[21/09/2006 11:41:17] FRANCFORT (AFP) Candidat malheureux au rachat du laboratoire berlinois Schering, l’allemand Merck KGaA a rebondi en faisant main basse pour plus de 10 milliards d’euros sur le spécialiste suisse des biotechnologies Serono, dirigé par le très médiatique Ernesto Bertarelli. Merck KGaA a officialisé jeudi matin la signature d’un accord pour racheter les 64,5% du capital de Serono détenus par la famille Bertarelli. Il a mis 1.100 francs suisses par action sur la table et prépare une offre publique d’achat au même prix sur les derniers titres en circulation. Cela représente une prime de 20% par rapport au cours de clôture de Serono à la Bourse de Zurich mercredi et valorise la cible à 16,6 milliards de francs suisses, soit environ 10,6 milliards d’euros, précise Merck dans un communiqué. Le groupe familial, fondé en 1668 par le pharmacien allemand Friedrich Jacob Merck, a pris les marchés par surprise. Il était à la recherche d’une nouvelle proie depuis l’échec au printemps d’une offre hostile sur Schering, racheté par Bayer à l’issue d’une longue bataille boursière. Mais personne ne misait sur une annonce aussi rapide. “Cette acquisition transforme l’activité pharmaceutique de Merck pour donner naissance à un nouveau leader dans le domaine de la biotechnologie, tout en assurant l’avenir de l’entreprise pour le siècle à venir”, se félicite le patron de Merck, Michael Römer, dans un communiqué. Rebaptisés “Merck-Serono Biopharmaceuticals”, les traitements sous brevets de Merck seront désormais basés à Genève. Le groupe restera par ailleurs actif dans la chimie, avec comme point fort les cristaux liquides où il est leader mondial. En reprenant le numéro trois mondial des biotechnologies, l’allemand s’empare d’abord du Rebif, un médicament contre la sclérose en plaques. Et il complète son offre dans le traitement des maladies infectieuses et la dermatologie. Merck KGaA, acteur de taille moyenne dans la pharmacie, estimait qu’il n’avait plus la taille critique pour assumer des frais de recherche/développement en pleine explosion. Le nouveau groupe, avec un budget de recherche de 1 milliard d’euros, 28 traitements en voie de développement, est beaucoup mieux armé. Avec Serono, Merck KGaA va par ailleurs entrer sur le premier marché mondial, les Etats-Unis, où il était jusqu’à présent absent. A Francfort, les investisseurs faisaient toutefois grise mine. Merck KGaA lâchait 5,44% à 74,10 euros vers 10h00 GMT sur un indice des valeurs moyennes MDax en hausse de 0,09%. L’opération fait sens sur le plan stratégique, mais le prix est élevé, notaient plusieurs courtiers. Serono de son côté était suspendu jusqu’à nouvel ordre à la Bourse de Zurich. Le titre Serono s’est envolé de 18,6% à 1.085 FS jeudi à la reprise de la cotation à la Bourse de Zurich, après avoir été suspendu à l’ouverture. Le cours est tout proche des 1.100 FS par titre que le groupe pharmaceutique allemand compte offrir pour racheter Serono, pour un montant total de 16,6 milliards de FS (10,6 milliards d’euros). L’opération est clairement un succès pour le groupe suisse.
Plombé par des difficultés aux Etats-Unis, où Serono a été contraint de verser une lourde amende pour avoir vendu un médicament avec des méthodes commerciales illicites, Ernesto Bertarelli s’était lancé fin 2005 à la recherche d’un repreneur. Mais les candidats avaient jeté l’éponge devant le prix exorbitant exigé par les Suisses. M. Bertarelli s’est dit jeudi “très satisfait” de la transaction, notamment sur le plan financier. Il continuera à diriger l’entreprise au moins jusqu’à la fin de l’OPA. Ernesto Bertarelli aura ensuite tout son temps pour assouvir sa grande passion, la voile. Propriétaire du défi Alinghi, le Suisse a gagné la dernière édition de la Coupe de l’America. Et il compte bien conserver son titre en juillet prochain à Valence. |
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