Les havanes rejoignent parfums et maroquinerie au royaume de la contrefaçon

 
 
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Une rouleuse de cigares cubains, le 1er mars 2006 à la Havane (Photo : Adalberto Roque)

[18/08/2006 15:33:32] PARIS (AFP) Symbole du luxe, le havane cubain, comme le parfum et la maroquinerie, suscite depuis quelques années des contrefaçons réalisées en République Dominicaine, au Honduras, au Nicaragua et à … Cuba, un phénomène qui écorne l'”image” du meilleur cigare du monde.

Cuba produit bon an mal an quelque 140 millions de “habanos”, une appellation d’origine protégée désignant des cigares roulés avec des feuilles de tabac sélectionnées dans des terroirs délimités de l’île.

Depuis quelques années, plusieurs millions de havanes contrefaits de grandes marques seraient introduits chaque année dans les pays consommateurs, y compris aux Etats-Unis, pays qui interdit pourtant depuis 1962 l’importation de cigares cubains.

Ces havanes contrefaits, d’un coût de revient de quelques euros pièce, permettent des marges confortables puisqu’ils sont revendus au prix officiel d’un vrai havane, soit une quinzaine d’euros pièce (en moyenne) en Europe, premier consommateur. L’Espagne (25 millions de havanes vendus par an) et la France (15 millions) sont les deux premiers pays consommateurs dans le monde.

Les douaniers de l’aéroport de Roissy ont saisi récemment, lors de trois opérations, plus de 60.000 faux havanes contrefaisant les marques Cohiba (créée à l’origine pour Fidel Castro), Punch, Bolivar, Partagas ou Montecristo et des dizaines de milliers de boîtes et d’étiquettes, destinées à confectionner des fausses boîtes. Le tout pour une contre-valeur estimée à plus de 400.000 euros.

Les deux premières saisies concernaient des faux havanes venant de République Dominicaine et destinés à Dubaï et du Guatemala à destination de Saint-Martin, île franco-néerlandaise des Caraïbes.

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Des rouleurs de cigares cubains, le 1er mars 2006 à la Havane (Photo : Adalberto Roque)

Le troisième chargement a révélé l’existence d’un circuit international de fraude entre la Bulgarie, d’où venaient les emballages et les étiquettes, et la République Dominicaine où devaient être remplis les boîtes de faux havanes avec du tabac dominicain.

“La mondialisation s’est appliquée à la contrefaçon des havanes, comme à celle des parfums, des montres ou de la maroquinerie de luxe”, explique à l’AFP Gilbert Beltran, de la direction générale des douanes. Les six cents douaniers de Roissy, dit-il, sont “très attentifs au fret aérien en provenance ou à destination de Dubaï, devenue depuis quelques années l’une des plates-formes mondiales de nombreux trafics”.

Jorge Luis Maique, président de la société Coprova qui importe en France toutes les marques de havanes, estime que “quelques millions” de havanes sont contrefaits chaque année, dont la majorité à l’extérieur de Cuba, principalement à Saint Domingue.

Ce Cubain de 42 ans ajoute que la contrefaçon est “une manière de reconnaître la qualité des havanes car on ne copie pas les cigares des autres pays” mais déplore l’atteinte à l’image de qualité du havane. “C’est comme si en France, l’on vendait du vin de table pour du bordeaux ou du bourgogne”.

Annie Lorenzo, rédactrice en chef de L’Amateur de Cigare, première revue a avoir révélé en 2002 les circuits de la contrefaçon, a raconté à l’AFP qu’elle avait fait l’achat, lors de son dernier séjour à Cuba, d’une boite de 25 Robusto de Cohiba contrefaits, à partir de feuilles de tabac et d’étiquettes volées, tout près d’une célèbre fabrique de cigares de La Havane. “Pour 50 euros”, soit sept fois moins cher que le prix d’une vraie boîte en France.

 18/08/2006 15:33:32 – © 2006 AFP