Japon : un célèbre champion de l’actionnariat arrêté pour délit d’initié

Par : Autres

 

Japon: un célèbre champion
de l’actionnariat arrêté pour délit d’initié

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Le gérant de fonds
d’investissement Yoshiaki Murakami avant une conférence de presse à la
Bourse de Tokyo, le 5 juin 2006

Un célèbre gérant de fonds d’investissement et
actionnaire militant, Yoshiaki Murakami, a été arrêté lundi pour avoir
commis un délit d’initié, lors d’une transaction en 2005 avec le portail
internet Livedoor actuellement au centre d’un vaste scandale de
malversations.

 

M. Murakami, un ancien fonctionnaire au
ministère de l’Economie âgé de 46 ans, est un personnage très connu au Japon
à la fois pour les méthodes agressives du fonds d’investissement qu’il a
fondé en 1999, et pour ses campagnes contre l’opacité de la gestion de
certaines grandes sociétés.

 

Il a été interrogé lundi dans les bureaux du
procureur de Tokyo, puis placé en état d’arrestation. Selon la loi
japonaise, un suspect peut être maintenu en détention jusqu’à trois semaines
sans être inculpé.

 

Les procureurs ont, en outre, perquisitionné au
siège du fonds à Tokyo.

 

Quelques heures auparavant, M. Murakami avait
reconnu lors d’une conférence de presse que son fonds s’était enrichi
illicitement au moyen d’informations privilégiées en 2004 et 2005.

 

Il a précisé qu’il avait tout avoué par écrit
au Parquet dimanche, et a présenté ses excuses tout en niant toute intention
criminelle.

 

Ce nouveau scandale financier a terni le moral
des investisseurs à la Bourse de Tokyo, où l’indice Nikkei a terminé en
recul de 0,77%.

 

Selon les analystes, le fonds Murakami est le
dépositaire de nombreux placements effectués par des investisseurs
étrangers, lesquels pourraient en conséquence être tentés de retirer leur
argent et déserter le marché tokyoïte.

 

Le procureur accuse le fonds Murakami d’avoir
eu vent avant tout le monde du projet d’offre publique hostile lancée en
février 2005 par le portail internet Livedoor sur le groupe de télévision
Nippon Broadcasting (NBS), et d’en avoir profité pour acheter massivement
des actions NBS.

 

Le fonds aurait même aidé Livedoor à
s’introduire subrepticement dans le capital de NBS, en lui vendant
secrètement des titres lors de transactions de gré à gré, en dehors des
heures d’ouverture de la Bourse. Cette pratique en soi est autorisée au
Japon.

 

Après l’annonce du raid hostile de Livedoor, le
tout premier de l’histoire du Japon, l’action NBS était montée en flèche. Le
fonds Murakami avait alors revendu en Bourse la plupart des titres encore en
sa possession (sa participation est passée de 18,6% début janvier 2005 à
3,4% fin février de la même année), empochant au passage une substantielle
plus-value.

 

Le délit d’initié est passible de trois ans de
prison au Japon.

 

M. Murakami a affirmé ne pas avoir lui-même
ordonné cette transaction illégale, mais en avoir seulement entendu parler.

 

“Je n’avais pas d’intention criminelle, mais le
simple fait d’en avoir entendu parler constitue un crime”, a-t-il reconnu.

 

“Il est de ma responsabilité de m’excuser et
d’admettre avoir agi légèrement”, a-t-il ajouté.

 

L’OPA de Livedoor sur Nippon Broadcasting avait
par la suite échoué.

 

Livedoor et son médiatique ex-PDG Takafumi
Horie, 33 ans, sont actuellement au centre d’un scandale de manipulations de
cours et de malversations comptables, qui a profondément choqué le Japon.

 

Selon les médias nippons, les procureurs sont
parvenus jusqu’au fonds Murakami en découvrant, lors de leur enquête sur
l’affaire Livedoor, des courriers électroniques compromettants échangés
entre le fonds d’investissement et le groupe de services internet à propos
de NBS.

© AFP 2006

Photo :Yoshikazu Tsuno