Après les fourches caudines de l’UE, Suez et GDF négocient leur union

 
 
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Le PDG de Gaz de France Jean-François Cirelli (g) et celui de Suez Gérard Mestrallet, le 20 mars 2006 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[15/10/2006 08:39:56] PARIS (AFP) Après les remous de la privatisation de GDF et le passage sous les fourches caudines de Bruxelles, Suez et GDF vont devoir préciser les modalités de leur projet de mariage, avec de délicates négociations finales sur la parité de fusion et la gouvernance.

Les groupes affichaient une relative confiance dans le feu vert des autorités de la concurrence de Bruxelles, estimant que les concessions annoncées vendredi “devraient être suffisantes”, selon GDF.

“Nous attendons le retour formel de la décision de Bruxelles”, avant le 24 novembre, a indiqué une porte-parole de Suez à l’AFP.

“La prochaine étape, ce sont les assemblées générales des groupes”, qui doivent se tenir avant la fin de l’année, a-t-elle ajouté.

C’est au cours de ces assemblées générales que les actionnaires accepteront ou non le projet qui donnera naissance au groupe leader européen dans le gaz et 5ème dans l’électricité. Ils se prononceront notamment sur les modalités de l’échange des actions.

Pour l’instant, il est prévu qu’elles s’échangent à parité (une action Suez équivalent à une action GDF dans le nouvel ensemble) après le versement d’un dividende exceptionnel d’un euro au profit des actionnaires de Suez, étant donné que leurs actions valent un peu plus cher.

Or cette idée date du début 2006, lorsque que les actions des groupes naviguaient dans les mêmes eaux. Mais depuis, l’action Suez a grimpé, notamment dopé par des rumeurs d’OPA, et elle oscille maintenant autour de 35 euros.

L’action GDF, elle, plafonne vers 32 euros.

Vendredi, le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, a déclaré que si “la parité était équitable au début de l’année”, elle devait l’être “à la fin de l’année”, laissant ainsi entendre que le dividende exceptionnel devrait être plus important.

Les groupes doivent faire connaître leur projet dans un traité de fusion qui sera remis à l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Il doit être transmis cinq semaines au minimum avant les assemblées générales, ce qui signifie que, au plus tard, le traité doit être bouclé dans la troisième semaine de novembre, étant donné que les groupes veulent avoir fusionné avant la fin de l’année.

Selon La Tribune de vendredi, l’Etat, actionnaire encore majoritaire de GDF, souhaite que le dividende soit le plus petit possible, Gérard Mestrallet le verrait bien autour de 3 euros, alors que le financier belge Albert Frère, premier actionnaire de Suez, vise les 5 euros.

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Le PDG de Suez Gérard Mestrallet, lors d’une conférence de presse à Bruxelles le 6 octobre 2006 (Photo : Benoît Doppagne)

Autre écueil potentiel, celui des frictions entre les équipes sur la répartition des postes clés.

Des rumeurs de tensions sont apparues. GDF a tapé du poing sur la table en déclarant jeudi qu’il était important d’aboutir à “une gouvernance équilibrée du futur ensemble tant au niveau du conseil d’administration que du management”.

“Le problème est de savoir quelle est la place des uns et des autres, le nom du nouveau groupe, le partage des responsabilités”, a déclaré à l’AFP une source proche du dossier.

Le ministre de l’Economie Thierry Breton a confirmé ces frictions en estimant, dans Le Figaro de samedi, “tout à fait normal qu’un certain nombre de tensions apparaissent”.

Gérard Mestrallet, qui doit prendre les commandes du nouveau groupe, a tenté de rassurer vendredi en assurant que “à ce stade de la réflexion” le principe de parité” prévalait.

Le gouvernement, qui s’était si lourdement impliqué jusqu’ici, en annoncant le projet de fusion ou en tordant le bras à une partie de sa majorité parlementaire pour faire voter la privatisation de GDF, semble maintenant se dégager. “C’est aux dirigeants des deux entreprises de finaliser ensemble les termes de leur projet”, ajoutait ainsi M. Breton.

 15/10/2006 08:39:56 – © 2006 AFP