Liban : les banques ont bien encaissé le contre-coup de l’offensive israélienne

 
 
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Le siège de la Banque du Liban à Beyrouth en 2003 (Photo : Joseph Barrak)

[26/07/2006 09:28:09] BEYROUTH (AFP) Les banques, moteur de l’économie libanaise, ont résisté avec succès aux premiers effets de l’offensive israélienne en se battant pour garder leurs clients et lorgnent sur l’énorme marché que représente la reconstruction du pays.

Pour le gouverneur de la Banque du Liban (BdL) Riad Salamé, la “bonne image” du système bancaire libanais auprès de ses clients “a été renforcée par sa capacité à surmonter le choc de l’offensive en continuant à fonctionner sans interruption”.

Les plus grands établissements de la soixantaine de banques opérant au Liban ont prévenu leurs clients, par le biais d’encarts publiés dans les médias, qu’ils pouvaient se servir auprès des branches éloignées des zones dévastées par les bombardements ou dans leurs succursales dans le monde arabe et en Europe.

“Nos établissements se sont portés immédiatement au secours de leurs clients locaux dont les branches habituelles se sont retrouvées dans les zones sinistrées en les orientant vers d’autres points”, a dit à l’AFP Makram Sader, secrétaire général de l’Association des banques Libanaises (ABL).

“A ceux qui ont fui en catastrophe le Liban, les déposants arabes ou des Libanais résidents à l’étranger soucieux d’avoir leur argent près d’eux, les banques ont autorisé leurs succursales à les desservir”, a-t-il ajouté.

Selon lui, “c’est un message qui renforce la confiance dans le secteur qui a démontré sa capacité à faire face à une situation d’exception”.

M. Sader a souligné qu'”aucun mouvement de panique, ou de fuite de capitaux, n’a été signalé”.

L’Arabie saoudite a annoncé mardi une aide record de 1,5 milliard de dollars au Liban, dont un dépôt d’un milliard USD à la Banque du Liban pour soutenir l’économie de ce pays.

Quant à la BdL, elle est intervenue à hauteur de quelque 1,8 milliard de dollars pour soutenir la livre, selon des sources bancaires.

“Mais c’est beaucoup moins que ce que la banque centrale a déboursé pour soutenir la monnaie”, durant les deux mois qui avaient suivi l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005, a dit M. Sader.

La grande panique sur les marchés de change avait fait alors dépenser quelque 6 milliards de dollars à la BdL.

Le secteur bancaire a vu ses dépôts progresser de 3 mds USD à 64 milliards de dollars pendant les six premiers mois 2006, selon M. Salamé.

Sur les cinq premiers mois, les actifs des banques ont atteint 74,2 mds USD, selon un rapport de la Banque Audi, deuxième établissement bancaire au Liban.

Selon ce rapport cependant, l’agence de notation Fitch a rabaissé en raison de la guerre la notation de Audi, et d’une autre grande banque, la Byblos, de “positif” à “stable”, tandis que l’agence Standard and Poor a averti qu’elle pourrait rabaisser la notation de la dette publique, évaluée à près de 39 mds USD, et largement financée par le secteur bancaire.

“Les banques vont subir des pertes car elles ont donné des crédits à des entreprises industrielles, commerciales et touristiques endommagées et accordé des prêts personnels, notamment au logement”, selon M. Sader.

Le secteur bancaire a prêté au secteur privé quelque 17 mds USD.

Aux niveau des dégâts, une vingtaine de succursales bancaires ont été détruites ou endommagées dans les secteurs bombardés.

Sur les 813 succursales du pays, 83 sont installées au Liban sud, le plus touché, et une trentaine dans la banlieue sud chiite de Beyrouth et dans la ville de Baalbeck (est), dévastées par les bombardements.

A terme, selon M. Sader, le secteur bancaire, rôdé à travailler avec les institutions internationales dans le domaine de l’aide qu’elles apportent au Liban, pourrait jouer un rôle dans la reconstruction et dans la gestion de l’aide internationale.

 26/07/2006 09:28:09 – © 2006 AFP