet, Sofrel…)
ainsi que les GSM de la marque LG. Le tout dans un système de bonne
gouvernance et de qualité totale (certifications ISO, ISO 9000, 9001 et
9002, ISO TS 16949, ISO 14001, etc.).

L’expertise acquise en
près de 30 ans vient enrichir la vision. Moncef Sellami n’aime pas la notion
de Groupe et encore moins sa dénomination ostentatoire. Il lui préfère une
approche plus moderne, plus discrète, et plus efficace. A l’écoute de ses
enfants et neveux formés dans de prestigieuses universités américaines et
leurs camarades hautement qualifiés injectés dans les différentes
entreprises de la galaxie créée autour de Tunisie Câbles, mais aussi et
surtout en phase avec toutes ses équipes et attentif à ses partenaires, il
entend donner une autre impulsion à ses activités.


De la technologie, et
toujours…

Sa conviction est
faite : nous devons accéder à la haute technologie, nous en abreuver sans
cesse, la développer davantage, c’est notre seul effet levier pour produire
plus et mieux, exporter. Chaque matin, lorsque, tôt réveillé, il vole de son
agenda chargé le temps de tailler  ses rosiers, de soigner ses fleurs, et de
courir ses 17 km, il n’a en tête que cette pensée, sans cesse encore plus
pressante.

Le soir aussi, grand
mélomane, féru de musique classique et ethnographique et moderne, il a
toujours cette même quête de technologie et de croissance.

D’analyses en
benchmarking, d’audit en remise à plat, de brainstorming en ré engineering,
le travail de restructuration et de redéploiement s’accélère durant les
années 2004-2005. Echéance absolue : le SMSI que la Tunisie devait organiser
en novembre 2005, une occasion en or pour tout re-lancer. Pari tenu,
doublement d’ailleurs !

§
Un : une nouvelle
stratégie est forgée autour du concept des solutions technologiques offertes
en One Stop Shop ! Une multitude de solutions complémentaires disponibles
pour la réalisation de sous-ensembles complets et de produits finis selon
les exigences des clients et dans le respect des normes internationales.
Pour incarner cette vision, un nouveau nom fédérateur est choisi : One TECH.

§ Deux :
One TECH offre son sponsoring au SMSI et devient ainsi partenaire officiel,
déployant durant ce sommet tout son dynamisme. Présent avec ses managers,
ces experts et ses ingénieurs, il y contribue très utilement, enrichissant
les débats, nouant les contacts, explorant de nouveaux marchés, scellant de
solides partenariats.

« Le SMSI nous a
beaucoup apporté, témoigne aujourd’hui Moncef Sellami. Il nous a coaché en
interne pour accélérer notre redéploiement. Il nous a hissé, en externe, à
une bonne visibilité internationale. Et dans l’ensemble, il nous a imprimé
un nouvel esprit, encore plus battant, encore plus exigeant et encore plus
ambitieux. »

Le drapeau tunisien
qui flotte aujourd’hui sur ses deux usines en Allemagne au cœur de l’Europe,
au cœur des technologies novatrices, c’est le symbole de cette réussite qui
constitue la fierté des 1800 staff members de One TECH.